MAATH, Luc 3, 26., (ils de Mattathie, l'un des ancêtres de Jésus par Marie ; inconnu.

MACÉDOINE, pays bien connu dans l'histoire ancienne, mais dont les frontières varièrent souvent à la suite des guerres que ses possesseurs soutinrent, heureusement contre les Perses, avec perte contre les Romains. Sous ses premiers rois, avant Philippe le père d'Alexandre, elle était très resserrée, ayant au nord la Dardanie, à l'est la Thrace, au sud la Thessalie, à l'ouest l'Illyrie; Philippe recula ses bornes au-delà du fleuve Strymon et y réunit la Thessalie ainsi qu'une partie de l'Epire et de la Thrace. Les nombreuses montagnes qui l'entouraient et la traversaient en divers sens, renfermaient beaucoup de mines d'airain et donnaient naissance à plusieurs fleuves qui assuraient au pays une grande fertilité, et enrichissaient ainsi ses plaines et ses vallées. Parmi les rois qui gouvernèrent la Macédoine, deux sont nommés I Macc. 8, S., Philippe III (V) et Persée. II.

Les démarches politiques de ce dernier l'ayant rendu suspect au sénat romain, la guerre lui fut déclarée, et malgré quelques premiers succès, la Macédoine fut vaincue et soumise par Paul Emile (168 av. C); elle fut partagée en quatre provinces, et son indépendance momentanément conservée ; mais les dissensions et la rivalité de deux prétendants au trône nécessitèrent bfentôt une nouvelle intervention des armes romaines, et la Macédoine fut définitivement constituée en province proconsulaire de l'empire romain ; c'est sous cette forme qu'elle apparaît dans le Nouveau Testament, Acl. 16, 9. 18, o. 19, 21. Rom. Va, 26. 2 Cor. 1,16. 11,9. Phil. 4, 15.; son nom est joint à celui de l'Achaïe, 2 Cor. 9, 2. 1 Thess. 1, 8. Ses quatre villes principales étaient Amphipolis, Thessalonique, Pella et Pélagonie ; le Nouveau Testament nomme encore Philippes, Néapolis, Apol-lonie et Iîérée, cf. — v. aussi Kittim.

MACTES, Soph. 1, 11., nom propre peut-être d'une vallée près de Jérusalem ; saint Jérôme pense à celle de Siloh, le parapnraste caldéen à celle de Cédron, Rosenmuller à celle des faiseurs de fromage, v. Jérusalem; ce sont autant de suppositions en l'air. Le nom de Mactès, qui signifie alvéole, a fait croire à quelques auteurs (Calmet) que ce lieu était le même que Ramath-Léhi, où Samson vit s'ouvrir une dent de laquelle jaillit une fontaine; c'est une explication un peu forcée ; le mieux est certainement de ne rien décider.

MADIAN, Madianites. Peuplade arabe descendue d'Abraham par Kétura, Gen. 2S, 2. 4. Elle ne tarda pas à se répandre et à devenir forte et commerçante, puis-qu'aux jours de Jacob, nous voyons déjà les Madianites formés en caravane, traverser le désert pour se rendre de Galaad en Egypte, au travers de la Palestine, Gen. 37, 28. 36. Ils paraissent avoir ha-bité d'abord, comme bergers nomades, les vastes plaines de l'Arabie Pétrée, voisines de l'Egypte, Ex. 2,4S.; ils vivaient sous l'autorité d'un chef à la fois sacrificateur et prince, Jéthro, et poussaient leurs troupeaux jusqu'aux environs du mont Sinaï, 3, 1. Cependant ils ne s'y trouvaient pas au moment où les Israélites traversèrent le désert, et Jéthro, parent de Moïse, dut quitter les lieux qu'il habitait pour venir à la rencontre de celui-ci, Ex. 18,1. Nomb. 10, 29. Plus tard nous les trouvons à l'orient de la terre promise, dans les plaines de Moab, où de bonne heure déjà des conflits avaient eu lieu entre les Moabites et les Madianites, Gen. 36, 35.; alors ces deux peuples sont alliés, et ils s'unissent dans le mal pour séduire Israël et le perdre, Nomb. 22 ; issus d'Abraham, ils devaient être épargnés par leurs frères d'Israël, mais les honteuses machinations dont ils se rendirent coupables attirèrent sur eux la vengeance divine ; Moïse les attaqua et en fit un grand carnage, Nomb. 25 et 31, cf. Jos. 13, 21. Sous les juges, lorsque les Israélites furent définitivement établis en Canaan, les Madianites alliés aux Amalécites et à d'autres hordes arabes, firent de fréquentes incursions sur leur territoire et ravagèrent leurs moissons jusque sur la frontière du pays des Philistins, Jug. 8,-3. 12.6,2.; mais enfin Gédéon les surprit dans les plaines de Jizréel où ils s'étaient rassemblés, Jug. 6, 33, et les repoussa au-delà du fleuve au sud de Scythopolis, les frappa de rechef dans le voisinage de Succoth et en délivra définitivement le peuple dont il était juge, 7 et 8 ; cf. Ps. 88, 9.41. Es. 9, 3. 10, 26. Hab. 3, 7. Leur nom est encore rappelé comme celui d'un peuple commerçant, Es. 60, 6, dans un passage où le prophète, parlant des temps messianiques, et racontant quelle sera alors la gloire finale du peuple juif, dit que toutes les nations s'empresseront de venir déposer devant lui leurs tributs.

Il est difficile de déterminer exactement d'après l'Ecriture, le territoire qu'occupait cette peuplade ; les géographes arabes du moyen âge (Edrîsi el Abulféda) parlent des ruines d'une ville nommée Madian qui était située sur les côtes orientales du golfe èlanitique ; Jospèhe connaît de même une ville Madiène au bord de la mer Rouge, ce qui placerait le pays de Madian entre la partie du golfe d'Arabie, l'Arabie Heureuse, et les plaines de Moab. On comprendrait, dans ce cas, que les Madianites aient pu faire le commerce de caravane entre l'Egypte et l'Arabie. Dans 1 Rois 11,18., Madian est placé entre les Edomites et le désert de Paran.

Certains, n’acceptant pas que Moïse aie eu deux épouses, situent l’Ethiopie en Madian affirmant que c’est Séphora fille de Jéthro et femme de Moïse, qui est appelée Cushite (éthiopienne) bien qu'elle fût Madianite. (Nomb. 12, 1). En fait, il ne s’agit pas de Séphora dans ce passage, mais de la première épouse de Moïse, celle qu’il avait prise, lors de la conquête de l’Ethiopie, alors qu’il était encore général en chef des armées de Pharaon.

Les Madianites furent d'abord gouvernés par des anciens, Nomb. 22,4., plus tard par des princes et des rois, Nomb. 2o; 15.18. 31, 8. Jug. 7, 23. 8, 3., qui paraissent au temps de Moïse avoir été tributaires de Sihon, roi des Amorrhéens, Jos. 13, 21. Ils étaient extrêmement nombreux, Jug. 6,5. 7,12. 8,10., possédaient une grande quantité de chameaux, Jug. 6, 5. 7, 12. Es. 60, 6. et avaient acquis de fort bonne heure un grand bien-être matériel par le commerce et l'élevage des bestiaux, Jug. 8, 24. Leur divinité nationale était Bahal Péhor, cf., Nomb. 25, 3. 18. — Après l'exil leur nom se retrouve encore, Judith 2,16.; mais il disparaît dès lors pour se fondre avec celui d'Arabes, plus général et plus connu.

MADMEN, ville de Moab, Jér. 48, 2. Cependant l'interprète alexandrin et la Vulgate ont pris ce nom pour un appellatif, et traduisent « tais-toi donc. »

MADMÉNA, Es. 1 o, 31., ville inconnue, du voisinage de Jérusalem.

MADON, ville royale des Cananéens dans le nord de la Palestine; Calmet pense, mais sans motifs, qu'il faut lire Maron, et chercher cette ville dans le bourg Maronia en Syrie, à 30 milles est d'Antioche, nommé par saint Jérôme, et probablement le même que Maronée dont parie Ptolémée.

MAGDALA, Mat 13, 39., petite ville de Galilée située à l'angle occidental du lac de Génésareth dans l'endroit de sa plus grande largeur, à 5 kilom. de Tibériade, à 8 de la sortie du Jourdain, près de l'embouchure d'une petite rivière qui ne tarit jamais, et au pied de rochers escarpés qui forment le bord du plateau, et dans lesquels on remarque des grottes. Marie-Magdeleine devait son nom à cette bourgade oU elle était née, Luc 8, 2. On ne trouve plus maintenant qu'un misérable village du nom de Medgel, qui renferme des ruines dont l'architecture indique une très haute antiquité, entre autres une tour (hébr. migdal) qui expliquerait le nom de Magdala donné à cet endroit. — Le village de Dalmanutha, cf., appartenait, à ce qu'on croit, au territoire de Magdala.

MAGES. Ce mot est mède ou persan, et signifie grand ; il désignait primitivement, comme nom propre, une tribu mède qui avait en quelque sorte le monopole des choses saintes, le soin des objets relatifs au culte, et le devoir d'instruire la jeunesse et l'âge mûr dans les mystères de la superstition, comme la famille de Lévi était chez les Hébreux la tribu dépositaire des oracles de Dieu et chargée de la cure des âmes. La caste des mages passa des Mèdes chez les Perses, à qui elle communiqua la civilisation ; elle acquit bientôt un développement et une puissance prodigieuses, et accapara l'instruction publique, la religion, la divination et la magie ; ils jouirent d'un grand crédit auprès des rois, mais se servirent de leur influence pour intervenir dans la politique, ei présidèrent à plusieurs révolutions (Hérodote 3, 61.), comme il est arrivé à tant d'ordres ecclésiastiques qui se sont rendus successivement aimables à force de souplesse, nécessaires à force d'habileté, et redoutables à force d'audace et d'intrigues. Zoroastre, au septième siècle avant l'ère chrétienne, introduisit plusieurs réformes chez les mages mèdes, qui s'adonnaient particulièrement à l'astrologie et à l'interprétation des songes ; il les divisa en trois classes, les herbeds ou élèves, les mobeds ou maîtres, et les des-turmobeds ou maîtres parfaits.

Il est aussi parlé de mages chez les Caldéens, Jér. 39, 3. 13., et les auteurs profanes nous montrent la même caste chez un grand nombre d'autres peuples de l'antiquité : Pline parle de mages de l'Arabie, de l'Egypte et de l'Ethiopie; l'interprète grec Aquila donne le même nom à ceux qui interrogeaient les morts, Deu 18, H.; de même encore Théodo-tion pour désigner les astrologues de Babylone. Dan. 2, 2. —cf. Mat 2, 1. Il n'est pas à croire que les mages perses et mèdes aient volontairement abandonné leurs prérogatives à d'autres, mais on peut supposer que ce nom est devenu d'un usage plus étendu, et qu'il a servi plus tard à désigner d'une manière générale les sages d'autres nations ; les Caldéens

appelaient probablement ainsi leurs savants, et Jérémie aura répété ce titre comme il l'avait entendu de leur bouche. Les Caldéens possédaient en effet une caste de prêtres savants très distingués, et organisés à peu près de la même manière que celle des Perses, cf. Jér. 30, .15. Dan. 2,12., et ils étaient indifféremment nommés mages ou caldéens par les Romains et les Grecs. Ils vivaient dispersés dans toutes les villes du pays, et pouvaient posséder. Comme leur religion était passablement une affaire d'étoiles, ils avaient construit de bonne heure sur le temple de Bélus un observatoire qui était le complément obligé de leur culte; c'est de là qu'ils prédisaient des calamités publiques ou des bouleversements de la nature, lisant dans les astres, dans le vol des oiseaux, et dans les entrailles des victimes, tout à la fois prêtres, augures et devins, Es. 47, 9. 13. Dan. i. Sis apparaissent dans le livre de Daniel sous plusieurs noms différents qui se rapportent sans doute aux différentes classes ou bran-chesde l'ordre, à leurs diverses spécialités, mais que nous ne sommes pas en mesure de déterminer d'une manière précise {?. Maevernick, Comm. sur Dan.) Au-dessus de la caste se trouvait un chef ou surintendant, Jér. 39, 3., et nous voyons que Daniel, un étranger, un Hébreu, fut établi dans cette haute dignité par la faveur royale, Dan. 2, 48.

Le nom de mages fut donné plus tard, sous les Romains, à tout ce qui s'occupait de théosophie ou de magie orientale, à tous les astrologues, devins et jongleurs ambulants de l'Asie, qui joignaient à tous ces titres déjà usés, le mérite d'être un peu médecins. On voit par Act 8, 9. 13, (i. 8. qu'ils avaient pénétré bien avant dans la faveur et l'estime publique.

On s'est perdu en conjectures pour savoir quels pouvaient être les mages qui vinrent chercher, pour l'adorer, le Sauveur du monde, Mat 2, 1. Us venaient d'Orient, nous dit Matthieu, et cette expression vague (v. 9), de même que celle du verset 12, montrent qu'il ne pouvait, ou qu'il ne voulait pas en dire davantage. Quelques auteurs ont cru trouver, dans les dons qu'ils apportaient, une preuve qu'ils venaient d'Arabie ; mais cette preuve est ridicule ; car de l'or, de la myrrhe et de l'encens, on peut en acheter partout. L'opinion qui se justifie le plus est celle qui les fait venir de Perse ou des contrées voisines de la Perse ; le système de la religion Zend est celui des systèmes païens qui renfermait peut-être le plus de germes de la vérité; on y trouvait, entre autres, l'idée d'un Sosiosh, d'un Rédempteur qui devait venir. Les rapports des Perses avec les Juifs avaient favorisé pour eux une certaine fusion des doctrines israélitiques dans le système de leur religion populaire. L'étoile (cf.) qui' sert de guide aux mages, rappelle cette religion astronomique des Perses, et peut avoir été choisie de Dieu comme un flambeau qui ne leur était pas inconnu, et qui devait, plus sûrement qu'un autre, en tenant compte de leurs préoccupations habituelles, les amener vers une lumière plus grande, la seule véritable ; enfin, peut-être, le souvenir des calculs de Daniel, qui avait été chef des mages, et dont les travaux avaient été sans doute étudiés et médités par les plus fidèles de ses adhérents, aura contribué à donner aux mages cette assurance et cette foi qui ne les abandonna jamais, qui surprend celui qui n'entend rien aux choses de Dieu, mais qui ne saurait étonner celui pour qui la parole divine est une règle suffisante de doctrine et de conduite. On sait combien, d'après le témoignage des auteurs profanes, le monde entier était dans l'attente d'un roi puissant qui de-vait se lever dans les mêmes contrées où le soleil se lève ; mais cette attente, vague et incomprise chez ceux mêmes qui la partageaient, était plus claire et plus grande chez les mages ; le roi qu'ils attendaient n'était pas un conquérant qu'ils dussent fuir, c'était un sauveur qu'ils devaient chercher. L'ancienne église a vu, dans celte visite des mages, la salutation reconnaissante et respectueuse avec laquelle le îiionde païen devait accueillir celui qui venait rompre la clôture de la paroi mitoyenne, rendre à Dieu l'humanité, aux hommes l'espérance et leur Dieu. La tradition, l'on ne sait trop pour-

quoi, a fait de ces mages des rois, et a ? fixé lf ur nombre à trois, qu'elle a baptisés : Gaspard, Melchior et Balthasar. Ce seraient les seuls rois qui eussent adoré le Roi des rois pendant son séjour sur là terre, et rien ne justifie une tradition qui n'a pris naissance que tard, et que Cal-met et d'autres catholiques regardent à la fois comme indifférente en elle-même, et sans fondement dans l'histoire. C'est toujours la même passion de vouloir introduire la grandeur terrestre dans la grandeur céleste. L'adoration des mages a heureusement C inspiré M. L. Delàtre dans un morceau de ses Chants de l'exil (chez Gosselin) :

Le voyage est fini, l'étoile aux ailes d'or Sur l'humble Bethléem arrête son essor, etc.

MAGIE, Magiciens, v. Divinations, Enchanteur, etc.

MAGOG,Gen. 10, 2., fils de Japhet, et frère de Gomer, de Madaï, de Javan, de Tubal, de Mésec et de Tiras. Le même nom se retrouve, Ez. 38, 2. cf. 39, 6., comme celui d'un pays voisin de Mésec et de Tubal, et sur lequel règne Gog : le texte de ces passages indique un pays situé vers le nord ou le nord-est. Les auteurs orientaux font mention des peuples Jagoug et Magoug, comme habitant le nord de l'Asie et le nord-ouest de l'Europe. Un mur qui, à partir de Der-ben, passe de la mer Caspienne à la mer Noire, et qui a été bâti par un des rois de l'ancienne Perse contre les invasions des barbares du nord, porte le nom du mur de Jagoug et Magoug. — Les descendants de Magog sont probablement les peuples que les anciens nomment, d'une manière générale, Scythes (Josè-phe, Jérôme); Suidas l'entend des Perses ; Braunschweig, dans un travail très remarquable (Leipsig, 1833), croit que, de cette race, dérive le peuple des Mant-choux, qui a fait la conquête de la Chine au dix-septième siècle.

La mention prophétique qui est faite de cette nation et de Gog, son roi, dans les passages cités d'Ezéchiel, et Apoc. 20, 8., nous la représente comme une puissance formidable; c'est presque le paganisme personnifié qui viendra, dans les derniers jours, livrer une dernière bataille au peuple de Dieu, pour essayer de l'anéantir. La prospérité d'Israël le tentera,la piété de ce peuple l'irritera; sa faiblesse enfin, ses villes sans murailles. ses portes sans verroux, ses habitants paisibles et sans méfiance, lui feront espérer une victoire facile, un grand butin, un grand pillage ; mais cette guerre contre les saints, que Magog estimera devoir être la dernière, le sera, en effet, mais autrement qu'il ne le pense. En prenant les armes, il renversera, comme Crésus, un grand empire, mais le sien : Dieu se révélera des cieux ; les tours et les murailles seront abattues; les montagnes seront renversées ; tout ce qui respire sera épouvanté ; Magog et son roi seront détruits ; Israël sera délivré ; ce sera la lin des tribulations du monde ; les élus jouiront éternellement de leur victoire et d'un triomphe dont rien de fâcheux ne viendra plus jamais ternir l'éclat,ou diminuer l'allégresse.

Le nom de Gog, Apoc. 20, 8., est employé librement et poétiquement pour désigner le pays, bien qu'il soit le nom propre, ou peut-être le nom appellatif du souverain qui régnera sur Magog. — v. sur ce sujet, Hsevernick, Comm. sur Ezéch., p. 594 et suiv.

MAHACA. 1° Mère d'Absalon, 2Sam. 3, 3. fChr. 3, 2. —2° Fille d'Abisalom, seconde femme deRoboam, et mère d'A-bijam, roi deJuda, 1 Rois, 15,2. On peut conclure de 2 Chr. 11, 20-23. que ce fut par son influence que les fils du premier lit furent dépossédés de la couronne. Quelques auteurs pensent que laMahaca, nommée la mère d'Asa, 1 Rois 15, 10., étaitproprementsagrand'mère, et qu'elle serait appelée sa mère, selon l'usage oriental de noter et de faire ressortir dans les généalogies, les personnages les plus distingués, en omettant ceux qui le sont moins ; et, en effet, cette Maliaca s'est rendue célèbre par son idolâtrie, au pas qu'Asa, son fils ou petit-fils, dut lui retirer la régence. Toutefois, si l'identité du nom de Mahaca, et de son père Abisalom, dans les deux passages, semble autoriser cette manière de voir, elle ne la prouve pas; l'usage de la langue même ne peut pas être rigoureusement

invoqué, attendu que nulle part ailleurs le mot em, qui signifie mère, n'est pris pour grand'mère. Une autre opinion voit simplement une faute de copie dans 1 Rois 15, 2., et se fonde sur ce que la mère d'Abijam est appelée, 2 Chr. 13, 2., Micaja, fllle d'Uriel de Guibha. — Quoi qu'il en soit, et malgré son rang et son pouvoir presque royal, 1 Rois 15, 13. 2 Chr. 15, 16., elle vit Asa mettre en pièces l'idole qu'elle avait faite, et la brûler, de même, sans doute, que le bocage, théâtre de son idolâtrie. Quelle était cette idole? c'est ce qu'on ignore; on doit penser que c'était une invention nouvelle, impure et bizarre.

3° etc. D'autres Mabaca sont encore nommées, I Chr. 2, 48. 7,15. 16., et des hommes du même nom, Gen. 22, 24. 1 Rois 2, 39. I Chr. 11, 43. 27, 16., etc.

MAHACATH, ou Mahaca, ou plus complètement et dans un sens plus déterminé Aram Mahaca (dans l'hébreu), 1 Chr. 19, 6., ville ou province de Syrie, gouvernée monarchiquement, à l'orient et au nord des sources du Jourdain, nommée plusieurs fois à côté de districts syriens, 2 Sam. 10, 6. 8. 1 Cbr. 19, 6. Jos. 13, 11., et placée, Deu 3, 14., sur les frontières de la partie transjourdaine d'Israël, notamment près des tribus de Gadet deRuben.Jos. 13,13. Sa position est inconnue, et plusieurs hypothèses qui ont été mises en avant, restent à l'état de pures présomptions.

MAHALALÉEL, fils de Caïnan ou Ké-nan, naquit l'an 395 du monde, et devint père de Jéred à l'âge de cent soixante-cinq ans; il a vécu huit cent quatre-vingt-quinze ans, Gen. 5, 12. 1 Chr. 1, 2. 11 est nommé dans la généalogie de Marie, Luc 3, 37.

MAHALOTH. v. Psaumes.

MAHANAJIM (les deux camps), ville d'au-delà le Jourdain, au nord du Jab-bok, Gen. 32, 2. 22., sur les frontières de Gad et de Manassé. Dans le partage, elle fut d'abord comprise dans le territoire de la première de ces deux tribus, puis donnée aux Lévites, Jos. 21, 38. cf. 1 Chr. 6, 80. Elle fut choisie pour siège de la royauté passagère et rebelle d'Is-Boseth, 2 Sam.”2, 8. 12. J9. i. 5.,etSalomon en fit l'une des douze villes chargées de pourvoir aux approvisionnements de la cour, 1 Rois 4, 14. David s'y retira pendant la révolte d'Absalon, et c'est non foin de là que périt ce fils ambitieux et dénaturé, 2 Sam. 17, 24. 27. cf. encore 1 Rois 2, 8. Ce nom disparaît après les jours de l'exil.

MAHER-SALAL-HAS-BAS, très bien traduit par Luther Eilebeute, Raubebald, Es. 8,1.3., et assez lourdement dans nos versions « qu'on se dépêche de butiner, il hâte le pillage. » C'est un peu long pour un nom d'enfant, et on pourrait le remplacer peut-être par « presse-butin, 1 pille—vite. » Ces quatre mots durent être placés en grosses lettres, par le prophète, sur un écriteau destiné à être lu par tout le peuple ; la concision de ce langage permettait à chacun d'apprendre et de retenir dans sa mémoire la promesse de la délivrance, en même temps qu'elle exprimait, la rapidité avec laquelle, au jour indiqué, la vengeance divine fondrait sur les ennemis. Achaz, roi de Juda, était vivement pressé par les armées alliées de Retsin et de Pékak, Es. 7, 1.; idolâtre et incrédule, il ne méritait pas le secours de Dieu, mais Dieu voulait punir les ennemis de son peuple sans sauver Achaz ; il annonça donc au prophète la naissance d'un fils auquel il devait donner le nom de Maher-Salal-Has-Bas, et ajouta qu'avant que l'enfant put prononcer le nom de son père, Juda serait délivré : cette prophétie ne tarda pas à s'accomplir, 2 Rois 16, 9., et le roi d'Assyrie s'enrichit des secours que lui avait donnés Achaz, ainsi que du butin qu'il fit sur les rois d'Israël et de Syrie.

MAHLON. v. Elimélec.

MAHON. 1° Ville de la tribu de Juda, Jos. 15, 55., non loin d'un désert du même nom, et près du Carmel ; David demeura pendant quelque temps dans ces contrées pendant que Saiil le poursuivait, et Nabal y possédait des propriétés dans le désert, 1 Sam. 23, 24. 25, 2. — 2° Peuplade étrangère qui se trouve, Jug. 10,12., en relation avec les Amalécites, les Philistins et les Sidoniens ; peut-être la même que celle qui est mentionnée sous le nom de Méhunites (ou Méoniens), 1 Chr. 26, 7., et 1 Chr. 4, 41. dans le Ke-ri (trad. habitations) ; ils furent vaincus par Hozias. On croit retrouver leur nom dans l'ancienne Maân (Abulféda, Burck-hardt), située dans l'Arabie Pétrée, au sud de Wadi Musa, sur la route de la Mecque, où se voient encore des ruines assez considérables de villes et de villages. Rosenmuller compare, mais sans preuves, la ville de Beth-Méhon, cf. — 3° Fils de Sammaï, et père ou fondateur de Beth-Sur, 1 Chr. 2, 45. Jos. 15, S8.

MAIN. Le lavage des mains et des pieds, acte de propreté en soi, était sou-?_ vent considéré comme le symbole de la pureté ; ainsi Pilate lave ses mains pour déclarer qu'il est innocent du sang du Juste; saint Pierre veut que ses mains soient lavées par Jésus ; le juste lave ses mains dans le sang des méchants en approuvant la vengeance que Dieu tire de leur iniquité ; il lave ses mains dans l'innocence; Mat 27, 24. Jean 13, 9. Ps. 58, 10. 26, 6. Verser de l'eau sur les mains de quelqu'un, c'est remplir à son égard l'office de serviteur, 2 Rois 3,11. S'appuyer sur la main de quelqu'un est un acte de supériorité, 2 Rois 7, 2. 17. o, 18. Tendre la main signifie, ou demander ou faire alliance, Lam. 5, 6. cfc Rom. 10, 21. La main du Seigneur exprime sa puissance ou l'influence de son esprit, Ps. 19, 1. 118, 16. Jér. 1,9. cf. Es. 6, 6. 1 Sam. 5, 6. 7. La main élevée du pécheur, Deu 32,27., désigne son insolence. — On comprend du reste facilement la signification de ce mot partout où il est pris dans un sens figuré. — La main (ou la paume), est plusieurs fois employée comme unité de mesure ( = 0m,09), cf. 1 Rois 7, 26. Léy. \ 2. etc. — Quant à la main sèche que Jésus guérit, Mat 12,10. Marc 3,1. Luc 6, 6. 8., c'est un engourdissement du bras ou d'une portion du bras, produit par l'obstruction de certains canaux qui empêche la nourriture d'arriver en quantité suffisante, et a pour résultat le dépérissement, la dessication et la mort de l'organe ; c'est une atrophie locale comme chacun peut en éprouver momentanément, mais qui est souvent aussi permanente et incurable. Quelquefois aussi, cette mort locale peut surprendre les membres subitement, c'est alors une paral\sie, et il est probable que les cas dont il est parlé, I Rois 13, 4. et Jean o, 3., étaient des cas de cette nature. Jéroboam fut frappé de paralysie par celui qui dit à la maladie : Viens, et elle vient, v. Paralytique.

MAINAN, Luc 3, 31.; inconnu.

MAISONS. Elles étaient ordinairement en Palestine bâties de briques cuites, ou même simplement séchées au feu, ce qui ne leur assurait ni une grande solidité, ni une longue durée, Mat 7, 25. Ez. 12, 5. 7.13,13. Job 4, 19. Il y en avait cependant aussi qui étaient faites de pierre, et les palais étaient construits en pierre de taille, ou même en marbre blanc, Lév. 14, 40. 42. 1 Rois 7, 9. Es. 9, 9. 1 Chr. 29, 2. (il paraît d'après Esd. 3,10. Job 38, 6. 7. cf. Zach. 4, 7., qu'il y avait des fêtes particulières et des invocations solennelles lors de la pose des fondements. ) Le mortier, la chaux ou le gypse, et peut-être aussi l'asphalte, servaient de ciment dans les constructions, Jér. 43, 9. Es. 33. 12. Deu 27,4. Gen. 11, 3., et un enduit de chaux venait recouvrir les parois extérieures, Lév. 14, 41. Mat 23, 27. Ez. 13,10.: pour les palais cette couche était colorée, Jér. 22, 14. La charpente était ordinairement en sycomore, puis, mais rarement, en olivier, en cèdre ou en san-dal, Jér. 22,14.1 Rois 6, 15. 33. Des co-lonnes (les plus belles étaient de marbre, Cant. 3,15), et même quelquefois de longues galeries de colonnes, servaient d'ornements extérieurs aux bâtiments de luxe, 1 Rois 7, 6.15. 2 Rois 2a, 13. v. Temple. Les maisons des grands et des riches, ordinairement bâties en carré, avaient plusieurs étages, 1 Rois 7,2. Act 20, 9. Autour de la maison, ou quelquefois au milieu, lorsque c'était un grand bâtiment, se trouvait une vaste cour pavée, entourée d'une ou de plusieurs rangées de colonnes en galerie, ornée d'arbres, avec une fontaine et quelquefois avec des bains ; c'était dans la belle saison la pièce la plus importante, celle où se tenaient les maîtres, et où ils recevaient leurs amis, 2 Sam. 17,18.11, 2. Mat 26,69. Néh. 8, 16. cf. Est. 1,3. 5, 1. Les toits (cf.) étaient plats, entourés d'un parapet très peu relevé, et servaient de terrasses ; on s'y réunissait pour jouir de l'air frais du soir, quelquefois on y couchait, ou bien l'on y célébrait le culte et l'on y dressait des autels ; il y avait ordinairement une communication directe entre le toit et la chambre haute, 2 Rois 23,12.; cette pièce, qui était la plus élevée de la maison, et qui était située immédiatement au-dessous du toit, était une chambre privée, le plus souvent une chambre à coucher, ou une retraite tran-quille pour les malades, 2 Sam. 18, 33. I Rois 17, 19. Act 9, 37. 39. 1, 13 20, 8.; elle avait souvent deux escaliers, dont l'un, extérieur, communiquait avec la rue, l'autre avec l'intérieur de la maison. Chez les grands, il y avait devant la porte une petite cour qui servait de vestibule ou d'antichambre, Jér. 32, 2. Marc 11, 68. Jean 18, 16., et qui d'un côté s'ouvrait dans la cour proprement dite, et conduisait de là dans l'appartement, de l'autre communiquait avec le toit et avec l'étage supérieur par un escalier tournant, l Rois 6. 8., qui était souvent fait d'un bois re-cherché et précieux, 2 Chron. 9, 11. Les chambres du rez-de-chaussée, qui composaient la partie la plus importante et la plusconsidérabledel'appartement, étaient ornées dans le goût du luxe oriental, qui attache plus de prix à la pompe intérieure, qu'à l'embellissement des murs extérieurs ; une boiserie magnifique, des lambris incrustés d'or et d'ivoire, des garnitures en tapisserie, des tableaux, un plancher quelquefois de marbre, de porphyre ou d'albâtre, voilà ce que présentaient à leurs hôtes les riches habitants de la Palestine ; un parquetage de bois de cèdre était déjà moins splendide, et le plancher des plus pauvres était un simple travail de gypse et de terre, ou de briques cuites; 1 Rois 7, 7. 22, 39. Jér. 22, U. Am. 3,15. Ps. 45, 8. Est. 1,6. cf. Horac. Od. II, 18 (15), 2. Odyss. 4, 72., etc. — Les portes tournaient sur des pivots ou sur des gonds, et se fermaient en dedans au moyen de verroux de bois que l'on poussait ou retirait avec des espèces de clefs, Jug. 3,25. Prov. 26,1 4. 1 Rois 7,50. Cant. 5, S. Luc 11,7. Les riches avaient de* portiers ou des portières remplissant les mêmes fonctions que les nôtres, 2 Sam. 18, 26. Jean 18, 16. Act 12,13.15. Luc 13, 23. Mat 7, 7. Quant aux fenêtres, v. cet article. Il y avait pour les femmes des appartements particuliers et retirés, dont l'entrée était absolument interdite à tout autre homme que le maître. Les grandes maisons avaient leurs chambres d'hiver et leurs chambres d'été; les premières se chauffaient apparemment de la même manière que de nos jours, au moyen d'un feu allumé au milieu de la pièce dans un enfoncement circulaire; on le couvrait, lorsqu'il était éteint, d'une espèce de tambour carré, garni d'un ta- i pis, destiné à conserver la chaleur, Am. 3,15. Jér. 36, 22. Jug. 3, 20. cf.Niebuhr II, 394. Tavernier 1, 376. On voyait aussi dans les palais des chambres à manger indépendantes, Joseph. Ant. 8, 5. 2.

Les meubles principaux étaient des so-phas ou lits de repos, des sièges, des tables et des chandeliers, que la magnificence orientale s'attachait à charger d'autant d'ornements que possible, Ez. 23. 41. Am. 6, 4. Prov. 7, 16. 2 Rois 4, 1 ol

On a parlé de la lèpre des maisons à l'article Lèpre.

D'après les récits des voyageurs, l'architecture orientale moderne ne différerait pas essentiellement de l'ancienne, et l'on peut voir dans Niebuhr, Volney, lady Montague, Hartley, Buckingham, Schubert, etc., combien peu de changements il s'est fait sous ce rapport depuis plus de vingt siècles. « Les maisons, dit Buckingham, se composent de séries d'appartements donnant sur une cour qui se trouve au milieu de chambres souterraines pour se mettre pendant le jour à l'abri de4a chaleur, et de terrasses découvertes pour prendre le repas du soir et pour dormir pendant la nuit. Ces terrasses sont quelquefois partagées en compartiments séparés, ayant chacun son escalier, et formant ainsi autant de chambres découvertes. »

MAITRE d'hôtel, Jean 2, 8., en grec archilriclin. Les noces duraient souvent six à huit jours, et une personne quelconque, serviteur ou même parent, était choisie pour être l'ordonnateur des repas, veiller à la distribution régulière des

plats, notamment des aliments plus recherchés et des boissons, pour remplir en un mot les fonctions de maître d'hôtel ou de maître des cérémonies. Cette charge ne doit probablement pas être confondue avec celle du président de table (symposiarque, rex convivii) qui était choisi ou tiré au sort entre les convives eux-mêmes et qui était le roi de la fête au lieu d'en être le serviteur. Cependant v. Wetstein, Novum Testamentum, I, 847.; le passage de Jean n'a rien qui repousse positivement l'identité des deux charges.

MAK1R. G Petit-fils de Joseph, fils de Manassé et dune concubine syrienne, 1 Chr. 7, 14. Ses enfants purent encore jouir de la vue et des soins de leur aïeul, le gouverneur d'Egypte, Gen. 30, t'A.; plus tard ils occupèrent une partie du pays de Galaad dont ils s'étaient emparés, v. Jaïr. .Nomb. 32, 39. Deu 3, 15. Jos. 13, 31.17, I. Le nom de Makir se retrouve encore Nomb. 26, 29. 27,1. 36,1. I Chr. 2, 21. 7, 14. et Jug. 5, 14., où il semble représenter toute la tribu de Manassé.

2° Fils de Hammiel et probablement un ancien ami de la maison de Saiil ; il avait recueilli le seul descendant qui restât du premier roi d Israël, Méphiboseth, et c'est dans sa maison à Lodebar que les employés de David trouvèrent ce jeune prince. Peu'.-ètre la nourrice de Méphiboseth appartenait-elle à la famille de Makir, et l'on comprendra que, soit affection, soit compassion, soit espérance de temps meilleurs, elle l'eût retiré chez elle pour le conserver. Il ne paraît pas qu'il y eût de la politique dans l'affection de Makir pour les enfants de Saul, car on le voit plus tard apporter des vivres à David fuyant devant Absalon, et le secourir lui et les siens au milieu du désert, 2 Sam. 4, 4. 9, 4. 17, 27.

MAKKÉDA. Jos. 45,41. cf. 10, 28.29., ville de Juda, située, d'après Eusèbe, à 8 milles est d'Éleuthéropolis. Elle fut prise par Josué qui poursuivit jusque là les Cananéens, et compléta par cette victoire la prise de possession du sud du pays.

MALACHIE. Plusieurs opinions ont été mi?es en avant sur l'existence de ce pro~

| phète, dont le nom ne se trouve nulle I part ailleurs que dans son livre. Déjà quelques docteurs juifs, traduisant le nom de Malachie par messager ou ange de l'Eternel, avaient émis l'idée qu'Esdras était l'auteur de cet oracle, caché sous un nom symbolique ; v. aussi Jérôme, Calmet et Simonis; Vitringa, et après lui Hengs-tenberg, ont généralisé cette idée en la modifiant, et pensent qu'un prophète quelconque a pris ce nom appellatif si bien en rapport avec ses fonctions ; ils se, fondent en particulier sur ce que le nom de Malachie n'est accompagné d'aucune autre désignation de personne ou de famille ; mais v. Abdias 1, 1. Habac. 1,1., où le nom des prophètes est également isolé sans que personne ait songé à en faire des noms appellatifs. D'autres encore (Origène) ont pensé que Malachie était un ange incarné. Il n'y a pas de raisons pour nier l'existence de Malachie, et s'il y a dans son nom un appel et une grande solennité, on peut dire la même chose d'Osée, de Joël, etc. On ne sait du reste rien, ni de sa personne, ni de sa famille, ni de son activité. Quant à l'époque où il prononça et rédigea les prophéties qui portent son nom et qui ne forment qu'un seul oracle, on est d'accord maintenant, depuis les travaux de Vitringa, à la faire coïncider à peu près avec le second voyage de néhémie en Palestine, sans que l'on puisse déterminer si ce fut immédiatement avant son départ, pendant son absence ou après son retour. Malachie fut avec Néhémie dans les mêmes rapports qu'Aggée avec Jénosuah, que Zacharie avec Zorobabel; l'activité intérieure de l'un concourt avec l'activité extérieure de l'autre ; elles s'associent mutuellement. Malachie reproche aux sacrificateurs leur négligence dans l'evercice de leurs devoirs, au peuple son refus de payer les dîmes, et le choix d'offrandes et de victimes méprisables ; il reproche à tous leur indifférence religieuse et leurs murmures, et le portrait qu'il fait du peuple de Dieu rappelle parfaitement celui que fait Néhémie. cf. Mal. 2, 8. 3, 10. et Nèh. 13, 4 0. 30., etc. Le même parallèle pourrait s'établir dans tout le cours de l'histoire juive entre sa mission des prophètes et la vie des rois, entre les paroles des premiers et les actes des seconds, entre Esaïe et Ezéchias, entre Jérémie et Josias. Malachie ajoute des menaces à ses reproches, et termine en annonçant la venue du précurseur qui sera immédiatement suivie de celle du Messie. — Si cet auteur n'est pas nommé dans le Nouveau Testament, il y est au moins cité à diverses reprises, soit directement, soit indirectement; ?. Mat 41, 10. 17, 10-12. Marc 1, 2. 9, 11. 12. Luc 1,16. 17. 7, 27. Rom. 9, 13., etc.

MALADIES. Malgré la salubrité du climat de la Palestine et des contrées environnantes, et quoique la régularité de la vie et la sobriété soient presque un préservatif immanquable de tous les maux, il y a quelques maladies qui se développent là comme ailleurs, qui rappellent aux habitants les conséquences du péché, et les avertissent que l'homme n'est que poudre, que le temps passe, que la fleur se fane et tombe. Ce ne sont en général que des maladies de courte durée. La langueur, la fièvre (chaude), les ulcères, la gale, lagonorrhée,les hémorrhoïdes, la lèpre, sont nommées en plusieurs passages des livres de Moïse, Lév. 15,3. 26, 16. Deu 28, 22. 27., etc. Les dyssen-teries en été, la fièvre au printemps et en automne, paraissent avoir régné chez les Juifs, comme elles sont encore de nos jours en Orient les maladies de la saison, Act 28, 8. Mat 8,14. Luc 4,39. Jean 4, 82. cf. Burckhardt, Arab. 615., etc. L'Ecriture parle encore de coups de soleil, 2 Rois 4, 19., d'hypocondrie et de mélancolie noire, 1 Sam. 18,10., mais les maladies les plus communes étaient la lèpre, la cécité, la paralysie, les pestes, et dans le Nouveau Testament, les maladies d'esprit ou possessions, cf. — La maladie dont le pays fut frappé sous Joram, 2 Chr. 21,15., était probablement une longue et violente dyssenterie qui faisait de cruels ravages dans le corps, entraînait avec elle du sang et déchirait les entrailles. — L'hydropisie était bien connue, Luc 14, 2. La gangrène, nommée 2 Tim. 2.17., est une espèce de combustion froide qui commence quelquefois à la suite de coups ou de blessures, et qui ronge peu à peu autour d'elle la chair et le système nerveux jusqu'à la mort complète (spbacèle) de l'organe attaqué; le couteau peut seul arrêter les progrès de ce mal auquel sont comparés les faux docteurs, les fausses doctrines et les disputes vaines, — v. encore les articles spéciaux, Médecine, Né-bucadnetsar, Vers, etc.

Les Juifs regardaient en général les maladies comme des châtiments divins, Job 7, 20. Jean 5, 14. 9, 1., etc., et l'Ecriture nous les fait aussi considérer comme les suites du péché, Gen. 3,16. Jésus en parle comme en étant le maître absolu, les envoyant ou les rappelant 4 comme on ferait d'un serviteur, Mat 8, 8., et c'est à la possession des démons qu'est attribuée dans l'Evangile la cause de la plupart des maladies, Luc 13, 11. 16.Mat 17,13.48.1 Cor. 5, 5.14, 30. 2 Cor. 12, 7. cf. Deu 28, 22. 27. 7, 15.

MALCHUS, serviteur du souverain sacrificateur Caïphe; son nom se trouve Jean 48, 10. Comme il allait mettre la main sur Jésus pour le saisir, Pierre lui coupa l'oreille d'un coup d'épée, soit que l'oreille fût entièrement détachée de la tête, soit qu'elle ne fût pas entièrement coupée ; il est assez probable que saint Pierre avait envie de lui couper la tête, dit Calmet. Mais Jésus qui donnait sa vie ne pouvait pas faire payer au serviteur les fautes de son maître ; juste et miséricordieux, il guérit la plaie qu'avait faite son disciple peu intelligent de l'épée qui doit servir à la défense du christianisme ; il toucha l'oreille blessée, et son dernier miracle avant d'être livré, fut pour un de ses ennemis, cf. Mat 26, 51. Marc 14, 47. Luc 22, 50. Jean qui était en relation avec la cour du pontife, nous a seul conservé le nom de ce serviteur. — La tradition porte que Malchus se convertit plus tard (Corn. ad. Lapid.). — Ce nom, déri-vé de méleck, roi, se retrouve ailleurs dans l'histoire, et Josèphe (Ant. 13, 5. 14,14., etc.), parle d'un Malchus, roi des Arabes, qui avait de très grandes obligations à Hérode, fils d'Antipater.

MALKIEL, 4 Chr. 7, 31., inconnu, de la tribu d'Aser, prince ou fondateur d'une ville, Birzavith, également inconnue.

MALKUA,1° filsdeHammélec,Jér. 38, 6., et peut-être frère de Jérahméel, 36, 26., n'est connu que pour avoir donné son nom à la citerne dans laquelle fut jeté le prophète Jérémie, et qu'il avait probablement fait creuser lui-même.—2°Père de Pashur, Jér. 21,1. 38. 1.

MALTE, île bien connue de la Médi-diterranée, située entre la Sicile et la côte africaine ; elle a environ 28 kil. de long sur 16 de large, et 85 de circuit. Selon Diodore, des Phéniciens, ayant remarqué qu'elle avait plusieurs ports commodes,,• en chassèrent les Phéaques, et y établi— - rent une nouvelle colonie qui s'enrichit par son commerce et son industrie ; les habitants excellaient surtout à fabriquer des étoffes d'une beauté et d'une finesse admirables. Ovide parle de sa prodigieuse fertilité en grains ; maintenant, on n'y trouve plus que du coton et des fruits, principalement des oranges. Selon les poètes, après la mort de Didon, Anne, sa sœur, qui l'avait suivie en Afrique, se retira dans l'île de Malte, d'où Pygma-lion ayant voulu l'enlever, elle se sauva en Italie, et fut très bien reçue par Enée. Malte passa successivement des Carthaginois aux Romains. Le consul Tib. Sem-pronius fit voile de Sicile à Malte, où Carthage entretenait une garnison (218 av. C). Dès qu'il parut, on lui livra Amil-car, tils de Giscon, qui commandait dans l'île, v. Bochart, Can. 1, 26. C'est sur lés côtes de cette île que Paul, après être sorti de Crète, fit naufrage, et l'on dit que, depuis son départ, il ne se trouve plus de bêtes venimeuses dans l'île. Quelques auteurs ayant donné à la mer Adriatique, Act 27, 27., le sens moderne dé golfe de Venise, ont cherché cette île dans la petite île de Mélite, près de la côte d'Illyrie; mais cette opinion est combattue par la direction que prit le vaisseau en partant de l'île, et par le fait que le voyage s'acheva sur un navire qui, venant d'Alexandrie, ne pouvait avoir fait, pour se rendre à Rome, le détour que cette opinion suppose et nécessite, v. Adriatique.

MAMRÉ, Escol et Haner, Gen. 14, 13., trois frères amorrhéens, amis et allies d'Abraham, qui aidèrent le patriarche dans son expédition contre Kédor-Laho-mer. On peut croire, sans toutefois l'affirmer, qu'ils avaient, comme Melchi-sédec, renoncé à l'idolâtrie en suivant Abraham. Mamré avait donné son nom à une forêt de chênes située au sud de Jérusalem, à l'orient des montagnes de Ju-da, près de la haute, large et fertile vallée d'Hébron, et qui fut, pendant quelque temps, la résidence ordinaire d'Abraham et des siens, Gen. 13, 18.18,1. 23, 17. 25, 9. 35, 27. 49, 30. 50, 13. La vallée de Mamré portait aussi le nom de vallée du Térébinthe, à cause d'un arbre de cette espèce qui s'y trouvait, et qui passait pour aussi ancien que le monde, Jos., G. des Juifs, 4, 17. 7. Eusèbe, Prép. év., 5, 9., etc. On prétendait qu'Abraham était assis à l'ombre de cet arbre lorsqu'il fut visité par les anges qui allaient à Sodome. Plus tard, on vit les Juifs, les chrétiens et les païens, y célébrer, chacun à leur manière, les solennités de leur religion ; l'on y sacrifiait des victimes, on ornait de lampes allumées le puits du patriarche, et l'on y jetait du vin, des gâteaux et des pièces d'argent. Constantin défendit cette idolâtrie, et y fit bàlir une église. Le chêne de Mamré ne survécut pas longtemps à cette persécution religieuse : il n'en restait que le tronc au temps de saint Jérôme ; sans cela, il est à croire que les mahométans se-raient venus joindre leur idolâtrie à celle qui dut être supprimée par Constantin. Quelques voyageurs modernes ont cru retrouver les ruines du tronc près des ruines de la chapelle ; mais il est difficile de s'v fier.

MÂNAHEM, frère de lait d'Hérode le Tétrarque, élevé avec celui qui fit mettre à mort Jean-Baptiste, eut le bonheur de se convertir, et devint l'un des prophètes et docteurs de l'église d'Antioche, Act 13,1. Saint Luc, en faisant le rapprochement de ces deux hommes, qui, après avoir reçu la même éducation, finirent d'une manière si différente, semble vouloir nous dire : « L'un fut pris, et l'autre laissé. » — On ne sait rien autre, d'ailleurs, sur sa vie; quelques-uns le font fils d'un essénien, ami d'Hérode le Grand, qui prédit a celui-ci son avènement au rent, sur les bords du Jourdain, un autel destiné à témoigner en leur faveur, ou même, au besoin, contre elles, et à les relier ainsi aux neuf autres tribus, Jos. 22, 10. sq. — La seconde demi-tribu, dont le territoire fut placé à côté de celui d'Ephraïm, était comprise entre le ruisseau de Cana, la Méditerranée, la chaîne du Carmel, et à l'est les montagnes d'Ephraïm, Jos. 16, 9. 17, 4. Elle avait aussi pour voisins Aser et Issacar, sur le territoire desquels elle paraît même avoir eu quelques parcelles enclavées, 17, 11., qu'elle ne put, sous les juges, défendre entièrement contre les Cananéens, Jos. 17, 12. Jug. I, 27. —Après la mort de Salomon, les deux demi-tribus, sous la puissante main d'Ephraïm, passèrent au royaume des Dix tribus, dont elles suivirent les destinées. Le nom de Manassé se trouve, Apoc. 7,6.8., avec celui de la tribu de Joseph, qui, dans ce cas, désigne Ephraïm.

2° Manassé, père de Guersom, et grand-père de Jonathan, Jug. 18, 30. Peut-être faut-il lire Moïse (?. Guersom); peut-être aussi les noms de Moïse et de Guersom se trouvaient-ils parmi les Lévites. Dans tous les cas, il ne faut pas confondre ce nom avec celui du (ils de Joseph ; car Jonathan descendait de Lévi, 17, 7.12.; il était Lévite, et non Manas-site.

3° Manassé, quatorzième roi de Juda, fils indigne et successeur d'Ezéchias, régna cinquante-cinq ans (698-643), 2 Chr. 33, 2 Rois 21. A douze ans il perdit son père et monta sur le trône ; mais le parti antithéocratique s'empara de son esprit, l'entoura et régna par lui ; ce fut le triom-phe de l'impiété et de l'idolâtrie; le jeune roi suivit fidèlement les principes de ses conseillers ; il rétablit les hauts lieux que son père avait détruits, adora les idoles païennes, dressa des autels à Bahal et à tous les astres jusque dans les parvis du temple de l'Eternel, consulta les devins, et opposa des imposteurs aux prophètes que Dieu lui envoyait et dont il fit verser à Jérusalem le sang innocent : Esaïe, selon la tradition juive, mourut victime de ses fureurs, et c'est peut-être à cette mort que l'apôtre fait allusion, Hébr. 11. 37.

trône, et un règne long, mais injuste; 'j'autres ajoutent qu'il fut l'un des soixante-dix disciples.

MANASSÉ. 4° Fils aîné de Joseph et d'Asénath, fut dépouillé de son droit d'aînesse par son aïeul Jacob, qui lui annonça une moins grande prospérité et une postérité moins nombreuse qu'à son frère cadet, Ephraïm, Gen. 44, 54. 46, 20. 48, 4.4 Chr. 7, 4 4. Les deux frères sont réunis, sous le nom de Joseph, dans les dernières bénédictions du vieillard, Gen. 49, 22., ainsi que dans celles de Moïse, qui leur promet à chacun « ce qu'il y a de plus précieux sur la terre » ; mais à Manassé des milliers de descendants, et à Ephraïm des dix milliers, Deu 33, 4 3-47. Manassé apparaît comme chef de tribu, Nomb. 1, 40. 2, 20. 7, 54., et le nombre de ses hommes d'armes, au moment de la sortie d'Egypte, est de 32,000 (4, 35.). Les deux tribus sont presque toujours nommées ensemble, Nomb. 26, 28. Jos. 44, 4., etc. Lors de l'entrée en Canaan, Manassé se divisa en deux demi-tribus; Makir, parce qu'il fut homme de guerre, reçut en partage Galaad et Basan; il devait servir de boulevard à Israël contre les peuples inquiets et brigands de la Trachonite, contre les Syriens de Damas, et contre les Gessuriens de l'Anti-Liban. « Les maîtres de l'arc ont irrité Manassé, ont lancé contre lui des flèches, l'ont attaqué; mais son arc a conservé sa force, et ses bras leur vigueur, et il a, de sa corne, heurté les peuples jusqu'aux extrémités du pays. » 11 habita des contrées bénies par l'Eternel, les riches plaines de l'Hauran, les belles montagnes de Galaad, et, dans ses vastes limites, il s'est étendu « comme un rameau fertile près d'une source, » Nomb. 32, 39. cf. 34, 4 4. Jos. 12, 6. 13, 7. Cette demi-tribu était séparée de Gad par le Jabbok, et comprenait, dans son territoire, Hasta-roth et Edréhi ; elle s'étendait ainsi assez loin vers l'est, Deu 3, 13. Jos. 43, 29., et, comme son èloignement du sanctuaire, qui était a Silo, pouvait avoir, par la suite, des conséquences fâcheuses pour ses descendants, qui pourraient oublier leur culte, ou voir leurs droits mé-connus, les tribus transjourdaines élevè-

(ils ont été sciés); enfin, pour n'oublier aucune abomination, il brûla ses propres enfants devant les faux dieux! Les menaces divines étaient méprisées, elles s'accomplirent, et l'Eternel prononça cette terrible sentence : « J'étendrai sur Jérusalem le cordeau de Samarie et le niveau de la maison d'Achab; je torcherai Jérusalem comme une écuelle qu'on essuie et qu'on renverse sur son fond. » Manassé tomba entre les mains des Assyriens, peut-être lorsque Ezar-Haddon transportait ses colons dans le royaume d'E-phraïm, Esd. 4, 2.; il fut, malgré l'appui de l'Egypte qu'il avait recherché, saisi dans /es haUievs, chargé de chaînes, et conduit à Babylone la vingt-deuxième année de son règne : ce fut la fin de la première partie de sa vie, de son idolâtrie et de ses malheurs (Seder-Olam). Dans la détresse et dans l'angoisse, il s'humilia, se repentit de ses crimes, et supplia l'Eternel avec larmes ; il obtint son pardon, et fut bientôt rétabli sur son trône, peut-être à la condition de rester vassal assyrien ; c'est ce que rendent probable les événements qui eurent lieu dans les derniers jours de Josias son petit-fils, — Sa conversion était sincère : il le prouva en faisant son possible pour remédier aux maux dont il était lui-même l'auteur : il rétablit le culte du vrai Dieu, purifia le temple, renversa les bocages et détruisit les autels. La fin de son long règne fut consacrée à en taire oublier le commence-ment, et il vit prospérer son activité et son administration intérieure ; il releva les murs de Jérusalem à l'occident de Guihon, ceignit Hophel d'ouvrages élevés, rétablit l'ordre dans l'armée, et lui donna une discipline et des chefs. Il mourut à l'âge de soixante-sept ans, et fut enseveli dans un sépulcre qu'il s'était préparé au milieu de ses jardins.

On croit que Joël prophétisa sous son règne; c'est à la même époque aussi que quelques auteurs (Bossuet, Cahnet, Bon-nechose) placent l'histoire de Judith et d'Holopherne. La tradition a conservé, sous le nom de prière de Manassé dans l'angoisse, un chapitre qui a été ajouté dans quelques exemplaires grecs et latins à la fin du second livre des Chroniques cette prière est belle, mais sa forme liturgique suffirait pour la faire reconnaître comme apocryphe.

Le second livre des Rois ne parle que des crimes et des malheurs de Manassé ; il ne dit mot de sa repentance, mais indique en passant qu'à sa mort il n'était plus prisonnier : ce dernier détail montre qu'il n'y a pas contradiction entre le récit des Rois et celui des Chroniques, mais l'omission d'une partie aussi importante de la vie de Manassé ne s'explique pas : on pourrait croire que l'auteur des Chroniques, qui a puisé à plus de sources, a trouvé aussi plus de détails; mais la cou-version de Manassé n'est pas un détail dans sa vie, et caractérise son histoire tout entière; tout Israélite, historien ou non. devait connaître un événement de cette importance.

MANDRAGORE. Cette plante, désignée par certains auteurs sous le nom de mandegloire, et qui dans son étymologie grecque signifie ornement des cavernes, est l'atropa mandragora des Latins, et appartient à la cinquième classe (peu— tandrie monogynie) de Linnée. De tout temps et dans tous les pays où elle se trouve, elle a été l'objet des opinions les plus contradictoires, comme des fables les plus absurdes. Elle aime les pays chauds, la Palestine, la Grèce, l'Italie, l'Espagne, et ne croît que très difficilement dans nos jardins, mais dans les lieux qu'elle habite elle préfère les endroits sombres, tels que l'entrée des cavernes. La racine est épaisse, longue, fusiforme, ordinairement bifurquée, ou même divisée en trois, fauve extérieurement, blanchâtre â l'intérieur : les feuilles sortent du collet de la racine, grandes, ovales, pointues, vertes, ondulées sur leurs bords, et disposées en faisceau : entre ces feuilles naissent plusieurs pédoncules simples, courts, portant chacun une fleur dont la' corolle est campanulée, rétrécie vers sa base en forme de cône renversé, un peu velue en dehors, blanchâtre, légèrement teinte de violet : le fruit est une baie sphérique ressemblant à une petite pomme, jaunâtre dans sa maturité, molle, charnue, pleine d'une pulpe qui contient des graines reniformes, placées sur un vseul rang. Cette baie, narcotique et stupéfiante, n'est dangereuse que lorsqu'elle est prise en certaine quantité.

Le nom de la mandragore se trouve deux fois dans l'Ecriture sainte, Gen. 30, 14. Cant. 7,13. ; c'est ainsi que les traducteurs ont entendu l'hébreu dudayim; dans le premier passage, c'est la vertu prolifique de la plante qui est relevée; dans le second, c'est son odeur agréable et forte. 11 s'en faut du reste de beaucoup qu'il y ait eu unanimité pour cette interprétation, qui a été appuyée par Jacq. Tbomasiusdans une dissertation spéciale, 1739, mais déjà fortement combattue par 1 ) Ant. Densing (1659), qui entend par dudayim le petit melon de Perse odorant (cuciimis dudaïm, L); de même Sprengel, Faber, la traduction persane, etc.; 2) Lu-dolf, dans son Hist. d'Ethiop., soutient qu'il faut entendre par là un certain fruit que les Syriens appellent mauz, dont la figure et le goût ont beaucoup de rapports avec le ficus indica; 3) Celse entend une espèce de lotus; 4) Pfeiffer y voit une espèce de lys; 5) Calmet, Bo-chart, Browne croient pouvoir donner à l'hébreu le sens de citron ; 6) Junius traduit : des fleurs agréables; 7) Codurque, des truffes ; 8) Hiller, des cerises ; 9) d'autres, des violettes ou du jasmin ; 10) d'autres enfin, Yirey, Chaurneton, l'entendent de l'orchis. Il ressort de toutes ces divergences que la véritable signification du mot est perdue, et même qu'elle l'a été de bonne heure ; on voit par le passage de la Genèse que la plante dont il s'agit passait pour donner la fécondité, et le nom même de dudayim (dod, amour) pourrait bien être en rapport avec cette opinion. La mandragore et l'orchis sont les deux plantes qui harmoniseraient le mieux peut-être avec le peu que nous connaissons du dudayim, la première par la bifurcation de sa racine, à laquelle, avec un peu de peine et de bonne volonté, on pourrait encore donner la forme du corps humain, de là le nom d'anthropomorphos qui lui a été donné par Pythagore; la seconde, par la grossière ressemblance qu'on a cru trouver dans ses bulbes ordinairement géminées, et qui a amené la préconisation ridicule de ses vertus aphrodisiaques. L'une et l'autre de ces plantes peuvent exercer une certaine influence sur l'homme ; elles peuvent stimuler, exciter, irriter ; Vénus est appelée mandragoritis, et l'empereur Julien, dans son épître à Calixène, dit qu'il boit du jus de mandragore pour s'exciter à la volupté; mais elles ne peuvent rien sur les femmes, surtout elles n'ont pas les vertus qu'on leur prête. Les bulbes de l'orchis se cueillent à la fin de l'année; on les lave, et, après qu'on les a soumises pendant quelques minutes à l'action de l'eau bouillante, on les fait sécher au soleil ou dans un four ; c'est dans cet état qu'elles entrent dans le commerce sous le nom de salep de Perse ou de salap; elles sont connues pour leurs propriétés nutritives, éniol-lientes et lubrifiantes ; mais c'est par ces qualités seules, et à cause de son abondance en principes assimilants, que le salep peut être considéré comme aphrodisiaque, et il ne l'est qu'à la manière des œufs, de la viande ou du lait, c'est-à-dire parce qu'il est nourrissant.—Hasselquist, Michaélis, Maundrell, de même que l'abbé Mariti (Voyag. II, 195), sont favorables à la traduction mandragore, et leurs preuves, sans être très convaincantes, ont cependant un certain poids : ce qui est dit du dudayim s'applique en tous points à la mandragore ; c'est au temps de la moisson des blés (mai) que leur truit mûrit, cf. Genèse 30, 14.; elles ont une odeur agréable ; elles peuvent se conserver, et soutiennent une espèce de comparaison avec les grenades. Ces caractères sont, il faut l'avouer, assez vagues pour permettre l'incertitude, et si l'on n'admet pas la traduction orchis, le mieux est peut-être de s'en tenir a la version traditionnelle.

Pour l'étude des miracles et des fables relatives à cette plante historique (dont un des plus grands torts est de nous avoir donné la Mandragore de Machiavel), on peut consulter Théophraste, Pline, Dios-coride, Calmet, Hiller, et Celsius, ainsi que les monographies de Heiddeger, de Drusius, de Thomasius, de Laurent Cate-lan (Rare et curieux discours de la plante appelée mandragore, Paris, 1639), de Holzbom, 1702, et de Garnier de Nîmes.

MANJSE, Ex. 16, Nomb. 11,Deu8,3.

Jos. 8, 12. La nourriture que Dieu donna aux Israélites dans le désert, depuis Sin, leur huitième campement, jusqu'à la fin de leur séjour. Moïse la décrit comme quelque chose de menu, blanc, rond comme dû grésil, commede la semence de coriandre, et ayant le goût de beignets. Elle tombait chaque matin avec la rosée, et lorsque la rosée avait disparu sous l'iiction des premiers rayons du soleil., la manne restait seule sur le roc ou sur le sable, où les Israélites venaient la ramasser, mais seulement en quantité suffisante pour la journée, à l'exception du vendredi où il en tombait une quantité double et où les Israélites devaient aussi faire la provision do sabbat. Elle se gàlait du jour au lendemain, et ceux qui, se méfiant de la divine Providence, voulurent essayer d'en conserver, la virent se corrompre et les vers s'y mettre. Chacun avait droit à un homer (litres 3, 50), et celui qui en avait recueilli beaucoup n'en avait pas plus, comme celui qui en avait recueilli peu n'en avait pas moins, c'est-à-dire qu'ils rêpartissaient entré eux, proportionnellement au nombre des membres de chaque famille, ce qu'ils avaient ramassé, de sorte que celui qui en avait trop communiquait de son superflu à celui qui n'avait pas assez, et ramenait l'égalité voulue de Dieu. Le passage 2 Cor. 8, 45. semble établir ce sens, en même temps qu'il trace aux chrétiens une ligne de conduite qui n'est malheureusement que bien peu suivie. En commémoration de cette merveilleuse Providence qui nourrit pendant tant d'années un peuple tout entier dans un désert, Dieu voulut qu'un homer de manne fût recueilli dans un vase d'or et placé devant le témoignage à côté de l'arche sainte, cf. Hébr. 9, 4.

Cette nourriture comme telle, et cette substance considérée en elle-même, était quelque chose de tout à fait nouveau pour les Israélites, si bien qu'en la voyant pour la première fois couvrir le sol, ils se demandèrent les uns aux autres : Qu'est-ce? (hébr., man), et ce nom interrogatif resta à ce pain descendu du ciel : man hou, qui signifiait qu'est ce que cela? fut traduit : cela est de la manne. C'est la même question que firent plus tard les Juifs au sujet de Jésus le vrai pain céleste, Luc 4, 36., car il était pour eux une apparition également inconnue, mais plus bénie encore.

Outre les passages déjà cités, la manne est rappelée ? en. 9, 20. Jean 6, 31. 49. 38. Ps. 78, 24. Apoc. 2, 17. Ce dernier passage contient une allusion évidente à l'urne d'or renfermant la manne : la manne commune et corruptible du désert était la nourriture du corps mortel ; mais la manne cachée dans l'urne est incorruptible, c'est la nourriture du corps immortel.

Ps.78,24. 25. —«... bien qu'il eût fait pleuvoir la manne...; tellement que chacun mangeait du pain des puissants. » Nos versions rendent exactement le sens de l'hébr. abirim, mais la phrase n'est pas claire et ne se comprend pas : la Vul-gate, l'anglais, et Luther ont « le pain des anges, » ce qui ne se justifie pas par l'usage de la langue ; Hengstenberg paraphrase : le pain venu des lieux habités par les anges ; Durck propose le pain des taureaux, qui d'après l'analogie de Soph. 1, 17., pourrait signifier la viande des taureaux; abirim a en effet quelquefois le sens de taureaux, Ps. 22, 12. 50, 13. 68, 30. Es. 34, 7. Jér. 50, 11., et l'auteur entendrait que, outre la manne, Dieu a aussi donné aux Israélites de la chair à manger, ce qui ne s'accorde ni avec le sens du passage, ni avec l'histoire du désert. Dimock pense qu'au lieu de abirim il faut lire Elohim, ou Abir Jéhovah (cf. Ex. 16,15-16. Jean 6, 33.), et traduire le pain de l'Eternel. Harris enfin prend abirim dans le sens de ailis pour oiseaux, « chacun mangea (outre la manne) du pain,c'est-à-dire de la chair d'oiseaux; il leur envoya de la nourriture à les rassasier. » Mais toutes ces explications sont un peu recherchées, et la traduction française, qui est la plus littérale, n'a besoin que d'être comprise dans le sens du génie de la langue hébraïque : le pain des puissants ou des riches, c'est un pain excellent, ou, d'une manière générale, une nourriture excellente. Dieu envoya aux Israélites la manne, le froment des cieux, tellement qu' (au lieu de disette) chacun avait en abondance un mets très recherché, une nourriture agréable et délicate. L'auteur de la Sapience (46, 20. 21.) dit que la manne s'accommodait tellement au goût de ceux qui la mangeaient, que chacun y trouvait de quoi satisfaire son appétit, et quelques-uns l'ont entendu en ce sens qu'elle prenait pour chacun le goût particulier qu'il désirait y trouver. Josèpbe dit plus simplement qu'elle était si excellente qu'on ne pourrait rien désirer de meilleur; et saint Augustin, qu'elle se conformait au goût de ceux qui en usaient, en faveur des enfants de Dieu, lesquels ne s'en lassèrent pas, tandis que pour les autres elle ne fut plus bientôt qu'un objet de dégoût, Nomb. 11,6.

La manne n'est pas une substance qui soit entièrement inconnue ou perdue : elle se retrouve encore en divers lieux, en Pologne, dans le Dauphiné, en Calabre, en Arabie, sur le Sinaï, sur le Liban, et ailleurs. La plus estimée est celle d'Arabie, espèce de miel condensé qui suinte des feuilles et des branches, et que l'on recueille quand elle a pris une certaine consistance. On peut augmenter de beaucoup la récolte qu'on en fait, au moyen d'incisions pratiquées à l'arbre, et c'est au mois d'août surtout que cette opération se fait avec le plus de succès ; parfois c'est un petit insecte, le coccus, qui se charge de piquer l'arbre avec son aiguillon, et de provoquer ainsi l'écoulement de la résine. Saumaise pense que c'est de cette manne qu'il est parlé dans l'histoire du désert, et que le miracle a consisté moins dans la production même que dans l'a-bondance et la régularité de cette production. Son opinion peut parfaitement se soutenir en ce sens qu'elle n'enlève rien à tout ce qu'il y a eu de miraculeux dans presque tous les détails de cette alimentation providentielle ; en général on peut remarquer dans la plupart des miracles de la Bible, qu'ils ne contrarient pas la nature, qu'ils ne sont pas des monstruosités en dehors du cours des choses; mais qu'ils se distinguent soit par des modifications apportées à certaines lois, physiques, soit par l'accélération d'effets qui se produisent également dans la nature, mais lentement et suivant certaines règles, soit enfin par la multiplication . l'augmentation en nombre ou en volume, des effets que des causes physiques auraient aussi produits, mais en moindre quantité. Admettant que la manne céleste n'ait pas été une création nouvelle, le mi-rac'e reste dans son abondance, sa régularité, sa périodicité, interrompue le sabbat, mais précédée d'une quantité double de nourriture la veille, sa prompte corruption pendant la semaine, et sa conservation au septième jour, sa production au milieu des sables quand d'ordinaire elle ne se trouve que découlant des arbres, etc., tout autant de caractères qui ne sont pas naturels, mais que Dieu a pu miraculeusement ajouter pour un temps à l'une des productions de la nature orientale, les uns pour conserver son peuple, les autres pour l'habituer au respect de la loi qu'il avait donnée. — Disons cependant que les voyageurs donnent à la manne du désert quelques propriétés qui ne rendent pas l'identité absolue. Cette gomme qui découle goutte à goutte ne se laisse ni piler, ni broyer, comme faisait la manne israélite, et de plus elle a une vertu légèrement purgative et affaiblissante, qui se perd, il est vrai, pour celui qui, par un fréquent usage, en a pris l'habitude, comme on sait que l'estomac peut s'accoutumer à une nourriture qui lui est naturellement con-traire.

Les Hébreux et les Orientaux pensent, à l'inverse de Saumaise, que la manne était un miracle, jusque dans la nature même de sa substance, et c'est bien, à toutprendre, l'opinion qui paraît le mieux justifiée par la lettre de l'Ecriture ; mais ils sont tellement jaloux de la grâce que Dieu leur fit en cette occasion, qu'ils vont jusqu'à prononcer l'analhème contre ceux qui ne partagent pas entièrement leur manière de voir à cet égard (A bon Esr. ad Ex. 16, 15.); c'est aller un peu loin.

On peut consulter sur la manne la Physique sacrée de Scheuchzer avec les notes de Donat, la dissertation de Faner, l'Hist. de la manne de Buxtorf, Sauniaise, les Notes de Rosenmuller sur Bochart, le Traité d'Altomare, et un art. dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences, 18i6, t. II, p. 452, séance du 31 août. MANOAH, Jug. 13,2.,deTsorhah, père de Samson. Cet homme faible et craintif, mais bien intentionné, gémissait sur les malheurs que l'idolâtrie de ses compatriotes avait amenés sur la commune patrie, lorsque sa femme,, plus pieuse apparemment, et plus éclairée que lui, vint lui annoncer que sa longue stérilité qui les affligeait l'un et l'autre, allait enfin cesser, et qu'un prophète de l'Eternel lui avait promis un fils; bien plus, ce fils devait être le libérateur d'Israël, et pour le préparer à sa grande et sainte mission, elle devait elle-même observer jusqu'au moment de sa naissance toutes les prescriptions du nazaréat. Manoah, tout ensemble troublé et réjoui, demanda au Seigneur de lui faire voir à lui-même ce messager de bonnes nouvelles, afin qu'il pût apprendre de lui la conduite qu'il aurait à tenir à l'égard de ce fils béni. Bientôt après, en etfet, l'ange apparut de nouveau à la femme, qui alla chercher son mari; mais il ne répondit pas aux questions prématurées de l'humble Manoah ; il se borna à répéter à la femme qu'elle devait, pendant tout le temps de sa grossesse, vivre dans l'abstinence nazaréenne, et Manoah n'insista plus ; mais désireux de retenir auprès de lui ce prophètede l'Eternel, et de l'honorer selon les usages de l'antique hospitalité, il lui offrit un festin; l'ange le refusa, mais engagea son hôte à présenter un holocausteà l'Eternel. L'ange refusa de même de déclarer son nom, car il est admirable, dit-il (cf. Es. 9, 3.}. Manoah qui jusqu'alors n'avait vu dans celui qui lui parlait qu'un simple prophète, ne tarda pas à comprendre que c'était l'Eternel lui-même; car lorsqu'il eut offert son holocauste, et que la flamme s'é-levant de l'autel vers les cieux, l'Eternel y fut monté avec la flamme, Manoah s'é-cria : Certainement nous mourrons, parce que nous avons vu Dieu ! Sa femme comprit mieux que lui, la faveur que cette manifestation divine leur promettait à eux et à leur lils : elle y puisa de nouvelles forces, un nouveau courage, une nouvelle confiance dans la fidélité de celui qui ne peut mentir.—L'enfant naquitau temps indiqué, mais il ne parait pas avoir, dans son éducation, subi ou accepté l'influence de son faible père. Sa jeunesse indomptée et ses fougueuses passions l'éman-cipèrent de bonne heure ; Manoah vécut assez pour voir, sans pouvoir l'empêcher, le mariage de son fils avec, une Philistine, mais son nom qui ne reparaît plus que dans le nom de son sépulcre, 10, 31.. porte à croire qu'il ne fut pas le témoin des derniers excès, de la gloire, et de la conversion de son fils.

L'apparition de l'ange à Manoah rappelle celles dont jouirent Abraham, Jacob et Gédéon : le refus de l'ange de se faire connaître, rappelle le même refus qu'éprouva Jacob dans sa lutte merveilleuse au bord du Jabbok, Gen. 32, 29.

MANTEAU. Ce mot qui a déjà un sens assez vaste dans notre langue, en avait un plus étendu encore en hébreu ; il s'appliquait à plusieurs espèces de vêtements, tunique, manteau, vêtement de dessus, etc. La pièce d'habillement dont il est parlé, Marc 12, 38., à propos des scribes, et qui peut aussi se traduire par manteau, était un large pan d'étoffe, descendant jusqu à la cheville du pied. n. Vêtements.

MARAH (amertume). G Une des premières stations des Israélites dans le désert ; ils lui donnèrent ce nom à cause de l'amertume de ses eaux, Ex. 15,23. JNomb. 33,8. Les voyageurs ne sont pas d'accord sur la situation de ce lieu; Shaw a cru le trouver dans un endroit appelé maintenant Corondel ou Gbarendtl, où coule encore de nos jours un ruisseau dont les eaux sont amères; Niebuhr, dans le Aijun Musa (fontaine de Moïse), à 2 lieues sud-est de Suez, à une demi lieue du golfe d'Arabie ; Burckhardt le place à <IS lieues plus au sud, où il a trouvé une source appelée Howara, dont les eaux sont si amères que les chameaux mêmes refusent d'en boire, à moins qu'ils ne soient très altérés; le même voyageur pense que Moïse se servit des baies du gharcad ou hamra pour adoucir l'amertume de cette source. (Michaélis raconte de même. qu'il y a aux Indes un arbre qui a la propriété de rendre douces les eaux devenues amères). L'opinion de Niebuhr est conforme à la tradition, mais celle de Burckhardt paraît mieux justifiée géographiquement par la marche que suivaient les Israélites ; c'est celle qu'a admise Hsevernick.

2° Ce même nom est employé au duel Marathayim, Jér. 50,21 .,où nos versions l'ont traduit par vous deux, rebelles. Le passage est difficile à entendre, mais il vaut mieux (avec Dahler) le rapporter au pays, et lire: marchez contre ce pays doublement rebelle, ou bien le regarder comme un nom symbolique de Babylone, marchez contre ce pays de Marathayim, ce qui renferme le même sens, mais exprimé d'une manière plus solennelle.

MARBRE. Substance bien connue pour sa dureté et le beau poli dont elle est susceptible. Quatre noms différents paraissent en avoir désigné différentes espèces dans la langue des Hébreux. Shesh ou shish, Cant. 5,15. Est. 1, 6. I Chr. 29, 2.: la version syriaque le traduit par marbre blanc, ce qui s'accorde bien avec la comparaison du Cantique ; il est également probable que ce devait être de cette espèce de marbre qu'étaient faites les colonnes du temple, et David l'aura fait venir des cortiées voisines de l'Arabie; Barris compare le nom de shish avec la montée deTsits, 2 Chr. 20, 16., qu'il pense avoir été la carrière, ou l'une des carrières où les Hébreux choisissaient leur marbre ; mais c'est forcé, et l'hypothèse ne repose sur aucune autre preuve que cette lointaine analogie. Le marbre blanc du palais royal de Suze, était tiré des carrières mêmes du pays, où il se trouve en abondance. Le sochereth, Est. 1, 6., ne peut être déterminé d'une manière bien sûre ; les Septante le traduisent comme le précédent, espèce de marbre blanc. Le bahat, que le syriaque rend de môme, est traduit par les Septante, émeraude, ce qui doit s'entendre non de la pierre précieuse de ce nom, mais d'un marbre nuancé de vert. Enfin le dar (ibid.) est traduit par l'arabe, perle, et par les Septante, pierre de perle ; c'est aussi l'opinion de Bochart, mais elle cadre difficilement avec le contexte : il faut plutôt l'entendre avec Michaélis et Winer, de l'albâtre qui, lorsqu'il est bien travaillé, peut dans une mosaïque faire l'effet de perles enchâssées. Il faut avouer, du reste, que ces significations ne sont que devinées; aucun fll ne peut plus guider dans ces recherches, et les savants y dépensent inutilement leur esprit étymologique et scientifique. — On sait que les anciens attachaient beaucoup d'importance au luxe de leurs planchers, de leurs parquets, et des pavés de leurs cours ou de leurs jardins : nous en sommes venus au pas, disait Sénèque, que nous ne voulons plus fouler que des pierres précieuses. Et Apulée, décrivant le sol des appartements de Psyché, dit que les pierres précieuses dont il était composé, représentaient à l'œil, par leur disposition et la variété de leurs formes et de leur grandeur, des tableaux et des peintures de divers genres.

MARC, l'auteur du second évangile, est probablement le fils de Marie ; cousin de Barnabas, et peut-être comme lui Lévite de naissance, compagnon d'œuvre de Paul et de Pierre, il est désigné dans les Actes sous les noms de Jean Marc, 12,12.25., de Jean. 13,3.13., et de Marc, 15,39. C'est dans la maison de sa mère que les apôtres étaient réunis après la mort de Jacques, lorsque Pierre fut délivré de son cachot et de ses fers, 12, 12. Quelques anciens veulent qu'il ait été au nombre des soixante-dix disciples, et Origène, Procope, etc., ajoutent qu'il se retira pour un temps du Sauveur, de même que Luc, à cause de ce qu'avait dit le Messie : « Si vous ne mangez ma chair, vous ne pouvez avoir la vie en vous-mêmes, » Jean 6, 53. Toutefois cette anecdote n'est rien moins que sûre, et si l'on en croit Irénée et Papias, Marc n'aurait pas connu Jésus, et il aurait été gagné à l'Evangile par la prédication de Pierre. Ce fut Barnabas son parent qui l'introduisit dans la société des apôtres, et on le voit déjà compagnon de saint Paul, lors de son premier voyage missionnaire d'Antioclie dans l'Asie Mineure, 12, 25.13, 5. On ignore pour quels motifs, après avoir suivi ses compagnons de voyage dans l'île de Chypre, à Salamis et à Paphos, il se sépara d'eux à Perge en Pamphylie, 13,13.; mais la manière dont saint Luc parle de cette séparation, 15, 38., semble jeter un certain blâme sur ses motifs, et l'on suppose que celte vie agitée et l'éloignement de | sa patrie, avaient fatigué son zèle encore j jeune, et sa foi encore peu éprouvée, peu habituée aux renoncements de la vie missionnaire. Marc rentra cependant dans la carrière, et probablement après un intervalle qui ne fut pas fort long ; mais saint Paul ne le voulut pas d'abord pour compagnon de voyage, il prit Silas avec lui, tandis que Marc et Barnabas retournaient en Chypre. Aucun détail ne nous est donné sur les résullats de sa mission dans cette île, mais il faut croire qu'elle fut bénie, et qu'il se distingua par un redou-blement de zèle pour faire oublier ses précédentes hésitations ; plus tard en effet, il est rentré en grâce auprès de saint Paul, qui le compte à Borne au nombre de ses compagnons d'œuvre, Philém. 24, le recommande à l'Eglise de Colosses, Col. 4, 10., et prie Timothée de le lui ramener, 2 Tim. 4, 11. 11 paraîtrait que, pendant l'espace de temps qui sépara les deux captivités de Paul, Marc fut le compagnon de Pierre, auquel l'unissait une affection filiale, et qui l'avait auprès de lui quand il écrivit sa première épître, 5, 13. D'autres pensent que le Marc nommé dans ce passage était véritablement un iils de l'apôtre, ce qui serait bien possible, puisqu'il était marié ; mais la tradition n'est pas favorable à cette opinion. D'autres encore, afin de multiplier autant que possible, les saints et les évèques des temps primitifs, et de pourvoir ainsi tous les évêchés, ont distingué trois Mare, le fils de Marie, le fils de Pierre et l'évan-géliste ; c'est encore plus improbable, et cette manière de voir n'a pas même pour elle les apparences. Si, comme on doit le conclure de 2 Tim. 4, 11., Marc assista aux derniers jours de Paul, on peut supposer qu'après la mort de cet apôtre, il revint en Asie, et qu'il y rejoignit Pierre. Une tradition ajoute que Pierre l'envoya prêcher l'évangile en Egypte, qu'il fonda a Alexandrie une Eglise considérable, que ses travaux en divers lieux de la Basse et de la Haute Egypte, et jusqu'à Cyrène, furent couronnés des plus beaux succès, et qu'enfin il fut massacré au milieu d'une fête païenne par les païens d'Alexandrie, irrités du grand nombre de prosélytes qu'il faisait chaque jour, et des attaques victorieuses qu'il avait portées à leur culte idolâtre ; son corps fut brûlé selon les uns, transporté selon les autres à Venise, où un temple magnifique qui porte son nom lui aurait été donné comme mausolée. Tous ces bruits ont leur teinte fabuleuse, et l'on sera d'autant moins porté à y ajouter foi que déjà Cyprien, Tertullien et Augustin refusent à l'Eglise d'Afrique une origine apostolique.

Son Evangile est le second en date : Eusèbe dit que c'est à Rome, à la demande des fidèles de cette église, et sous les yeux de Pierre, qu'il l'a composé. Quelques manuscrits grecs, le perse, l'arabe, et le Pseudo-Damase dans sa vie de saint Pierre, ajoutent, en outre, que cet ouvrage a été primitivement écrit en latin, ce qui est aussi l'opinion de quelques modernes, Selden,Baronius, Bellar-min ; mais il n'est pas même sûr que ce soit en Italie que Marc a écrit, et plusieurs auteurs, cités par Chrysostome, portent que ce travail a été fait en Egypte, et pour l'Egypte. Quant à la part que Pierre a prise à la rédaction de cet évangile, la tradition est assez unanime, au pas que saint Athanase, Eutyche d'Alexandrie, et d'autres pères grecs et orientaux, ont cru que cet apôtre l'avait dicté, et peut-être écrit de sa propre main. Supposé même que Marc eût écrit à Rome pour les chrétiens de cette ville, il ne serait pas prouvé qu'il se fût servi du latin : le grec était connu ; les deux ouvrages de Luc sont en grec, et l'épître aux Romains l'est aussi, sans que personne ait prétendu que Paul eût dû se servir d'une autre langue que celle qu'il parlait ordinairement en s'adressant aux païens. Il y aurait bien un moyen de dé-cider cette question, puisque le texte original de saint Marc se trouve encore actuellement à Venise, où il est soigneusement conservé, depuis 1564 (Calmet), dans un caveau dont la voûte est plus basse, en tout temps, que la mer voisine; mais, malheureusement, ce manuscrit est tellement altéré et illisible, que l'on ne peut pas même en déchiffrer quelques lettres pour voir si elles sont grecques ou romaines. Ce manuscrit (qui est peut-être tout autre chose qu'un saint Marc) est écrit s-ir du papyrus d'Egypte extrêmement délicat, et Montfaucon le fait remonter au moins au quatrième siècle. Cet auteur veut y avoir remarqué des caractères latins ;• mais un autre auteur qui l'avait vu avant lui, et, par conséquent, dans des conditions meilleures et dans une moins grande vieillesse et détérioration, croit avoir distingué des lettres grecques. Ce débat, au reste, n'a plus d'importance, comme il ne se résoudra jamais non plus.

Quant au but que Marc s'est proposé en écrivant son évangile, on croit qu'il a eu sous les yeux le travail de saint Matthieu, et qu'il a voulu le mettre à la portée des lecteurs païens, en en retranchant tout ce qui se rapportait trop exclusivement aux mœurs, aux espérances et aux préjugés des Juifs : il a un but plus catholique que le premier des évangélistes, mais sa couleur, sous ce rapport, est moins prononcée que celle de saint Luc, qui l'a suivi. 11 est, avant tout, historien évangélique ; il raconte ce que le Sauveur a fait, et l'on pourrait donner, pour épigraphe à son livre, ces paroles de saint Pierre, qui fut son compagnon et son père spirituel : « Il allait de lieu en lieu, faisant du bien, » Act 10, 38. Tout est rapide dans son récit, tout est bref, et le mot aussitôt (en grec) se rencontre neuf fois dans le chapitre premier ; il dit les faits, et omet ou abrège les paroles et les discours. Le chap. 1 renferme déjà la mission de Jésus et celle du précurseur, l'effusion du Saint-Esprit sur le Sauveur après son baptême, l'histoire de la tentation, la vocation de quatre apôtres, la guérison d'un démoniaque, celle de la belle-mère de Pierre, l'évangélisation de la Galilée, et la guérison d'un lépreux. H ne fait guère de réflexions, et entre sommairement en matière. Cependant, il ne s'est pas borné à compléter saint Matthieu, et à donner à l'évangile un caractère universel ; il le complète conformément à son plan, et l'on y trouve beaucoup de faits que saint Matthieu n'avait pas rapportés, l'histoire de l'aveugle dont la guérison est progressive. celle du jeune homme enveloppé d'un linceul, qui suit la troupe qui vient d'arrêter Jésus, quelques mots sur Simon Cyrénéen, la pierrerouléeàl'entréedu sépulcre,etc., ainsi qu'un grand nombre d'observations de détail qui donnent du relief à l'action, et trahissent le témoin oculaire qui a dirigé l'auteur, ?. ?. ex. 1, 13. 20. 29. 33. 33. 45. 3, 5. 6. 4, 26. S, S. 13. 26. 6, 13. 10, 46. 50., etc. Il ajoute quelques traits de la vie de saint Pierre, et en omet d'autres qui seraient à l'honneur de cet apôtre, Mat 16, 16. 17, 24. Il ne le nomme pas, non plus que Matthieu, dans l'anecdote de Malchus.

On ne peut rien déterminer sur l'époque de la rédaction : au dire d'Irénée, saint Marc n'aurait écrit qu'après la mort de Paul et de Pierre ; mais, comme la mort de Pierre n'est pas connue, cette vague indication ne suffit pas, et l'on doit, avec Valois, Heidegger, Calmet, consentir à ne rien décider.

MARCHANDS, v. Commerce.

MARCHÉ, v, Forum.

MARDOCHËE, Benjamite de naissance, (ils de Jaïr, et arrière—petit—iils de Kis, l'un de ceux qui avaient été emmenés captifs avec Jéchonias, demeurait à Suze avec Ester, sa cousine, orpheline de père et de mère. Il laissa sa jeune parente courir la carrière des honneurs, et la di-rigea de ses conseils ambitieux, sages et politiques : lui-même obtint à la cour une charge qui lui permit de correspondre avec Ester et de veiller à ses intérêts. C'est pendant qu'il faisait son service à la porte du roi, qu'il découvrit et déjoua une conjuration tramée contre Assuérus : un si grand bienfait avait droit à une bien grande récompense ; mais il fut d'abord oublié, et ce fut plus tard seulement que Dieu le remit en mémoire à celui qui en avait été l'objet. Mardochée nourrissait en son cœur une haine jalouse et violente contre Haman, le favori du roi, haine qui n'avait peut-être d'autre motif qu'un instinct secret, un pressentiment confus, une mystérieuse antipathie, et la crainte devoir cet homme puissant travailler un jour à la perte de la favorite. Orgueilleux d'être Juif, orgueilleux d'être le plus proche parent de la reine, orgueilleux d'àvoir sauvé la vie du roi, orgueilleux de trois titres qui, tous les trois, étaient inconnus ou oubliés, et dont seul il avait la conscience, il portait haut la tête, et refusait de se plier devant le visir qu'il haïssait et qu'il méprisait : il aigrissait imprudemment celui qui, d'un mot, pouvait le perdre, lui et sa nation tout entière. Et bientôt ce mot fut prononcé : dès qu'Haman eut connu l'origine méprisable de ce fils de captif, il demanda et obtint l'édit fatal, irrévocable (Est. 3,12. cf. Dan. 6, 8. 15.) qui ordonnait la destruction de tous les Juifs par tout l'empire, au même jour. Mais Dieu en avait décidé autrement. Le roi, inquiet et agité, ne pouvait dormir : il se fit lire les annales de son règne, et le nom de Mar-dochéelui rappela qu'aucun honneur n'avait récompensé le zèle d'un serviteur auquel il devait la vie. Cependant Mardo-chée avait pris le deuil ; il se promenait par la ville, couvert du sac et de la cendre, remplissant l'air des cris que lui arrachait la proscription de son peuple. Ester, instruite le ces manifestations de désespoir, en fit demander la cause, et Mardochée l'instruisit, et du décret obtenu par Haman contre les Juifs, et de la conduite qu'elle avait à tenir; ses paroles étaient fortes el pressantes : « Qui sait si tu n'es pas parvenue au trône pour un temps comme celui-ci ? » lui disait-il en terminant. Il reparut à la cour, mais refusa, derechef, de se courber devant Haman. Sa mort fut résolue : un gibet fut dressé, et le favori, invité ce jour-là chez la reine, et devant y retourner le lendemain, se proposait de faire pendre le Juif entre les deux repas ; mais le roi le fit mander de bonne heure : Haman, qui se croyait arrivé au faîte de la grandeur, concourut, sans le savoir, à l'éléva-tion de Mardochée, et dut lui-même le revêtir, et le promener en triomphe par les rues de la ville. Le règne d'Haman finissait, celui de Mardochée commençait. Après tous ces honneurs, Mardochée retourna humblement à son poste ; c'est aussi là que l'appelait son devoir, et sa présence à la porte du roi ne fut pas sans influence sur la scène qui se passa le soir au jardin, après la collation, et qui se termina par la disgrâce et la mort d'Haman. Dès lors la parenté d'Ester et de Mardochée, bien loin d'être compromettante pour la première, fut un titre de plus à l'estime et à l'affection royale. Assuérus, ayant éprouvé la fidélité de l'un et de l'autre, dut désirer de s'attacher Mardochée, sûr de trouver en lui un soutien du trône ; il lui remit l'anneau royal, et le nomma grand visir à la place de son prédécesseur. Ester, en même temps, lui confia l'intendance des immenses propriétés d'Haman, qui avaient été confisquées. Mardochée se servit du pouvoir en faveur de ses coreligionnaires, et ne pouvant annuler un décret royal par un autre, ne pouvant révoquer l'ordre de destruction qui avait été envoyé contre les Juifs, il le neutralisa en pré-venant ceux-ci, et leur permettant de s'armer pour leur défense. Dans cette lutte, les Juifs furent les plus forts, et probablement aussi les plus acharnés; ils tuèrent 78,000 hommes dans un seul jour, et le lendemain, par une faveur spéciale et exceptionnelle, le roi fit pendre les dix fils d'Haman pour plaire à Ester, à qui, sans doute, Mardochée l'avait demandé afin d'étouffer toutes les ambitions d'une famille rivale. Le premier ministre ne prévoyait pas sans doute autant de meurtres et d'assassinats; il n'avait voulu que sauver les Juifs, et si les passions profitèrent de la lettre d'un décret pour se baigner dans le sang, il serait injuste de l'en rendre entièrement responsable. D'un caractère fort et altier dans l'abaissement, mais toujours jaloux de la dignité de sa nation, et poursuivi de l'idée qu'il doit veiller à la sûreté de ses frères, confiant aussi peut-être dans des prophéties qu'il entend mal, ou dont il veut forcer et hâter l'accomplissement, ambitieux pour les siens plutôt que pour lui-même, il proteste, au péril de ses jours, contre une iniquité, et ne craint pas même de hasarder le bonheur et la vie de sa parente : il veut qu'au jour de la détresse on se mette à la brèche, et Dieu récompense sa courageuse fidélité. Comblé d'honneurs, serviteur d'un roi païen, il se montre toujours le représentant des Juifs, et leur assure dans l'empire une position tranquille et honorable. La faveur populaire ne lui défaut pas plus que la confiance royale, et des cris de joie saluent son avènement au pouvoir.

Quant à la chronologie de cette histoire, le livre d'Ester nous offre trois dates : Vasti fut répudiée la troisième année d'Assuérus (cf.) 1, 3.; quatre ans après, dans la septième année de son règne, Assuérus épouse Ester, 2, 16., et le décret de destruction est lancé dans sa douzième année, 3, 7. L'année où Mar-docliée découvrit le complot des deux eunuques n'est pas déterminée, et les paroles, 2, 49., ne jettent aucun jour sur la question. Il n'y eut, entre le décret de destruction et celui de la révocation, qu'un intervalle de deux mois et dix jours, et nous pouvons apprendre de là que, même dans les circonstances les plus critiques et les plus désespérées, le peuple de Dieu peut toujours se confier, avec assurance, en celui qui seul dispose des événements, et qui a promis que les portes de l'enfer ne prévaudront jamais contre son Eglise.

MARÉSA, Jos. 15, 44., ville des plaines de Juda, que Roboam fit, plus tard, fortifier, 2 Chr. 11, 8, cf. 14, 9. 40. Mich. 1, 15. Il en restait encore quelques ruines au temps d'Eusèbe. Josèphe en fait une possession des Iduméens, mais quileur fut enlevée, plus tard, par Alexan-dre (Ant. 12, 8, 6. cf. 13, 15, i.).v. Moréseth.

MARIAGE. Chez les Hébreux, comme en général chez les Orientaux, et de nos jours encore, c'étaient les pères, et, à leur défaut, les mères, qui arrangeaient seuls les mariages de leurs enfants, de sorte qu'il arrivait souvent que ceux-ci étaient fiancés avant de s'être jamais vus. Ordinairement la famille du fils faisait les premières démarches, et offrait une dot pour le prix de la jeune fille, vieille et universelle coutume toujours justifiée par les circonstances, que l'on retrouve chez les Grecs de l'antiquité, chez les Germains, les Babyloniens, les Assyriens, et maintenant encore en Arabie et dans le Kurdistan, ainsi que chez presque tous les peuples de l'Asie. Cette dot variait naturellement suivant la fortune et la condition des familles : un minimum de 50 sicles est indiqué, Deu 22, 29., et n'a pas même toujours été donné, Os. 3, 2. D'autres fois l'époux devait, par son travail, mériter sa fiancée ; d'autres fois encore, celle-ci apportait elle-même quelque portion de bien que son père lui donnait. Qu'une femme eût à s'occuper de la recherche d'un mari, c'était considéré, par les Orientaux, comme une véritable calamité, et c'est dans ce sens qu'on peut comprendre Es. 4,1. Le consentement des frères, notamment du frère aîné, paraît avoir été aussi requis pour le mariage de leurs sœurs. Le contrat était passé verbalement entre les parents en présence de témoins ; quelquefois le serment intervenait, Mal. 2, 14.; ce ne fut que plus tard, après les jours de l'exil, que les contrats par écrit furent connus. On trouvera ces détails sur le mariage chez les Hébreux, Gen. 21, 24, 29, 34, et 38; Exod. 22; Deu 22; Jos. 15; Jug. 1, et 14; 1 Sam. 18 ; 2 Sam. 3; I Rois 2, et 3; Tobie 7; cf. Iliad. 11, 224. Odyss. 3, 281. 8, 318. Tac. Germ. 8; Hé-rod. 1, 196. 6, 127. Diod. Sic. 4, 42.64.

Il était, jusqu'à certain pas, permis à un homme d'avoir plusieurs femmes, v. Concubines, et Polygamie.

Les mariages étaient défendus, d'abord entre les Israélites eux-mêmes, dans certains cas de proche parenté, par consanguinité ou par alliance, Lév. 18 et 20, Deu 27, Jos. Ant. 3, 12, 1., et cette prohibition avait pour sanction, quelquefois la peine de mort, d'autres fois une simple peine théocratique, la privation d'enfants, soit qu'on doive l'entendre d'un simple vœu de malédiction prononcé par le législateur, soit que Dieu rendît tout inceste stérile, soit enfin que la loi refusât de reconnaître ces enfants comme légitimes. Une pareille défense reposait sur le besoin de garantir les familles qui eussent été trop facilement envahies par l'impureté, de protéger les filles et les sœurs contre des passions qu'un contact habituel, intime et familier, eût embrasées facilement si le mal n'eût été coupé d'avance dans sa racine, et si les esprits n'eussent été détournés par une loi positive, de nourrir avec complaisance un amour plutôt sensuel et voluptueux que conjugal ; c'était, en outre, une barrière de plus, élevée entre le peuple juif et les nations qui l'entouraient, depuis l'Egypte jusqu'à la Syrie, où les mariages entre les plus proches parents n'étaient pas rares: la Grèce et l'Italie avaient déjà, sous ce rapport, des mœurs moins relâchées. On ne peut guère s'expliquer comment la princesse Tamar peut parler de la possibi'ité d'une union entre elle et son beau-frère Amnon, 2 Sam. 13, 13.: ce n'était peut-être, dans sa bouche, qu'un moyen de chercher à se soustraire à ses violences. — On voit, du reste, par Ezéch. 22, 41., que les Israélites ne respectèrent pas toujours cette loi morale, et cela n'a rien d'étonnant lorsqu'on songe à tous les autres crimes auxquels les poussa leur sensualité orientale. Les Hérodes, en particulier, ne se firent pas faute d'alliances défendues, et l'on en voit un épouser la fille de son frère, Jos. Ant. 12, 4. 6. 17, 1. 3. etc. cf. Mat 14, 4. Tacit. Hist. S, S. 2. On se montra lâchement tolérant avec les prosélytes, et, sous prétexte que pour eux les liens du sang avaient été rompus par leur conversion, on leur permit des alliances monstrueuses, cf. 1 Cor. 5, 1. — Sur les conditions relatives au mariage des prêtres, ?. cet article. — Les tribus pouvaient s'allier l'une à l'autre; il n'y a qu'une seule restriction à cet égard, relative aux héritières, qui devaient se marier dans leur tribu pour maintenir intacte la division des propriétés et des terri-toires, Nombr. 36, 6. cf. Tob. 4, 3. (Une disposition semblable existait chez les Athéniens). On remarque enfin que, dans l'antiquité juive, comme de nos jours encore en Orient, les familles aimaient à maintenir leur unité par des mariages contractés entre parents aux degrés autorisés, Gen. 24, 4. 48. 26, 34. 28, 1. 8. 29, 19.; pour les patriarches, un motif religieux se joignait aux motifs x d'affection ; ils tenaient et devaient tenir à ce que la vérité divine, qui leur avait été confiée, ne fût pas altérée par le contact de femmes païennes et idolâtres ; la même chose se voit encore en France ou des familles protestantes, dispersées dans un grand nombre de villages, sont presque toutes parentes entre elles, et ne forment guère d'alliances au-dehors.

Les mariages entre les Israélites et les Cananéens étaient de même formellement prohibés, quoique les premiers pussent épouser des femmes étrangères; les Cananéennes seules étaient exclues, et les autres devaient en outre être naturalisées, Ex. 34, Deu 7 et 21, Gen. 24, 3. 28, 1. Ruth, 1,4.4, 13. Nomb. 12; 1 Chr. 2, 17. 1 Rois 3, 1. 14,21., etc. (cf. Jug. 3, 6. 14, 1. 1 Rois 11, 1. 16, 31.). Mais après l'exil, un rigorisme nouveau et légitime s'introduisit dans les mœurs ; on comprit que ces alliances étrangères, quoique permises, tendaient à compromettre la foi et le monothéisme ; les prophètes, les législateurs, le peuple se prononcèrent énergiquement dans ce sens, Esd. 9, 2. 10, 3. Néh. 13, 23 (cf. Jug. 3, 6.).

Sur un cas de mariage voulu par la loi, v. Lévirat.

De secondes noces n'étaient pas réputées très honorables chez les Grecs et chez les Romains, surtout de la part des femmes, Virg., En. 4, 23. Diod. Sic. 13, 12. Les Juifs pensaient de même, cependant ils étaient moins prononcés, et les pharisiens eux-mêmes avaient quelque tolérance sous ce rapport ; le prêtre Josèphe, après avoir renvoyé sa première femme, procéda sans scrupule à un second mariage ; mais on regardait cependant comme plus conforme à la sainteté de la vie et au respect dû à la femme de ne pas se remawer, cf. Luc 2, 36. 1 Cor. 7, 8. Cette question a été l'objet de vifs débats dans l'Eglise primitive ; elle a fini par être résolue dans le sens naturel, l'Ecriture ne renfermant aucune prescription positive à cet égard : les premières noces étaient appelées lex (la règle), les secondes jus (le droit), les troisièmes avaient obtenu moins de faveur.

Les esséniens se distinguèrent par leur mépris pour le mariage, et c'était se distinguer, en effet, au milieu d'un peuple qui regardait la vie de famille, non seulement comme honorable, mais comme i ordonnée de Dieu, Gen. \, 28. cf. 1 Tim.

4, 3. L'âge de dix-huit ans était tixé par les rabbins pour le mariage d'un homme; une femme pouvait se marier depuis douze à treize ans, et devait le faire au plus tôt.

Quelques récits ou paraboles du Nouveau Testament renferment des allusions aux coutumes pratiquées par les Juifs dans les noces et dans les fiançailles, ainsi Luc 14, Jean 2, Mat 25 et 22, cf. Ps. 4o, Jug. 14, Ezéch. 16, 12., etc. W. Jowett's missionary researches; missSar-doe, City of the sultan; Hartley's Christian Researches; Maltby, Coutumes bibliques, Lamartine, Chateaubriand, etc. —v. encore les articles Adultère, Divorce, La-ban, Eve, Femme, etc.

MARIE (bébr. Mireyam, leur rébellion).

1° La sœur aînée de Moïse et d'Aa-ron, fille ou descendante comme eux de Hamram et de Jokébed, de la tribu de Lévi, Nomb. 26, 59. 1 Chr. 6, 3. Elle veilla sur le sort de son plus jeune frère déposé dans un cotfret de jonc parmi les roseaux du Nil, Ex. 2, et sut avec autant de grâce que de présence d'esprit, rendre à sa mère le fils qu'elle croyait perdu. Plus tard elle mérita le titre de prophétesse, et rassemblant sur l'autre rive de la mer Rouge les femmes d'Israël au son du tambourin, elle chanta un cantique de délivrance et les actions merveilleuses de l'Eternel en faveur de son peuple, Ex. 1S. Une tache apparaît dans sa vie et s'ajoute à tous les exemples qui prouvent que les personnes les plus saintes sont encore sujettes à faillir ; elle eut avec sa belle-sœur, la femme de Moïse, une contestation dont l'écrivain sacré ne nous dit pas la nature ; peut-être que jalouse de l'autorité de Moïse, et n'osant l'attaquer directement, elle reproche à la femme Cushite sa qualité d'é-trangère, afin de faire rejaillir sur son frère la honte d'une alliance antithéocra-tique et indigne de lui. Aaron se joignit à sa sœur, ils parlèrent mal de Moïse, s'élevèrent contre son autorité, et se prévalurent des grâces que Dieu leur avait faites pour méconnaître le pouvoir législatif et civil que Dieu n'avait donné qu'au seul Moïse. Leurs paroles répétées dans le camp risquaient d'être accueillies avec trop d'empressement par les Israélites

toujours disposés à se révolter contre leur chef, et Dieu ne fit pas attendre son jugement; Marie et ses frères durent comparaître au tabernacle d'assignation, et la vengeance divine frappa d'une lèpre subite la sœur qui, dans son âge avancé, n'avait pas craint de troubler par ses mé-disances la paix d'une famille, et par son ambition l'ordre du camp d'Israël, Nomb. 12, cf. Deu 24, 9. Mais à la requête de Moïse, la santé lui fut rendue, elle fut nettoyée de la lèpre, et les formalités nécessaires à la purification des lépreux, un exil de sept jours hors du camp, furent la seule peine de sa révolte. Elle mourut au désert de Tsin, quelque temps avant la fin du grand voyage, après avoir vécu cent vingt ans avec le frère dont elle avait été la jeune libératrice; on peut croire qu'elle avait au moins cent trente ans. Josèphe la fait épouse de Hur l'ami de Moïse. — Quelques auteurs rapportent à la mort très rapprochée de Marie et de ses deux frères ce qui est dit Zach. 11, 8. « Je supprimai trois pasteurs en un mois, car mon âme s'est ennuyée d'eux. » Les noms de ces trois grandes autorités sont rappelés et réunis, Mich. 6, 4.; mais il ne paraît pas que Marie ait joui elle-même d'une autorité autre que l'autorité naturelle que lui donnaient ses relations d'intime parenté avec le chef et le souverain pontife d'Israël. — Eusèbe dit qu'on montrait encore de son temps le tombeau de Marie à Kadès.

2° Marie, fille de Méred, inconnue, 1 Chr. 4, 17.

3° Marie, fille d'Héli et mère de Jésus : épouse fiancée à Joseph, mais encore vierge, elle vit s'accomplir en elle les antiques promesses faites à la maison de David, et servante de l'Eternel, cette humble femme donna la nature humaine à celui qui, à la fois homme et Dieu, devait délivrer les hommes de leurs péchés en vivant et en mourant pour eux. Dans une visite à sa cousine Elisabeth, qui portait comme elle en son sein un gage de la faveur divine envers elle et envers tous les hommes, elle composa le cantique si humble et si triomphant qui porte son nom, et qui rappelle les paroles d'Anne, la mère de Samuel ; puis lorsque le moment de la délivrance de sa cousine fut proche, Marie revint à Nazareth où elle habitait, et où elle se proposait d'attendre dans la retraite les jours de sa gloire; mais l'oracle deMichée, 5, 2., devait s'accomplir, et César Auguste, en ordonnant le recensement de la Judée, contraignit Joseph de se rendre à Bethléem, où Marie le suivit, soit qu'elle ne voulût pas se séparer de son époux dans les circonstances où elle se trouvait, soit qu'elle dut aussi, comme fdle unique, héritière et propriétaire d'un immeuble dans sa tribu, se présenter elle-même au lieu où elle pos-sédait. Mais son terme était accompli, elle enfanta dans une étable son fils premier-né, qui n'eut qu'une crèche pour berceau, et dont la royauté terrestre ne devait pas avoir un lieu où reposer sa tête. Cette humble fin de tant de glorieuses espérances devait être une déception pour Marie, qui ne comprenait pas encore la nature de la gloire et de la grandeur de Jésus; mais les manifestations célestes qui présidèrent à défaut de pompes terrestres à la naissance de l'en-fant, furent pour la mère un enseignement qu'elle garda dans son cœur et qui lui devint clair plus tard, bien qu'elle soit restée de longues années encore avant de comprendre les mystères qui l'entouraient (Luc 1, et 2,). Après avoir vu les mages d'Orient s'humilier aux pieds de son fils, et lorsqu'elle eut accompli les quarante jours de purification exigés des jeunes mères par la loi de Moïse, Lév. 12, 2., les jours de tribulation commencèrent pour elle; divinement avertie, elle partit pour Jérusalem, où elle offrit dans le temple le sacrifice des relevailles, et le vieux Siméon, heureux de tenir dans ses bras le gage de la rédemption d'Israël, bénit son jour, mais ne cacha pas à Marie les peines qu'elle aurait à souffrir et l'épée qui devait percer son âme. Elle passa de Jérusalem en Egypte, où elle attendit la mort du tyran qui eut lieu dans le courant de la même année. Lorsque Jésus eut atteint l'âge de douze ans, sa mère, qui se rendait selon l'usage à Jérusalem pour y célébrer la Pâque, le perdit de vue et ne le retrouva qu'après trois jours de recherches; usant de son autorité maternelle, elle crut pouvoir adresser à l'enfant dé tendres reproches, expression des inquiétudes auxquelles elle avait été en proie, mais elle ne comprit pas la réponse du Messie, sa justification et la revendication de ses droits dans l'exécution de ses devoirs. 11 ne paraît pas même que dans les dix-huit années qui suivirent, elle ait fait des progrès dans la connaissance et dans l'intelligence de la vérité éternelle, car aux noces de Cana, où nous la retrouvons pour la première fois après ce long intervalle, elle s'attire de la part du Sauveaur des paroles où l'on est obligé de reconnaître quelque dureté, Jean 2, 1-4. (cf. Jug. Il, 12. 2 Sam. 19, 22. 2 Rois 9,18. etc.); c'est ainsi que l'ont entendu les pères de l'Eglise les plus distingués, Chrysostome, Augustin, Théophylacte, Origène et Cal-met lui-même. Marie n'eut jamais aucune part au ministère de son fils, et lorsque Jésus fut appelé, soit par une folle béatification que l'on voulait faire de sa mère, soit à propos d'une interruption qu'elle occasionna en se présentant avec ses autres fils pendant que la foule, attentive à ses discours, l'environnait et l'écoutait avidement, à parler de celle à qui il devait son corps et sa nature humaine, ce fut pour répondre la première fois : « mais plutôt heureux ceux qui entendent la parole de Dieu et qui la pratiquent, Luc M, 28., » et la seconde fois : « Qui est ma mère et qui sont mes frères ? quiconque fera la volonté de mon père qui est aux cieux. » Mat 12, 48. Marc 3. 38. Luc 8, 21. —Cependant l'époque où le Fils de l'homme devait être glorifié, approchait ; Marie toujours bornée dans ses espérances, dans ses désirs et dans ses vues sur la grandeur de son fils à qui un trône était promis, n'était pas préparée aux scènes douloureuses dont elle devait être témoin ; elle monta encore de Nazareth à Jérusalem pour y faire la Pâque, et l'oracle de Siméon s'accomplit, qui lui avait annoncé qu'une épée percerait son âme; elle accompagna vers le lieu du supplice le fils qu'elle avait tant aimé sans le comprendre ; elle se tenait là avec ses pieuses compagnes ; elle regardait de loin, Mat 27, K5. Marc 10.40. Luc 23, 49., et s'étant approchée pour recueillir en silence le dernier soupir du Juste condamné, elle eut le bonheur d'entendre encore sa voix qui la recommandait au disciple bien-aimé, léguant à celui-ci une mère, à celle-là un fils, Jean 19, 26. Elle se retira en effet chez saint Jean, et la tradition porte qu'elle passa onze années sous son toit hospitalier; son nom se retrouve, Act 1, 14. avec celui des disciples réunis en prières après l'ascension du Christ res-suscité ; dès lors il n'en est plus question ni directement, ni indirectement dans aucun des livres du Nouveau Testament, dans aucune des vingt et une épîtres, qui traitent cependant de tous les dogmes et de toutes les vérités religieuses, non plus que dans la description que saint Jean (Apocalypse) nous fait de la demeure des bienheureux. Le silence de l'Ecriture sous ce rapport, est la meilleure réponse à la doctrine mariolàtre de l'Eglise romaine. On ne sait, ni où, ni quand mourut Marie, mais elle devait avoir plus de soixante ans ; on ne sait pas non plus comment les papistes ont pu se procurer tout le lait qu'ils montrent de la sainte Vierge, et comme dit Calvin, elle eût été vache, et nourrice toute sa vie, que l'on comprendrait encore difficilement la prodigieuse quantité que l'on en vend en tant de lieux. Il est affligeant pour le christianisme que M. de Chateaubriand ait osé parler de cette beauté qui s'interpose entre Dieu et les hommes ; nous voulons aussi appeler Marie bienheureuse, mais c'est parce-qu'elle a été reçue en grâce, parcequ'elle a eu un Sauveur; le silence des livres saints, aussi bien que la manière dont ils parlent de Marie, quand ils le font, doit nous rappeler qu'un seul est adorable, qu'un seul est intercesseur. Sur la question de controverse, ?. A. Bost, Ador. de Marie; Malan, Commentpourrais-je, etc.; Puaux, Anat. du Pap.; Roussel, Portrait de Marie, et plusieurs autres ouvrages et brochures.

"L'Ecriture Sainte se montre étonnamment réservée et avare de détails quand il s'agit de parler de la Vierge, il en est d'ailleurs de même pour ce qui touche à la nature des anges et à la gloire du Paradis céleste." - Saint Laurent de Brindisi.

4° Marie Magdeleine (Magdala), Mat 9 et 28, Marc 13 et 16, Luc 8, 23, et 24, Jean 19 et 20. Elle est toujours, sauf Jean 19,25, nommée la première parmi les pieuses femmes qui accompagnaient le Christ et qui le soutenaient de leurs dons, même avant la femme de Chuzas intendant d'Hérode, et l'on en a conclu qu'elle appartenait probablement à la haute classe de la société, et qu'elle jouissait d'une fortune assez considérable ; rien du moins ne peut faire croire le contraire. Elle fut délivrée par la puissance du Sauveur, de sept esprits immondes dont elle était possédée, et cette délivrance fut pour elle une naissance nouvelle; dès lors, pleine de reconnaissance, elle se dévoua sans réserve à son maître, et le suivit jusqu'au calvaire et dans le jardin de Joseph. Elle voulut contribuer ou pourvoir aux dépenses de l'embaumement, et se rendit de bonne heure au tombeau le lendemain du sabbat ; mais la pierre était roulée, et le corps n'y était plus. Les femmes qui n'ont pas encore aperçu les anges gardiens, s'inquiètent et s'étonnent ; Marie court à Jérusalem avertir les apôtres (Jean 20,), et revient au sépulcre, où elle ne trouve plus personne que les deux anges qu'elle ne reconnaît pas, et à qui elle confie le secret de son angoisse ; et quand Jésus lui-même s'approche, encore toute troublée, elle le prend pour le jardinier, le supplie de lui rendre le corps de son maître, et ne le reconnaît que lorsque sa voix bien connue et pénétrante, l'appelle de son nom, Marie ! Elle se jette alors à ses pieds, qu'elle embrasse en s'écriant : Rabboni ! Mon maître! Mais il la relève et lui dit : ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers mon père (v. 17).

Ici s'arrête son histoire ; la tradition ajoute, mais sans le moindre fondement, que c'est elle qui, pauvre pécheresse, après une vie d'impuretés, trouva son pardon aux pieds de Jésus qu'elle oignait de nard pur en les arrosant de ses larmes, Luc 7, 37. Il suffit de se rappeler que la pécheresse était de Nain et non de Magdala. La tradition (Nicéphore), fait venir Marie Madeleine à Rome, et raconte qu'après avoir porté plainte contre Pilate, elle se retira dans les Gaules comme évangéliste.

Le caractère de Marie Madeleine est un des plus purs portraits de femme du Nouveau Testament, et son amour pour le maître est empreint d'intelligence, d'élévation, et d'un christianisme réellement évangélique.

5° Marie, femme d'Alphée ou Cléopas, Jean 19,25., et mère de Jacques le Mineur, de Joses, de Simon et de Jude. Elle était sœur de la mère de Jésus, et compta parmi les pieuses femmes qui assistèrent le Sauveur pendant sa vie, le suivirent au Calvaire, se rendirent au sépulcre pour l'embaumer, et annoncèrent sa résurrection aux apôtres, Mat 27 et 28, Marc 15 et 16, Luc 23 et 24. Trois de ses fils devinrent apôtres, Joses seul ne le fut pas. D'après d'autres passages, ces quatre enfants auraient été fils de Marie, femme de Joseph, Mat 13, 55. Marc 6, 3., et l'apôtre Jean, 7, S., leur rend le triste témoignage qu'ils ne croyaient pas en Jésus ; ?. Jacques. Sur cette question à laquelle les romanistes ont donné plus d'importance qu'elle n'en a réellement, nous croyons qu'un mot peut suffire ; Jésus était le fils unique du Père, il n'est

I pas le fils unique de Marie, mais son premier-né, Mat 1, 25. Luc 2,7. Ceci est positif, peu importent les noms de ses frères ; et si les deux sœurs, si les deux Marie ont porté le même nom, il est possible qu'elles aient aussi donné à leurs enfants des noms semblables.

6° Marie, sœur de Lazare et de Marthe, Luc 10, 39. Jean 11 et 12. Dans une visite, peut-être la première, que Jésus fit à la famille de Béthanie, Marie était assise aux pieds du Sauveur, écoutant sa parole, et se réjouissant de la vérité; Marthe, plus vive, plus extérieure, et s'occupant de recevoir de son mieux un hôte, si cher et si vénéré, voyait avec impatience le calme de sa sœur, mais Jésus rendit à celle-ci ce beau témoignage: « Marie a choisi la bonne part qui ne lui sera pas ôtée, » parole qui se rapportait tout ensemble à la bénédiction du moment, et aux bénédictions à venir, à l'avantage de recueillir les instructions du maître, et au salut qui devait en découler pour la femme disciple.

Lorsque Lazare fut mort, Marthe courut au devant du Seigneur ; Marie l'attendait, mais quand elle sut que Jésus la demandait, elle s'empressa de se rendre à son invitation, et se jetant à ses pieds, sans beaucoup de raisonnements ou de paroles, elle dit seulement : Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort. Au tombeau de son frère, oppres-sée peut-être par la douleur, en même temps qu'agitée par l'espérance, et soutenue par la foi, elle garda le silence, mais un silence plus significatif que toutes les paroles de sa sœur. Peu de jours après la résurrection de son ami Lazare, Jésus étant encore à Béthanie où tant de sou-venirs et tant d'affections l'attiraient, il fut invité à un repas chez Simon dit le lépreux: là, Marie qui célébrait avec les autres convives la résurrection de son frère, sut plus qu'eux tous, plus même que les apôtres, rendre la gloire à celui à qui appartient la gloire, et répandit sur la tête et sur les pieds du Sauveur un parfum précieux qui avait été destiné peut-être à la sépulture de Lazare, et essuya de ses cheveux les pieds qu'elle venait d'honorer ainsi.

Un témoignage si naturel de reconnaissance fut cependant mal com- \ pris et mal interprété; plusieurs disciples s'indignèrent, et Judas forma le projet de livrer son maître ; mais Jésus justifia la pieuse chrétienne, et profita de cette circonstance pour rappeler aux siens que dans peu de jours il marcherait lui-même à la mort, et que son ccrps réclamerait à son tour les honneurs de la sépulture que Marie venait de lui rendre d'une manière anticipée et sans le savoir. —Cette onction des pieds de Jésus ne doit pas être confondue avec celle qui est racontée Luc 7, 37. sq. Dans l'une et l'autre occasion, du reste, c'est un personnage autre que le chef de la maison qui donne à Jésus cette preuve d'hommage et d'amour; on ne saurait donc y voir l'acte ordinaire de la politesse et de l'hospitalité dont il fallait user avec tous les convives, mais un témoignage extraordinaire de reconnaissance et de dévouenent, v. Bonnet, Famille de Béthanie, et le Sermon de Saurai sur ce texte.

7° Marie, mère de Marc, et ainsi tante de Barnabas, Act -12,12. cf. Col. 4, 10. C'est dans sa maison que Pierre se rendit après être échappé de la prison, parce qu'il était sûr d'y rencontrer plusieurs frères qui s'y réunissaient ordinairement pour prier. Elle n'est connue que par ce détail, mais on en conclut qu'elle jouissait d'une certaine considération auprès des apôtres, et que peut-être elle était riche, et membre d'une famille distinguée.

8° Marie, femme disciple de Rome, à laquelle Paul rend un beau témoignage, Rom. 16, 6., mais du reste inconnue.

MARTHE, sœur de Lazare et de Marie, Luc 10, 38. 40. Jean 11,1.5. 20. 12, 2. Active, résolue, et plus intelligente d'abord des intérêts de la terre que de ceux du ciel, elle met de l'empressement à bien servir Jésus qui vis ite sa famille ; elle veut l'honorer, mais elle s'y prend mal, et le Seigneur doit justifier Marie en adressant à sa sœur ces paroles d'un reproche bienveillant : Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et t'agites pour beaucoup de choses ; mais une seule est nécessaire ; or, Marie a choisi la bonne part qui ne lui sera pas ôtée. A la mort de Lazare,

Marthe montre le même empressement extérieur; elle accourt au devant du Christ, et le reçoit avec des paroles douloureuses en même temps que pleines de confiance. Prompte à répondre, elle veut toujours paraître avoir compris, et quand le Seigneur lui annonce la résurrection de Lazare, elle répond : Oui, je sais qu'il ressuscitera au dernier jour : mais quand le Seigneur eut déclaré qu'il était lui-même la résurrection, elle confessa franchement sa foi, et rendit témoignage à l'esprit qui l'animait. Sa profession rappelle celle de Saint Pierre, comme son caractère celui de cet excellent apôtre. Enfin, près du tombeau, dans son zèle peu sage, elle fait remarquer que le corps sent déjà, et si ses scrupules eussent été écoutés, Lazare fut resté dans le sépulcre ; à force d'une fausse prévenance pour le Seigneur, elle eût rendu à la mort celui qui devait ressusciter à la gloire de celui qui est la vie. D'anciennes traditions portent qu'elle était veuve de Simon le lépreux, et qu'elle passa plus tard dans les Gaules avec son frère Lazare. Son caractère qui est assez généralement jugé d'une manière défavorable, doit au contraire être relevé ; trop vif sans doute il a les défauts de la vivacité, mais il en a aussi les avantages ; très accessible à toutes sortes d'impressions, Marthe ne garde que les bonnes ; elle aime à servir, à se dévouer, et si elle est sans connaissance, au moins elle a du zèle, et c'est quelque chose. Notre Seigneur l'a quelquefois blâmée, mais il ne lui a pas retiré son affection, et ses leçons n'ont pas été perdues pour son humble servante. Sans aller aussi loin que Schulthess qui met Marthe beaucoup au-dessus de Marie, on peut, je crois, ne pas la mettre beaucoup au-dessous ; il y a diversité de dons; chez Marie, on remarque plus la foi, chez Marthe, les œuvres.

MASRÉKA. chef de famille, et tribu ou ville des Edomites, Gen. 36, 36. 1 Chr. 1, 47.

MASSA (tentation), ?. Méribah.

MATTAN, sacrificateur de Bahal sous le règne impie d'Hathalie, fut tué devant les autels de ses dieux, lorsque le peuple revenu à lui-même rendit à Joas le trône de ses pères, 2 Rois 11, 18. 2 Chr. 23,

17. A la fois prêtre de divinités étrangères et soutien d'une couronne usurpée, il périt selon les menaces de la loi, Deu 18,20. Ex, 22, 20.

MATTANV un des campements des Israélites dans le désert ; u était près des frontières de l'Arabie et de Moab. Nomb. 21, 18.

MATTHAN un des ancêtres de Jésus par Joseph, Mat 1,15., inconnu.

MATTHANIA v. Sédécias.

MATTHAT deux hommes de ce nom, Matthata, et deux Matthatie, ancêtres de Jésus par Marie, mais inconnus, Luc 3, 24.25.26.29.31.

MATTHIAS (Act 1,23) L'un des deux disciples que les apôtres choisirent, et sur lesquels ils jetèrent le sort pour trouver le successeur de Judas lscariote. Quelques-uns pensent que c'est le même que Nathanaël, Jean 1, 43. Il résulte des paroles de saint Pierre, Act 1, 21. 22-, que Joseph et Matthias avaient été au nombre des soixante-dix disciples, et l'honneur que leur font les apôtres prouve que ces deux hommes s'étaient distingués dans leur mission par leur foi, leur zèle et leur piété. Matthias fut élu et admis au nombre des douze, mais il reste dès lors ignoré, et c'est une question de savoir si les apôtres, en procédant comme ils ont fait, ont agi par l'esprit de Christ; saint Paul, qui ne se montre que plus tard, apparaît comme étant véritablement le douzième apôtre, appelé par le Seigneur lui-même à compléter le collège apostolique, et devenant le plus puissant instrument dans la main de Dieu. L'auteur sacré ne paraît pas jeter le moindre blâme sur cette élection par le sort, et nous voyons qu'elle fut précédée de la prière, mais il faut se rappeler aussi que les apôtres n'avaient pas encore reçu l'effusion du Saint-Esprit, et que leurs actes officiels n'avaient par conséquent pas toujours à cette époque une sanction divine et spirituelle. Si donc c'est une question, ce n'est que cela, et personne ne peut la trancher, ni en blâme, ni en approbation. — Eusèbe et Clément d'Alexandrie mentionnent un ou deux ouvrages apocryphes de Matthias, un évangile, et peut-être des mémoires; les traditions varient sur son genre de mort : quelques-uns disent qu'il évangéiisa la Judée et que les Juifs le lapidèrent; d'autres lui font souffrir le martyre en Ethiopie, d'autres enfin prétendent qi'il fut décapité en Macédoine.

MATTHIEU aussi nommé Lévi, était fils d'Alphée, probablement d'un premier mariage de ce disciple. Quoique Hébreu, il exerçait à Capernaum les fonctions de publicain, si méprisées et si détestées des Juifs, qu'ils alliaient presque toujours ensemble les noms de péagers et de gens de mauvaise vie : on peut croire par la grandeur du repas qu'il offrit à Jésus, et par le nombre des convives invités, qu'il était riche, comme l'étaient presque tous ceux qui exerçaient la même profession. Il était assis devant le bureau du péage quand le Sauveur le vit et l'appela ; comme André, comme Pierre, comme les fils de Zébédée, il suivit le Seigneur sans hésiter, et abandonna ses biens et l'emploi dont il était revêtu. Le jour même, ou quelque temps après, il réunit dans un grand repas plusieurs de ses amis, afin de leur fournir l'occasion d'entendre le Seigneur, et son nom ne se retrouve plus qu'avec ceux des frères qui se réunirent pour prier après que Jésus fut remonté vers son père. (Mat 9,9. 10,3. Mar 2,14.3.18. Luc 5,27. 6,13. Act 1,13.

Quelques auteurs modernes, notamment Schleier-macher et De Wette, ont voulu refuser à l'évangile, tel que nous le possédons, un caractère apostolique ; ils s'appuient en particulier sur des indices extérieurs, alors que ceux-là sont précisément de ceux qui parlent le plus haut en faveur de l'inspiration divine de cet ouvrage, que l'antiquité chrétienne a placé en tête des livres du Nouveau Testament.

Mathieu mourut en martyre selon Isidore, Ambroise, et d’autres.

Le plus probable si l'on considère les caractères intérieurs de son évangile, c'est qu'il l’écrivit entre 60 et 70, avant la destruction de Jérusalem, dont il annonce la ruine comme prochaine (24,1).

Il s'attache essentiellement à présenter Jésus comme le Christ, le Messie promis, le roi qui doit monter sur le trône de David, le grand prophète, (Deu 18,18) le législateur et le juge; il se tient, autant que possible, aux prophéties de l'Ancien Testament, et son langage, sa manière de parler, est celle d'un Juif parlant à des Juifs de leurs communes espérances dont il a vu l'accomplissement ; sa conclusion est en parfaite harmonie avec son commencement ; il montre s'élevant vers les cieux comme Roi celui qui en était descendu pour pardonner. Simple et sans apprêt, il ne se laisse pas lier par l'ordre chronologique, et il groupe volontiers des événements, des discours ou des paraboles qui ont un même but, qui doivent produire un même effet, alors même qu'ils ont été séparés dans l'action. Seul il donne avec quelques détails l'histoire de l'adoration des mages, avec quelque suite le sermon sur la montagne, avec un plan déterminé les paraboles du royaume ; beaucoup plus que les autres il cite l'Ancien Testament. Comme on l'a dit ailleurs, Matthieu a un caractère moins universel, moins catholique que saint Luc, et il arrête la généalogie du Sauveur à Abraham au lieu de la faire remonter à Adam ; il est moins homme qu'il n'est Juif. La grandeur n'est pas pour cela étrangère à son récit ; au contraire ; il cherche partout l'esprit, et s'embarrasse peu des détails et de la forme ; les faits ne sont pour lui que l'accessoire de la pensée, et souvent il est bref là où les autres évangélistes ne craignent pas d'être abondants. Partout il est plein de la grandeur de son maître, et il la comprend d'autant mieux qu'il la cherche dans le ciel et non pas sur la terre ; il contraste avec le messianisme charnel de ses compatriotes qui attendaient un roi comme en ont les autres peuples, mais il ne s'élève pas au spiritualisme de saint Jean, que les anciens avaient appelé l'évangile spirituel par opposition à celui de saint Matthieu qui était pour eux l'évangile corporel ; non pas qu'ils le mettent au-dessous, ou qu'ils lui refusent l'inspiration divine, mais comme en Christ il y avait deux natures, et qu'on pouvait l'envisager sous diverses faces, ils désignaient ainsi le point de vue différent auquel s'étaient attachés ces deux évangélistes ; Matthieu a dit la vie du Sauveur, il est essentiellement historien.

MÉCHONA, ville de la tribu de Juda, Néh. 11, 28.; peut-être le bourg de Méchanus dont parle Jérôme, qui était situé entre Eleuthéropolis et Jérusalem.

MÉDAD. v. Eldad.

MÉDÉBAH, ville frontière de la tribu de Ruben, Jos. 13, 16. Les Hébreux l'avaient prise sur les Hammonites, mais elle avait d'abord appartenu aux Moabi-tes, qui la reconquirent plus tard,Nomb. 21, 30. 1 Chr. 19, 7. Es. 15, 2. Ensèbe la place dans les environs d'Hesbon et Burckhardt en a encore trouvé les ruines à 8 lieues de cette ville.

MÉDECINE. La première fois que cet art est mentionné dans l'Ecriture sainte, c'est Gen. 50, 2., en parlant du corps de Jacob que Joseph fit embaumer par les médecins: l'Egypte, alors la terre classique de toute les sciences, était célèbre dans le monde païen par ses secrets mer-veilleux, et par l'habileté de ses jongleurs, de ses prêtres et de ses médecins, à guérir les malades ou à les embaumer s'ils venaient à mourir, llérod. 2, 84. Odyss. 4, 229. Diod. Sic. 1, 82. Les Hébreux, et Moïse en particulier, pendant le séjour d'Egypte, avaient pu s'inilier aux connaissances égyptiennes, et ils en avaient profité; l'on voit par Ex. 21, 19., qu'ils étaient plus ou moins en état de soigner toutes sortes de maladies, naturelles ou accidentelles, et quelques auteurs ont voulu même attribuer à la science de Moïse ses préceptes sur le flux, la lèpre, les animaux purs ou impurs, etc. Dans le principe la médecine était surtout chirurgicale, se renfermant presque exclusivement dans le traitement des plaies, blessures ou affections extérieures; il y avait déjà depuis longlemps des sages-femmes pour aider de laborieux enfantements, Ex. 1, 15., et l'on peut croire que l'étude de cette inévitable souffrance avait commencé avec les douleurs elle-mêmes. Plus tard, les médecins hébreux, parmi lesquels on comptait plusieurs prophètes, continuèrent de pratiquer, en le perfectionnant, l'art de soigner les blessures, 2 Rois 4, 21. d, 10. 8, 7. 9. 29. 9,15. 20, 7. Es. 1, 6. 38, 1. sq. Ez. 30, 21.; ils y joignirent la médecine proprement dite, le traitement des maladies internes, même des maladies de l'esprit, 2 Chr. 16, 12. 1 Sam. 16,16., mais sans donner à cette difficile science un bien grand développement. L'emploi des médecins, assez rare avant l'exil, 2 Chr. 16,12, Jér. 8, 22., fut plus fréquent dans la suite, Marc 5, 26. Luc 4, 23. 5, 31.8, 43.; les esséniens en particulier, consacrèrent leurs loisirs soit à l'étude, soit au traitement des maladies. Le livre de l'Ecclésiastique (38,1-3.), tout en ramenant à Dieu la guérison du malade, professe un grand respect pour la médecine « que Dieu a créée, » dit-il. Les remèdes le plus ordinairement employés étaient l'huile, le baume, des bains, des eaux thermales et des emplâtres, Jér. 8, 22. 46,11. 51, 8. 2 Rois 20, 7. 5, 10. Luc 10. 34. Jean 5, 8. Joseph. A.ntiq. 17, 6, 5. Parfois aussi, dans la méfiance qu'inspirait encore un art si jeune et si inexpérimenté, l'on avait recours à des devins ou magiciens, qui par leur rites super-stitieux, leurs amulettes, leurs prières et leurs chants, devaient guérir les malades et notamment les possédés : c'est probablement l'emploi de remèdes de ce genre qui attira sur Asa le blâme et la peine qu'il encourut, et qui l'empêcha de se relever de son lit de maladie, 2 Chr. 16,12. cf. 2 Rois 5, 11. Jér. 8,17. Une espèce de police de santé est instituée, Lév. 13 et 14, contre la lèpre, et l'exercice en était confié aux prêtres; ils n'étaient pas chargés de guérir ou de nettoyer, mais d'inspecter et de constater la présence ou la guérison de cette hideuse maladie, Luc 17,14. D'autres prescriptions sanitaires étaient également établies par Moïse, relatives soit à la nourriture, soit aux puritications. D'après Lightfoot,un médecin particulier (medicus viscerum) aurait été attaché au service du temple, à cause des fréquentes indispositions et des refroidissements auxquels étaient exposés les prêtres, qui devaient remplir leurs fonctions nus-pieds.

MÉDIE, Mèdes. Cette contrée, qui porte, dans l'Ecriture sainte, le nom du troisième fils de Japhet, tirait son nom, suivant les Grecs, de Médus, tils de Mé-dée, qui fut femme d'Egée, roi d'Athènes. Obligée de fuir l'Attique, parce qu'on découvrit les embûches qu'elle dressait à Thésée, elle se retira dans le pays qu'on appelait alors plus particulièrement Asie, et donna le nom de Médes à ses habitants. La Médie n'a pas toujours eu les mêmes limites : ses défaites et ses \i<ioires ont quelquefois apporté, dans son étendue, de notables changements. Elle touchait au nord à l'Arménie, dont elle était séparée par l'Araxe, et bordait ensuite le rivage méridional de la mer Caspienne ; à l'orient, était l'Asie proprement dite; au midi, la Perse et la Susiane; au couchant, l'Assyrie; elle était comprise entre les 34-40° lat. nord, et vers le 70° long.. La partie septentrionale, sur les cotes de la mer Caspienne, était humide, froide, malsaine; une chaîne de montagnes qui rejoignait plus loin l'Anti-Taurus, la séparait du reste de la Médie. Une peuplade rude, forte et indépendante, habitait ces demeures sauvages qui portent encore, de nos jours, le nom de Masanderen ou Silan. Au sud, se trouvait la Médie Atro-patène, séparée, à l'ouest, de l'Arménie par le mont Caspius qui vient de G Ara-rat, et resserrée, au sud et au sud-est, entre les montagnes de l'Oronte, qui traversent toute la Médie. Cette contrée, maintenant presque tout l'Aderbidschan, renfermait un grand nombre de plaines et de vallées fertiles et bien cultivées, dont le produit suffisait à l'entretien de ses habitants ; le nord seul était froid et improductif. Un troisième district, enfin, était la Grande Mèdie, au sud-sud-est de l'Oronte, traversée par le mont Za-grius, qui la sépare de la Perse à l'ouest et au sud ; des déserts la bornent à l'est, et la mer Caspienne la met en communication avec l'Hyrcanie et les Partbes. C'est un plateau élevé, mais riche en fertiles vallées et en gras pâturages ; il jouit d'un climat tempéré, salubre et serein ; son nom actuel est lrak-Adshemi. Sa capitale était Ecbatanc, cf. Là se trouvaient aussi Rages, ville bien connue par l'histoire du jeune Tobie, et les plaines de îsysa, célèbres par leurs nombreux haras, d'où sortaient des chevaux très estimés qui servaient aux rois et aux grands de leur cour.

La Médie avait été d'abord une province de l'empire d'Assyrie. Divisés en six tribus ou peuplades, les Mèdes avaient été de bonne heure assujettis par Ninus, qui en avait fait une satrapie assyrienne; mais, après la destruction du premier empire assyritn par Arbace, ils s'affranchirent du joug; à l'esclavage succéda la liberté, à la liberté la licence, et l'anarchie fit regretter au peuple le despotisme de ses rois. Quelques historiens assurent qu'Arbacc régna sur eux, mais il n'en est pas fait mention dans Hérodote, qui dit, au contraire, qu'ils se donnèrent un roi de leur nation, et qu'ils élurent, à cet effet, un simple juge de village, Dé-jocès, fils de Phraortès, qui éfait devenu, par sa réputation de probité, l'arbitre de tous les bourgs. Après lui vinrent Phraortès, Cyaxare etAstyage, et les quatre, d'après Hérodote, régnèrent cent cin-quante ans. Eusèbe et Syncelle comptent encore, avant Déjocès, quatre autres rois, et portent à deux cent cinquante-neuf ans la durée totale du règne des huit. Aucun des premiers n'est nommé dans l'histoire sacrée, où les Mèdes n'apparaissent que comme sujets du roi d'Assyrie ialmanassar, 2 Rois 17, (i., au temps d'Hosée, roi d'Israël, 731 av. C. Plus tard, sous Nébueadnetsar, on les voit indépendants et gouvernés par leurs propres rois, Es. 13,17. Jér. 25, %i. 51, M. 28. On peut donc croire que, peu de temps après Arbace, ils retombèrent sous le joug assyrien, et que, plus tard seulement, profitant des guerres lointaines de Sanchérib, ils s'émancipèrent entièrement pour se donner, depuis Déjocès, une suite de rois de leur choix. Au dire d'Hérodote, ils subjuguèrent, sous Cyaxare, Ninive et l'empire assyrien, jusqu'à ce que, soumis par Darius et Cyrus (v. Darius), et réunis à la Perse, ils cessèrent d'exister comme nation indépendante ; dès lors, les noms des Perses et des Mèdes sont réunis, Dan. .'i. 28. fi, l o. 8. 20. Est. 1, 3. I S. 10, 2. La Babylo-nie, également sous Cyrus. fut aussi réduite en province de ce double empire médo-perse. Après deux siècles, cette immense monarchie tomba sous les coups d'Alexandre le Grand, 300 av. C; puis, après ia mort de celui-ci, Séleueus Nica-tor détacha la Médie de l'empire uni, et en fit une province du nouveau royaume de Syrie, jusqu'à ce que, après une suite de victoires incertaines, cette province fut définitivement aggrégée à l'empire des Parthes, fondé 230 av. C.

Les anciens Médes passaient pour un peuple belliqueux, redoutable surtout par son habileté dans le maniement de l'arc ; les montagnards conservèrent le plus longtemps leur indépendance et leur force, tandis que les habitants des plaines et des villes, livrés de bonne heure aux arts et à l'industrie, s'adonnèrent au luxe et à la mollesse qui en firent, pour leurs ennemis, une proie facile. Leur vêtement, qui se composait d'un manteau et d'un large pantalon, fut adopté par les Perses d'abord, puis généralement en Asie, par les riches et les nobles. Ils adoraient les astres : le soleil et la lune occupaient, pour eux, le premier rang ; puis venaient Jupiter, ? énus, Saturne. Mercure et Mars. », Caldéens et Mages. Deux langues non sémitiques étaient parlées dans l'ancienne Médie : le zend au nord, et le pehlvi au sud ; cette dernière devint la langue dominante des Parthes.

MÉDITERRANÉE, v. Mer.

MÉGUIDDO, appeléeaussi Meyuiddon, Zach. 12, 11., ville située sur le territoire d'Issacar, mais appartenant à la tribu de Manassé; d'abord résidence royale des Cananéens, elle fut prise par Josué, puis reprise par ses premiers possesseurs, Jos. 12, 21. 17, U. Jug. 1,27. Elle était située dans une plaine du plateau de Jizréel, 2 Chr. 35, 22., et fut témoin de plusieurs batailles, 2 Rois 23, 29.30. Dans son voisinage, se trouvaient les eaux de Méguiddo, Jug. 5, 19., probablement une manière poétique de désigner le torrent du Kison, verset 21, qui a sa source au pied du Tabor. Salo-mon fit fortifier cette ville, qui avait pour lui une très grande importance militaire, comme clef occidentale du pays entre le nord et le midi ; il y établit aussi un des douze commissaires pourvoyeurs de la maison royale, 1 Rois 4, 12. 9,15.

MÉ-HAJARKON, ville danite, Jos. 19, 46. — Les Septante ont traduit mer de Jarkon.

MÉHARA, ville ou bourg appartenant aux Sidoniens, Jos. 13, 4. Quelques-uns ont cru la retrouver dans la ville de Ma-rathos, citée par Strabon, 16, 753.; d'autres y ont vu l'inexpugnable caverne si-donienne (cavea de Tyro), célèbre dans l'histoire des croisades ; d'autres enfin (Grotefend, Winer), la ville sidonienne de Moyra, dont il est parlé dans Sancho-niathon, 8, 88.

MÉHUMAN. v. Mémucan.

MÉLANGES, v. Accouplements.

MELCA, et deux Melchi, Luc3, 31.24. 28., ancêtres inconnus de Jésus par Marie.

MELCHISÉDEC, Gen. U. Son nom signifie roi de justice ; il était en même temps roi de Salem, soit que ce nom désigne Sichem ou Jérusalem, qui, l'une et l'autre, paraissent avoir porté le nom de Salem, soit que Salem, qui signifie paix, doive être pris dans son sens purement appellatif. Melchisédec était donc un roi distingué par son amour de la justice et de la paix ; il était, en même temps, pontife et sacrificateur, comme Jéthro, comme plusieurs autres princes-prêtres dont il est parlé dans l'Ancien Testament, où nous voyons, avant l'établissement de la loi, ces deux fonctions et dignités fréquemment réunies en la même personne. Nous ne nous arrêterons pas à rechercher qui pouvait être ce grand personnage, comme nous n'indiquerons pas non plus toutes les suppositions, plus hardies et plus bizarres les unes que les autres, qu'on a faites sur sa personne. On a voulu mettre du mystérieux là où il n'y avait que de la concision, et quelques-uns ont voulu voir en Melchisédec un ange, et même Jésus-Christ; rien, dans l'Ecriture sainte, n'autorise de pareilles hypothèses, et l'on doit admettre que ce n'était qu'un homme comme un autre, un roi comme les rois de la plaine, mais pieux et adorateur de l'Eternel, ainsi qu'il s'en trouvait encore quelques-uns à côté de la famille du grand patriarche. Il alla au-de- ~ vant d'Abraham lorsque celui-ci revenait de la défaite des rois impies, et, sans doute heureux de saluer un ami si puissant qui venait de châtier la rapine et la brutalité, il lui fit apporter du pain et du vin. Sacrificateur, il bénit le patriarche,et celui-ci, reconnaissant, lui remit la meilleure dîme du butin. Toute l'histoire de Melchisédec est dans cette courte notice ; rien sur sa famille, sur sa vie, sur sa mort. Il est naturel que les auteurs sacrés qui voulaient établir qu'il y a, au-dessus de la sacrificature lévitique, une sacrificature plus excellente encore, aient été frappés de l'apparition mystérieuse et solennelle de cette grande ligure, sacri-licateur en dehors de toute ordination d'homme,sacrificateur au-dessusd'Aaron, de Lévi, d'Abraham même, puisque celui-ci lui rendit hommage, et lui paya la dime. Cette sacrificature extraordinaire devait frapper ceux des Juifs à qui Dieu permettait de voir au-delà du voile, et le Psalmiste (110) annonça prophétiquement un nouveau sacrificateur, selon l'ordre de Melchisédec, paroles que saint Paul (Hébr. S, et 7) applique directement à Jé-sus en les développant encore. 11 y aurait autant d'imprudence à presser le rapprochement, qu'il y a d'impiété à n'y voir qu'un jeu de mots. On a été trop loin peut-être dans le premier sens, et l'on fera mieux de s'en tenir aux traits dessinés par l'apôtre, sans aller voir encore dans le pain et le vin que le prince offrit au patriarche fatigué, un symbole de la sainte Cène, etc. L'abrégé historique des livres de l'Ancien Testament par Jér. ftisler, et Moïse sans voile de Girard des Bergeries, renferment, sur Melchisédec, des observations intéressantes, et seront lus avec fruit, quoique peut-être on puisse aller moins loin qu'eux dans la recherche des types.

MELON, cucurbitus citrullus L., hébr. abattichim, et maintenant encore en Egypte battich, ne se trouve nommé que Nomb. 14, 5. Les melons, et surtout les melons d'eau, assez connus en Orient, depuis la Palestine jusqu'aux Indes, l'étaient davantage encore en Egypte, parti-culièrement sur le Delta et sur les terrains gras et féconds que le Nil déposait sur ses bords. Ils atteignaient jusqu'à une longueur de 1 mètre sur 0, 70 de diamètre, et servaient aux pauvres et aux riches de nourriture et de boisson, en même temps qu'on les employait dans la médecine pour leurs propriétés rafraîchissantes. Hasselquist, en parlant de ce fruit, la ressource des pauvres à cause de son abondance, le représente comme une vraie bénédiction dans la saison chaude, et fait voir la main de la Providence donnant à chaque saison ses produits naturels, et à chaque peuple ce qui lui est nécessaire pour supporter ou adoucir les rigueurs de son climat. Il est facile de comprendre aussi les regrets et les murmures des Israélites, qui, dans le brûlant désert, ne trouvaient aucun des rafraîchissements auxquels le séjour d'Egypte les avait habitués. Les habitants du Carmel, dit Harmer, cultivent d'excellents melons dont la chair est rouge surtout vers le centre, et dont l'écorce, d'un blanc rougeâtre, contient une huile facile à exprimer, et d'un usage précieux contre toutes sortes d'inflammations et d'affections cutanées. Les melons à chair blanchâtre sont moins estimés, quoiqu'ils soient aussi savoureux et d'un goût aussi tin que les rouges, mais ils n'ont été cultivés que plus tard, et n'ont pu renverser ni égaler la réputation toute faite 'des premiers. Les pauvres les mangent avec ou sans pain, et satisfont à la fois leur soif et leur appétit.

MELTSAR, proprement le maître de la cave, ou le préposé au vin, peut être entendu, soit comme nom propre, soit comme désignation d'un office, Dan. 1, 11. C'était l'officier chargé par Aspénaz de pourvoir à l'entretien de Daniel et de ses amis à la cour de Nébucadnetsar ; il consentit, après une épreuve de dix jours, à l'abstinence de vins et de viandes dans laquelle les jeunes Hébreux lui avaient témoigné le désir de vivre, et, spéculant sur la pieuse sobriété des captifs, il s'empara de leurs portions qui lui furent, pendant trois ans, une source de malhonnêtes revenus; il se paya lui-même pour sa complaisance.

MEMPHIS, très ancienne ville de la Basse Egypte, appelée en copte Mem-phi ou Méphis, en hébreu Moph, Os. 9, ß., ou Noph, Es. 19, 13, Jér. 46, 19. Elle était située dans une étroite vallée, sur la rive gauche du Nil, à six lieues sud de la pointe du Delta; une forte digue et un large fossé, destinés à la

défendit1 contre les inondations du fleuve, lui servirent aussi de défense militaire. Elle avait déjà des rois au temps d'Abraham, et le nom de Mesr, que lui donnent quelques historiens arabes, peut faire supposer que la terre de Misraïm qu'occupèrent en Egypte Abraham et ses descendants, était le territoire de Memphis. Fondée par Uchoréus, cette ville devint, sous Psammétique, la résidence du maître de l'Egypte et la capitale de tout le pays ; elle s'accrut en même temps que Thèbes s'abaissait. Diodore de Sicile lui donne 150 stades de circuit; outre le château royal, elle renfermait une foule de magnifiques monuments, le temple de Phtha (Vulcain), la cour d'Apis, etc. Après la prise de Péluse par Cambyse, Psamménite s'avança contre lui avec une nombreuse armée qui fut défaite dans un combat sanglant, et, du temps d'Hérodote, on voyait encore les crânes des Egyptiens, solides et durs, couvrir la terre à côté de ceux des Perses, si mous qu'on les perçait avec facilité. Memphis commença à déchoir quand elle cessa d'être la résidence des rois; dans la suite, lorsque Alexandrie s'éleva, elle perdit encore davantage ; mais elle ne fut démolie, ni par Nébucadnetsar, ni par Cambyse : le premier se contenta d'en transporter les habitants, le second exerça surtout sa fureur sur les temples, et fit périr le bœuf Apis. Aux jours de Strabon, Memphis s'en allait doucement en ruines; plusieurs de ses grands bâtiments étaient dégradés, et, bien qu'elle fût encore riche et peuplée, on pouvait prévoir sa fin prochaine. La construction du Caire, dans son voisinage, acheva ce que le temps et la guerre avaient commencé. Aujourd'hui, l'on ne voit plus que de faibles restes de cette grande ville, en sorte qu'on a été longtemps incertain sur le lieu qu'elle avait occupé autrefois. Ce sont les Sarrasins qui l'ont démolie.

MËMUCAN ou Méhuman, Est. 1,10., etc., l'un des sept conseillers intimes d'Assuérus, celui qui prit le premier la parole pour condamner la reine Vasti, soit qu'il fût le plus grand et que le roi l'eût interrogé le premier, soit qu'il fût le plus Jeune et le plus impétueux, et que, dans sa vivacité, il ait parlé avant d'y être appelé. 11 condamna Vasti, dans la crainte, dit-il, qu'un exemple de désobéissance impunie venant de si haut, n'encourageât une rébellion générale de toutes les dames de la Perse et de la Médie contre l'autorité de leurs maris. On peut croire que son vote était dicté par des motifs, sinon meilleurs, du moins plus sérieux, et que peut-être il haïssait la favorite, ou qu'il en était haï. Ces sages, ou conseillers du roi, étaient choisis entre les grands du royaume, et devaient être versés dans la connaissance des lois et du droit ; c'étaient des politiques, et ils formaient une espèce de conseil d'Etat ou conseil des ministres.

MÉNAHEM, seizième roi d'Israël, usurpa une couronne déjà teinte de sang par l'usurpation de Sallum qui la portait, et qu'il fit assassiner. Fils de Gadi, il avait été probablement officier de Zacha-rie. A la mort de son maître, il accourut, le vengea dans sa capitale, tua le meurtrier et lui succéda sur le trône. Son règne de dix ans fut fécond en crimes et en cruautés : la ville de Thiphsa ayant refusé de lui ouvrir ses portes, il s'en empara, tua tous les habitants jusqu'aux femmes enceintes, et ravagea son territoire. Idolâtre comme ses prédécesseurs, il vit Pul, roi d'Assyrie, fondre sur Israël, et dut se reconnaître son tributaire ; il lui paya mille talents, et fit peser cette dette sur les riches du royaume, qu'il taxa à cinquante sicles par tète, à la décharge du pauvre peuple, dont il sut, par cette mesure, se gagner l'affection et s'assurer l'appui. Il se maintint ainsi di;c années sur le trône, et mourut la cin-qu'antième année du règne d'Hozias, roi de Juda. Sa mort fut naturelle, ce qui était bien rare alors dans le royaume des Dix tribus (770-760) 2 Rois 4 o. Les prophètes Osée et Amos virent, sous son règne, leurs oracles dédaignés, mais n'en continuèrent pas moins leurs avertissements et leurs menaces.

MÉNI, idole, Es. 65,11. v. Gad 3°.

MÉPHAAT, ville lévitique de la tribu de Ruben, non loin de Kédémoth, Jos. 1 3, 48.21,37.1 Chr. 6, 79.; elle fut plus tard acquise par les Moabites, Jér. 48, 21. Eusèbe la nomme Méphath et en fait une citadelle romaine située vers l'Arabie.

MÉPHIBOSETH. 1”FilsdeSaiil,«. Ar-moni. 2° Fils de Jonathan ; il est aussi appelé Méribaal, 2 Sam. 4, 4. 1 Chr. 8, 34. 9, 40. Fort jeune encore à la mort de son père, il fut recueilli par sa nourrice qui le laissa tomber dans sa fuite, et il resta boiteux toute sa vie en suite de cet accident. Il vécut longtemps dans l'obscurité ; son épreuve était à cette époque plus encore qu'aujourd'hui, de nature à l'éloigner de la scène du monde, et il n'eût plus jamais reparu à la cour si l'ami de son père, si David, aidé de Tsiba, ne l'eût cherché et découvert dans la maison de Makir. Les biens de son aïeul lui furent rendus, il s'établit à Jérusalem et fut admis à la table du roi, 2 Sam. 9. Une incroyable calomnie le perdit, 2 Sam. 16, 3. Tsiba accusa le timide boiteux de se poser en prétendant et d'attendre, pour se décider, l'issue de la guerre d'Absalon; le calomniateur obtint pour récompense les biens et la fortune de sa victime. Ab-salon était déjà maître de Jérusalem ; Mé-pliiboseth, fidèle à son roi légitime, ne rendit pas hommage au vainqueur et porta publiquement le deuil, laissant croître sa barbe et ne changeant pas de vêtements, pour protester de son attachement à la maison de David, 19, 24. Bientôt après, il trouva l'occasion de se justifier devant le roi, il se contenta d'établir son innocence sans demander aucune réparation, et répondit par un vœu humble et touchant à la seconde injustice que lui fit David en ne lui rendant que la moitié de ses biens, et en laissant l'autre au calomniateur. Son caractère est humble et modeste, et l'on ne saurait douter que l'infirmité n'ait mûri son âme d'une manière salutaire; il ne réclame qu'une seule chose, l'atfection de David et l'intégrité de sa propre réputation ; quant à son patrimoine il l'abandonne, et il bénit ses ennemis au lieu de s'indigner en les voyant abuser de leur force contre sa faiblesse. Les désavantages physiques assouplissent le caractère quand il ne l'ai-grissent pas, et c'est une chose singulière que ce contraste dans les fruits de la difformité; la bonne part échut à Méphiboseth, et l'esprit se fortifia d'autant que la chair s'affaiblit. — Lorsque, à la démande des Gabaonites, David leur livra sept enfants de Saiil pour être mis à mort (parmi lesquels se trouvait l'autre Méphi-boseth), le fils de Jonathan fut encore redevable de son salut à la mémoire de son père et à l'affection de David, 21, 7.; c'est le dernier fait de son humble vie raconté dans l'Ecriture ; il n'est rien dit de sa mort.

MER. 4° Méditerranée, appelée mer intérieure par les Romains ; les Hébreux la désignaient par grande mer, Nomb. 34, 6. 7. Jos. 1,4., mer d'occident, Deu 11, 24. Zach. 14, 8., mer des Philistins. Ex. 23, 31., ou simplement la mer, 1 Rois 5, 9.; elle formait toute la frontière occi-dentale de la Palestine. Le rivage de la Méditerranée est escarpé et souvent à pic de Tyr à Ptolémaïs; vers le sud il s'abaisse et devient sablonneux après avoir formé près du mont Carmel le grand golfe d'Acco ou Ptolémaïs, le seul port naturel de toute la côte ; des mouillages artificiels ont été de bonne heure creusés à Césarée, Joppe et Gaza. La marée, très peu considérable dans la Méditerranée, est presque insensible et très irrégulière sur les côtes de la Palestine. Un courant qui va du sud au nord se fait apercevoir, surtout à l'époque des inondations du Nil, et dépose sur les côtes d'immenses amas de sables et de boue ; aussi a-t-on remarqué depuis quelques siècles que la rive méridionale gagne du terrain sur la mer. un a découvert entre Gaza et Joppe des bancs de corail, et ces eaux sont très poissonneuses. Le commerce juif eût trouvé dans la Méditerranée un puissant auxiliaire, mais déjà l'Egypte et la Phénicie avaient pris possession de l'empire maritime, et d'ailleurs les empêchements que la loi de Moïse mettait au commerce extérieur ne permirent pas de longtemps aux Hébreux de profiter des avantages que la nature leur procurait ; les bois du Liban, destinés à la construction du temple furent cependant transportés par mer à Joppe ; c'est également sur la Méditerranée que Jonas s'embarqua pour échapper à la mission divine.

2° Mer Morte; c'est le plus grand des trois lacs de la vallée du Jourdain ; elle porte aussi dans la Bible les noms de mer Salée, merde la Campagne, mer Orientale, Deu 3, 17. 4, 49.Gen. 14, 3. Jos. 3, 16. Ex. 47, 18. Joël 2, 20. Zach. 14, 8. Josèphe, Diodore de Sicile et Pline l'appellent lac Asphaltite, et les Arabes lui ont conservé le nom de mer de Lot. Nous empruntons à Braem les détails suivants, en les modifiant ou les complétant par d'autres géographes et par les détails des voyageurs modernes (Raumer, Chateaubriand, etc.). Le Ghor, ou vallée du Jourdain, conserve sa forme et sa largeur; les bords en sont des montagnes escarpées et nues; la chaîne orientale semble être une prodigieuse muraille ; on n'y distingue aucun sommet, et l'on dirait seulement que la main du peintre qui a tracé sur le ciel cette longue ligne horizontale, a tremblé en quelques endroits; ces montagnes, au dire de quelques voyageurs, ressemblent, par leur grandeur et leur situation, aux rives du lac de Genève, vis-à-vis de Lausanne et de Vevey. La chaîne occidentale n'est ni aussi élevée, ni aussi uniforme ; elle présente même des montagnes de figures extraordinaires et bizarres. Au fond de la vallée, entre ces deux chaînes, est encaissé un bassin sombre et profond qui a 22 lieues de long sur 5 à 6 de large (Josèphe compte 580 stades en longueur et 130 en largeur), et qui est rempli par les eaux claires, lourdes et très salées d'un lac immobile et mort. Comme ces eaux contiennent une quantité de sel presque égale à la moitié de leur volume, elles sont si pesantes que le vent ne les agite qu'avec peine. Arvieux, qui voulut porter à ses lèvres quelques gouttes de ces eaux, les trouva si amères et si cuisantes, qu'elles lui causèrent une vive douleur et produisirent de l'enflure; Chateaubriand les compare à une forte dissolution d'alun ; un voyageur anglais, qui s'y baigna avec six de ses amis (Morgenl. 1840. p. 190), raconte ainsi ses impressions : « Si nous voulions nager, nous avions de la peine à maintenir nos pieds sous l'eau ; si nous voulions nous tenir perpendiculairement, la moitié du corps surnageait, et nous avions de la peine à garder l'équilibre, probablement à cause de la plus grande ' pesanteur de la tète et des épaules, qui étaient hors de l'eau et qui ne trouvaient pas dans la partie inférieure du corps un contrepoids suffisant. L'un d'entre nous qui ne savait pas nager, restait étendu sur l'eau immobile comme un morceau de liège, et nous avions en général beaucoup de peine à plonger entièrement. Le goût de l'eau à la bouche est très repoussant, salé, amer, sulfureux, et si fort que pendant longtemps nos yeux, qui en avaient été mouillés, en ressentirent une cuisson douloureuse; la peau même en était affectée, et je suis persuadé que si l'on établissait ici une maison de bains, ils agiraient puissamment et avantageusement sur les maladies de la peau. »

Ce lac n'a pas d'écoulement, mais l'action d'un soleil ardent y produit une évaporation très active qui dépose une très grande quantité de sel sur les pierres et sur les chétifs arbrisseaux de ses bords, et qui, selon quelques auteurs, peut suffire à maintenir le niveau ordinaire; mais quand on pense que le Jourdain seul charrie journellement en moyenne 6,090,000 tonnes d'eau dans la mer Morte (Shaw), il devient plus probable que ces eaux se perdent par des communications souterraines, soit avec la mer Rouge, soit avec la Méditerranée, soit avec l'intérieur du globe. On ne voit aucune plante, aucune habitation sur ses rives; c'est un désert de sel et de bitume, de l'aspect le plus triste. Aucun poisson ne peut vivre dans ses eaux, et ceux qui y descendent avec les flots du Jourdain y périssent bientôt, Ez. 47, 8-10. On n'y voit pas même un coquillage vivant (Seet-zen). Les bêtes sauvages, qui n'y trouvent ni nourriture ni breuvage, l'évitent et semblent le redouter ; à peine y découvre-t-on quelques vautours, des aigles qui ont élevé leur aire sur ses noirs rochers, et des hirondelles qui font la cbasse à quelques insectes près de ses bords. De légères éruptions volcaniques qui partent de ses profondeurs, quelques nuages de vapeurs d'une couleur sombre, s'élancent par moments, surtout vers le milieu du jour, et obscurcissent, mais pour peu de temps seulement, la pureté naturelle de

son atmosphère; sur ses rives orientales on trouve des sources chaudes contenant du soufre et un asphalte gras et foncé, qui passe de ces sources dans la mer, sur laquelle il nage en masses parfois très considérables ; on les recueille soit pour médicaments, soit pour la teinture des laines, soit pour la construction des bâtiments à la place de chaux ; c'est de là que la mer Morte a pris aussi le nom de lac Asphaltite.

La place qu'elle occupe était jadis un pays délicieux comme un jardin de Dieu. L'ardeur du soleil y était adoucie par des eaux abondantes, et elle favorisait probablement ici, comme sur les rives du lac de Génésareth, la production en une même contrée, des fruits les plus variés; la fertilité du sol y était encore accrue, ainsi que dans la plaine de Ba-bylone et ailleurs, par sa nature bitumineuse. Mais les habitants de la plaine de Siddim, cf., étaient des hommes mé-chants, et leurs péchés attirèrent sur eux les jugements du Seigneur : il les avait en vain avertis, Gen. 14, et il fit pleuvoir du feu et du souffre sur Sodome, Gomorrhe, Tseboïm et Adama ; la fumée monta du pays comme d'une fournaise. Nulle contrée sur la terre entière n'offre une telle désolation, et l'état où a été réduite cette vallée jadis si belle, atteste depuis nombre de siècles que le jour du Seigneur vient sur tous ceux qui se”croient en sûreté, tout en vivant dans l'oubli de Dieu et dans le péché. — On peut conférer les passages suivants de l'Ecriture, où il est parlé de ce terrible événement, Es. 13,19.4, 9.10. Jér. 23, 14. 49, 18. 50, 40. Ez. 1 6, 46. Os. 41, 8. Soph. 2, 9. Deu 29, 23. Mat 10, 45. 41, 23. 24. 2 Pier. 2,4-40. Jude 7.— Au temps de notre Seigneur, et de nos jours encore, quelques voyageurs peut-être un peu faciles à persuader, croient avoir vu près des bords de cette mer des ruines de murs et de palais dans l'emplacement des villes détruites. — Cette contrée doit être un jour renouvelée, Ez. 46, 53. 55. 36.47, 8. sq.

II existe un contraste frappant entre cette mer et le lac de Génésareth, si riant et si fertile ; et l'on recherchait pendant le moyen âge pourquoi l'eau bénite du Jourdain se versait dans la mer de malédiction, dans la mer du Diable, La mer Morte est toujours citée dans l'Ecriture, comme un exemple permanent des jugements de Dieu, et elle est mentionnée seulement dans l'Ancien Testament, qui ne parle qu'en passant du lac de Kinnéreth, tandis que le lac de Génésareth et ses villes ont été le principal théâtre de la vie de notre Sauveur.

3° Mer Rouge (hébr. mer des roseaux) ; appelée par les Grecs et les Latins golfe Arabique. On ne sait d'où lui vient son nom de mer Rouge ; quelques-uns l'attribuent à certaines herbes marines abondantes dans ses eaux, et dont les feuilles sont tachetées de rouge, d'autres à un ancien roi Erythros (rouge), ou Edom, qui a la même signification, et qui par sa puissance aurait peut-être bien mérité de donner son nom à cette mer (Calmet) ; d'autres enfin (Reland et Rosenmuller), le regardent comme synonyme de mer méridionale, les poètes appelant quelquefois la zone torride zone rouge à cause de l'ardeur de son climat. L'ancien nom de mer Rouge servait d'abord à désigner toute la mer qui sépare l'Afrique et les Indes, et comprenait ainsi les deux golfes principaux, celui de l'Arabie et celui de Perse ; plus tard cependant sa signification s'est restreinte au seul golfe qui sépare l'Egypte de l'Arabie, l'Afrique de l'Asie : vers le nord il se divise en deux branches, l'Héroopolitanus, maintenant Bahhr Assuez ou Baahr el Kolsum, et à l'orient, l'^Elanites ou golfe élanitique, maintenant Bahhr El Akaba ; ces deux branches comprenaient entre elles l'Arabie Pétrée. La longueur de la mer Rouge depuis le détroit de Bab-el-Mandeb est de 300 milles géographiques en suivant la rive africaine ; la largeur varie beaucoup et ne dépasse guère 6 milles au détroit; la profondeur est également très diverse, de 300 pieds en plusieurs endroits, et de 27 seulement près de Suez (Niebuhr). Le flux et le reflux s'y font sentir sur tous les bords d'une manière très remarquable, atteignant près de Suez 2 mètres en temps ordinaire, et 26 décimètres dans le mauvais temps (Dubois-Aymé). Sa sur-

face est, sauf dans le bras de Suez, couverte d'une espèce d'algue, de mousse ou de roseau appelé en hébreu souph, d'où elle a tiré son nom; ?. Roseaux. — Quant à ce qui concerne la description géographique des côtes de la mer Rouge, nous n'avons pas à nous en occuper ici ; on trouvera ces détails dans tous les livres de géographie, notamment dans Rit-ter, Erdk. II. 204. 245. etc.; v. aussi Ro-zière, Description de l'Egypte ; Dubois-Aymé; Gobât, Voyage en Abyssinie, etc. te plus célèbre événement auquel se rattache le souvenir de la mer Rouge, est Te passage miraculeux des Israélites, raconté Ex. 14. On a cherché à l'expliquer d'une manière naturelle, et l'on a substitué la science et la sagesse de Moïse à la puissance de Dieu ; il faut avouer qu'il y a en effet quelque éhose de simple et de naturel dans plusieurs détails de cette explication, et nous la reproduisons d'après les divers auteurs qui l'ont développée. Moïse, parfaitement au fait des heures de la marée, connaissant aussi les gués de la mer Rouge, aurait sous ces deux rapports choisi les circonstances les plus favorables pour effectuer, avec la plus grande promptitude possible, la traversée que l'approche des Egyptiens avait rendue nécessaire, et à laquelle il n'aurait peut-être pas pensé sans cela. Sans rien pouvoir déterminer sur l'endroit qu'il «hoisit, il est de fait qu'anciennement le golfe qu'ils passèrent s'étendait beaucoup plus au nord, et qu'il avait là une largeur beaucoup moins grande que plus bas; près dé Suez encore (Niebuhr), cette largeur ne dépasse guère 1500 pas, ce qui équivaut à quatre fois seulement là Wrgeur de l'Elbe. En plusieurs endroits îï. y a dès gués ou des1 bancs de sâblë, qui pendant là basée 'marée' sont presque à fleur' d'eau, et très faciles à franchir. Christophe Fûrèr de Heimeùdorf, patricien deNuremberg, traversa' éft'i 565 ce bras dé la mer. Rouge près dé Suez, mais non toutefois sans danger ; on en cite d'autres exemples encore. Le fond de l'eau vers le nord de ce golfe est uni, sans coraux, et presque sans algues ni herbes marines ; il se compose essentiellement de sable. On sait que c'est à peu près là que passèrent les Hébreux, et Moïse aura choisi le gué le moins profond et le moment du reflux. Quant à la difficulté de faire traverser ce gué à 600,000 hommes, sans compter les femmes et les petits enfants, pendant les six ou sept heures seulement que dure la marée basse, elle est levée par la circonstance, mentionnée ?. 21., d'un grand vent d'orient qui retint les eaux, comme cela se voit souvent en temps d'orage, et Michaélis admet à cause de cette circonstance, une marée double qui dura douze heures, et dont le retour plus violent et plus rapide, parce qu'il avait été longtemps arrêté, fut pour les Egyptiens le messager de mort. Dubois-Aymé fait disparaître encore quelques autres difficultés en supposant que le passage s'est effectué plus au nord de Suez, là où l'on voit maintenant, au sud d'Adsherud, un banc de sable qui paraît s'être formé d'une manière lente et progressive sur un lit peu profond, par les sables du midi ; le lit de Suez aurait aussi été anciennement beaucoup plus bas qu'il n'est au-jourd'hui. Josèphe compare le miracle du passage de la mer Rouge avec le passage de la mer de Pamphylie par les Macédoniens sous Alexandre, Jos. Ant. 2,16, 5. cf. Strabon 14,458. Liv. 26,46.; mais dans ces passages il est plutôt question de rives côtoyées que de bras de mer traversés : cette observation de l'historien juif est peut-être ce qui a fait croire à quelques anciens pères et rabbins, du reste peu importants, que les Hébreux n'avaient fait que côtoyer la mer Rouge, mais elle n'a pas eu grand succès ; il en est de même de plusieurs autres essais de solutions rationalistes, comme aussi de la négation même du fait. L'explication du”passage à gué pendant la marée basse, a en revanche trouvé un grand nombre de partisans, depuis lès prêtres dé Mèmpbis, qui, au rapport d'Artapane, s'étaient prononcés dans éé sens (Eus., Prép. évang. 9, 27. cf. Philon Op., II, 108), jusqu'aux temps modernes où elle a été développée par beaucoup de savants et de théologiens, Leclerc, Michaélis, Ritter, Paulus, Dœderlein, Winer, etc. Il n'y a contre elle qu'une seule objection, mais elle est

dages, etc., Nomb. 4, 29. Cette famille comptait alors déjà 3,200 personnes de trente à cinquante ans.

MERCURE (?. Caldéens), divinité bien connue qui représentait chez les Grecs et les Romains le commerce, l'éloquence et le vol; messager des dieux, son esprit souple et intrigant le rendait propre aux négociations ; il faisait une espèce de service régulier du ciel à la terre, et accompagnait presque toujours Jupiter dans ses excursions ; aussi les habitants de Lystre crurent voir dans les personnes de Paul et de Barnabas ces deux divinités voyageuses, et prirent Paul pour Mercure à cause de son éloquence et de la puissance de sa parole. Quelquefois il était représenté avec de la barbe, d'autres fois il était imberbe, mais toujours dans la force de l'âge, comme l'était aussi saint Paul au commencement de son mi-nistère, lors de son passage à Lystre.

MÉRED-, 1 Chr. 4, 17., ?. Pharaon 3°.

MÉRIBAB (querelle). C'est un des noms que donna Moïse au campement de Réphidim, cf., parce que les Israélites manquant d'eau s'élevèrent contre lui et voulurent le lapider; il appela aussi ce lieu Massa (tentation), parce qu'ils tentèrent Dieu, Ex. 17, cf.Ps. 81,8.Hébr. 3, 8. Sur la fin du voyage dans le désert, l'eau étant venue de rechef à manquer, les murmures du peuple éclatèrent de nouveau, et Moïse partagea ce mécontentement; il parla légèrement de ses lèvres, Ps. 106, 33v et Dieu qui ne fut pas glorifié par eux, se glorifia en eux, il rendit l'eau au rocher, et annonça aux chefs mêmes du peuple qu'ils mourraient avant d'avoir vu la terre promise, Nomb. 20. Cet endroit, qui était Kadès dans le désert de Tsin, au nord-est de Kadès-Barné, fut appelé Méribah-Kadès pour le distinguer de l'autre Kadès et de l'autre Méribah, cf. encore Nomb. 27, 14. Ez. 47, 49. 48, 28., etc. — Selon quelques auteurs ce-pendant les deux Méribah ne seraient qu'un seul et même endroit, et ce serait par manque de coordination que le même fait est raconté deux fois et avec des circonstances différentes ; cette opinion doit être repoussée par ceux qui regardent l'histoire de Moïse comme inspirée, et

grave ; c'est que le texte sacré, soit de Moïse, soit des auteurs inspirés qui rappellent cet événement, parle clairement d'un fait miraculeux, d'un passage de la mer Rouge d'une rive à l'autre dans un lit très vaste, que les eaux retirées leur laissèrent à sec ; que l'on confère seule-ment Ex. 14, 16. 17. 15,8. Ps. 78, 13. 114,3.5.77,16. Es. 63,11. Hab. 3,1b. v. aussi Sapience 10,17.18.19,7. 8. Ce n'est qu'après avoir maintenu la séparation des eaux comme miraculeuse, que l'on peut y joindre, mais plus comme secours ou comme explication, la coïncidence de faits naturels, de bas fonds ou de marée basse, comme points de contact entre la nature et le surnaturel, entre le connu et l'inconnu ; le verset 21 établit en effet, comme on le voit d'ailleurs par l'examen de presque tous les miracles, que si Dieu peut créer des moyens miraculeux, il peut se servir aussi des moyens ordinaires d'une manière miraculeuse.

4° Mer de Tibériade, v. Génésareth.

5° Le mot de mer est encore employé dans l'Ecriture en diverses acceptions moins étendues, pour désigner une portion de la mer, Es. Il, 1b., un étang, v. Jahzer, ou les grands fleuves, le Nil, l'Euphrate, le Tigre, etc. Une langue de mer désigne ce que nous appellerions une langue de terre. Quant à la mer d'airain ou de fonte, v. Cuve; quant à la mer de sable, v. Mirage.

MËRAB, fille aînée de Saiil et d'Ahino-ham, 1 Sam. 14, 49. Fiancée d'abord à David, elle fut donnée à Hadriel, sans que l'on sache à quoi attribuer cette rupture, sinon à l'esprit de jalouse inimitié qui anima toujours le premier roi d'Israël contre celui qui devait être son successeur, 18, 17. sq. C'est par erreur que sa sœur Mical est nommée au lieu d'elle, 2 Sam. 21, 8.

MÉRARI, Gen. 46, 11. Ex. 6, 16. Nomb. 3, 17. 1 Chr. 6. 1., troisième et dernier fils de Lévi, naquit en Canaan, et a donné son nom à l'une des branches lévi-tiques, celle qui dans le désert fut chargée de veiller à l'entretien et au transport de la partie extérieure du tabernacle d'assignation, piliers du parvis, clous, cor-

qui respectent l'authenticité et l'intégrité du Pentateuque.

MÉBIBAAL, v. Mépliiboseth.

MÉRODAC-BALADAN fils de Baladan, roi de Babylone, n'est connu que par l'ambassade qu'il envoya auprès d'Ezéchias pour le féliciter de sa guèrison, % Rois 20, 12. Es. 39, l. cf. 2 Chr. 32, 31. Il s'était rendu indépendant dans la Babylonie, et cherchait dans l'amitié d'Ezéchias un appui contre Sanchérib à la puissance duquel il s'était soustrait. C'est ce roi probablement que l'on trouve dans le canon de Ptolémée sous le nom de Mardoc-empad; cependant, d'après ce canon, Mardoc aurait régné douze ans (721-709), tandis que Mé-rodac, d'après un fragment de Bérose cité par G-esenius, ne sut se maintenir que six mois : Hitzig et Winer lèvent cette difficulté en faisant du Mérodac de Bérose un personnage différent, et en plaçant son histoire dans l'interrègne de deux ans qui. selon le canon de Ptolémée, précéda le règne de Belibus. — Baladan son père est moins connu, quoique l'histoire profane en fasse aussi mention sous le nom de Ingœus ou llulaeus, comme contemporain d'Achaz et d'Ezéchias ; on l'a pris longtemps pour INabo-nassar. Il se ligua avec Arbacès, satrape de Médie, contre Sardanapale roi d'Assyrie, et ces deux conjurés ne réussirent qu'après plusieurs années de luttes sanglantes, à faire reconnaître leur indépendance.

D'après Jér. S0, 2. Mérodac était probablement aussi le nom d'une divinité adorée à Babylone ; le prophète la place à côté de Bel et en parle de la même manière ; il est de plus employé dans la composition de plusieurs noms propres (Evil Mérodac, Mérodac-Baladan, etc.), selon l'usage des Babyloniens de se servir de noms d'idoles pour noms d'hommes, Bel-tesatsar composé de Bel, Nébucadnetsar de Nébo, etc. Gesenius pense que Mérodac était une personnification de la planète Mars.

MÉROM, lac dont le nom signifie supérieur, parce qu'il est au nord du lac de Génésareth et par conséquent plus élevé ; il est formé par l'affluent de plusieurs ruisseaux dans le Jourdain, cf. C'est sur ses bords que Josué vainquit les rois des Cananéens septentrionaux, Jos. 11, 5. 6. — Les Grecs l'appelaient lac Samo-chon, et maintenant les Arabes Bahrat Hhule, lac de la vallée-plaine. Il est très poissonneux, quoique ses eaux ne soient pas toujours bonnes.

MÉROS, ville du nord de la Palestine, maudite par Débora pour s'être tenue à l'écart pendant les combats d'Israël, Jug. S, 23. On compare le Merrus d'Eusèbe et de saint Jérôme, à 12 milles de Sébaste, non loin de Dothaïm, mais cette dernière ville était au sud du champ de bataille, tandis que Méros était plus au nord.

MÉSA, une des frontières de la contrée habitée par les Joctanides, Gen. 10, 30. Si l'on peut dire avec quelque certitude que c'est en Arabie et dans ses environs qu'on doit chercher cette ville, il est difficile d'en préciser la place davantage. L'opinion de Bochart, soutenue par Ge-senius, savoir qu'il s'agit de Mousa, port de mer au sud de l'Yémen, ne peut guère être admise, parce que d'un côté l'orthographe des deux noms dans les langues originales est trop différente, et de l'autre le pays donné comme territoire à la race nombreuse des descendants de Joktan serait trop petit. Michaélis prend pour pas de départ l'embouchure de l'Eu-phrate, et la partie inférieure du cours des deux fleuves réunis, depuis Séleucie jusqu'au golfe Persique ; c'est là que se trouve aujourd'hui Bassora. Les Grecs (Philos-torg.) appelaient cette contrée Mesène, et Abulféda parle de deux villes situées dans la même direction, sous les noms de Mesan et de Mousan.

MÉSAC, nom caldéen de Misaël, un des trois compagnons de Daniel choisis par Nébucadnetsar pour le service et l'ornement de sa cour, Dan 1, 7. A son nom hébreu qui devait lui rappeler la grandeur de l'Eternel ( qui est comme Dieu est?). fut substitué un nom caldéen dont la signification est incertaine (d'après Calmet : qui tire avec force). —Sur son histoire, ?. Abed-Négo.

MÉSAH. I ° Fils inconnu de Caleb, et fondateur ou père de Ziph, I Chr. 2, 42. — 2° Mésah. roi de Moab, occupé de l'é-

lève des bestiaux, dut payer à Achab, roi d'Israël, un impôt annuel de cent mille agneaux, et d'autant de moutons (2 Rois 3) ; mais après la mort d'Achab, Mésah secoua le joug, 2 Rois 1, 1. cf. Es. 16, et Joram prit les armes contre lui pour le soumettre ; il fit alliance avec le roi d'Edom et avec le pieux Josaphat de Ju-da. Ces trois rois passèrent par le chemin du désert d'Edom ; mais bientôt l'eau vint à leur manquer, et ils pensèrent périr de soif dans ces arides solitudes : heureusement un des serviteurs de Joram découvrit le voisinage d'Elisée, et les trois rois descendirent auprès du prophète qui consentit, en faveur de Josaphat, à consulter l'Éternel ; des canaux furent ouverts dans la vallée, des fossés furent coupés, et Elisée annonça qu'au lendemain matin, sans vent ni pluie, les canaux et les fossés seraient remplis d'eau : il annonça en même temps la défaite du roi de Moab. Dans l'intervalle, Mésah avait appris l'approche des rois alliés ; il s'était mis en mesure de les recevoir avec toute la partie de sa population habile à porter les armes, et il s'était avancé à leur rencontre jusqu'à la frontière de ses états. Ses troupes se levèrent de bon matin, et ignorant les travaux de la veille et la prophétie d'Elisée, elles virent la vallée pleine d'eaux qui, aux premiers rayons du soleil, leur parurent rouges comme du sang, et sans réfléchir davantage sur ce phénomène, concluant que leurs ennemis s'étaient enir'égorgés, elles s'élancèrent en criant: Maintenant donc, Moabites ! au butin ! Mais Israël fondit sur celte armée en désordre, la mit facilement en fuite, et la poursuivit jusque dans son pays ; Moab fut ravagé, ses plantations détruites, ses fontaines bouchées, ses puits comblés ; les fuyards se retirèrent dans Kir Haré-seth qu'ils essayèrent de défendre; Mésah fit contre Edom une sortie inutile, et rentrant dans ses murs, soit désespoir, soit fanatisme, il égorgea son fils premier-né, en holocauste, sur la muraille, à la vue des assiégeants. Indignés de tant d'horreurs, émus d'un si affreux spectacle, les alliés se retirèrent, et l'on peut croire que ce fut à l'instigation du pieux et bon Josaphat, plutôt qu'à celle du sanguinaire Joram, pour le compte de qui cette guerre avait été entreprise.— Quelques auteurs par une fausse construction de la phrase, et en comparant Amos 2,1., ont cru que c'est le premier-né du roi d'Edom que Mésah fit égorger, mais le passage d'Amos n'a aucun rapport avec cette histoire.

MÉSEC, peuplade nommée Gen. 10, 2., parmi les descendants de Japhet. Ezé-chiel, 27,13., nous apprend que ces deux peuples,ainsi que celui de Tubal, faisaient avec Tyr le commerce d hommes et de vaisseaux d'airain. Selon toute apparence on doit penser aux Mosques (Moschi), et comparer les montes Moschici, chaîne de montagnes qui s'étend depuis le Caucase dans la direction sud-ouest. Ce nom est souvent réuni à celui de Tubal, Gen. 10,2. Ez. 27, 13. 32, 26., et l'on voit ordinairement les descendants de Tubal dans les Tibarénlens des anciens ; c'était un peuple voisin des Mosques, et les deux réunis formèrent une province de la monarchie persane (Hérod. 3, 91. 7, 78.). Plus tard les Tibaréniens furent poussés vers le nord comme les autres descendants de Japhet qui occupaient les défilés du Caucase, et ils reparaissent dans l'histoire sous le nom de Turcs. Le commerce qu'Ezéchiel attribue à Mésec et à Tubal est précisément celui que faisaient ces deux peuples d'après le témoignage des anciens. Le peuple Ros était aussi en relation avec Mésec, Ez. 38, 2. 39, 1., et l'on peut retrouver ces trois noms anciens dans trois noms modernes, Ros dans Russie, Mésec dans Moscou, Tubal dans le fleuve Tobol et la ville de To-bolsk en Sibérie. —Quant au rapprochement de Mésec et de Kédar, Ps. 120, 5., il n'indique pas un voisinage, mais une analogie relativement à la position de celui qui parle, soit qu'on doive la chercher dans l'idée d'exil, soit qu'elle rappelle la barbarie de l'un et de l'autre peuple, comme nous pourrions dire les Turcs et les Hottentots pour désigner des peuples barbares (De Wette).

MÉSOBAB, et plusieurs autres chefs siméonites, nommés 1 Chr. 4, 34. sq., paraissent avoir quitté l'Egypte déjà avant

les jours de Moïse, lorsque leurs familles se furent accrues ; ils se rendirent en Guédor jusqu'à l'orient de la vallée, cherchant des pâturages pour leurs troupeaux ; là ils trouvèrent un pays spacieux et fertile, dont ils chassèrent les premiers habitants, descendants de Cam, et où ils s'établirent ; plusieurs d'entre eux se fixèrent même dans le voisinage des montagnes de Séhir, et achevèrent de détruire ceux qui restaient des Hama-lécites. — Le verset 41 doit se traduire: « Ceux-ci donc qui ont été écrits par leurs noms du temps d'Ezéchias, vinrent etc. » Il paraît qu'Ézéchias avait fait recueillir les noms et les hauts faits des anciens héros d'Israël, et que c'est alors que l'on découvrit cette expédition singulière de quelques chefs isolés.

MÉSOPOTAMIE. Cette contrée dont le nom signifie un pays entre deux fleuves (littéralement au milieu des fleuves), apparaît dans l'Ancien Testament sous les noms de Padan Aram ou campagne de Syrie, Gen. 31, 18. sq., de Sadeh Aram ou plaine de Syrie, Os. 12,13., d'Aram Naharayim ou Syrie des deux fleuves, Gen. 24,10.,d'Aram ou Syrie, Nomb. 23, 7., et de Padan ou champ, plaine, Gen. 48, 7. Le nom de Mésopotamie dont l'usage ne remonte guère au-delà des jours d'Alexandre le Grand, se trouve employé dans le Nouveau Testament, Act 2, 9. 7, t. — La Mésopotamie comprenait tout le pays entre le Tigre et l'Euphrate, espèce de grande île, bornée au nord par le Ma-sius appartenant à la chaîne du Taurus, au sud par la Babylonie, à l'est par le Tigre qui la séparait de l'Assyrie, à l'ouest par l'Euphrate, la Syrie et l'Arabie Déserte ; elle s'étendait entre les 33°-38° latitude, et les 35° à 61° longitude. Elle ne formait pas un état à part, et son nom se rapporte plus à une désignation de géographie naturelle, qu'à une division politique; les Romains continuèrent de l'employer, bien que sous les empereurs la Mésopotamie fût administrativement jointe à la Syrie. C'est dans sa partie sep-tentrionale, dans ce plateau si riche et si fertile, qu'habitèrent d'abord les ancêtres nomades des Hébreux, Gen. 11, cf. Act 7, i. v. Ur: c'est de là qu'Isaac reçut son épouseRébecca, Gen.24,10.25,20.;c'est dans ces plaines que servit Jacob, qu'il épousa Rachel, c'est là encore qu'il vit naître presque tous ses fils, 28, 2. 35,26. 46, 15. Plusieurs villes, et des villes assez considérables, s'élevaient sur les rives des deux grands fleuves et de leurs affluents le Chaboras et le Mygdonius, v, Caran, Carkémis, Edesse etTsobah ; leurs habitants étaient d'origine syrienne et parlaient un dialecte araméen. La partie méridionale, depuis Carkémis et Mossul, est une plaine inculte et déserte, qui contraste singulièrement avec la richesse et la beauté de la partie supérieure ; à l'exception des rives, qui ont une forte végétation et un sol susceptible de culture, ce ne sont que des landes sans eau, habitées par des lions, des autruches et des brigands arabes ; autrefois on y trouvait aussi des ânes sauvages. Cependant une route traversait ce désert, et servait aux caravanes qui faisaient le commerce entre l'Euphrate et Babylone ou Séleucie ; maintenant encore on va d'Anah à Bagdad.

L'histoire de ce pays jusqu'à la domination des Perses est peu connue ; Cusan Rischatajim dont il est parlé, Jug. 3, 8. 10., comme d'un roi de la Mésopotamie, ne régnait probablement que sur une partie de la contrée voisine de l'Euphrate ; il en est peut-être de même des rois de la Syrie de Tsoba qui apparaissent sous David, 2 Sam. 8, 3. v. Tsoba. Huit siècles avant Christ, Salmanassar, roi d'Assyrie, avait déjà assujetti et réuni les diverses peuplades de cette contrée, 2 Rois 19,13., qui depuis lors partagèrent les destinées des grands empires qui s'élevèrent pour se détruire et se succéder en Orient, Babylone, la Perse et la Macédoine. A la mort d'Alexandre la Mésopotamie échut aux Séleucides de Syrie, puis elle devint un grand champ de bataille où les armes parthes, arméniennes et romaines se heurtèrent, jusqu'à ce que Trajan victorieux y apporta la paix avec sa domination.

MESSULLAM, fils du sacrificateur Bé-récia, fut un de ceux qui contribuèrent à la restauration de Jérusalem, Néh. 3, 4.; mais plus tard, ayant donné sa fille au fils de Tobija, on peut croire qu'il s'associa, en partie du moins, aux complots de ce lâche ennemi de Néhémie, 6,18.

MESURES. Il est parlé assez souvent dans la Bible, mais toujours en passant, des mesures des Israélites ; leurs rapports, leurs grandeurs relatives, sont quelquefois déterminées, cf. Ex. 16, 36., mais nous n'avons aucune donnée sûre et positive sur leur grandeur absolue ; l'unité de poids ou de mesure n'est fixée nulle part, et nous devons pour ce qui concerne ce sujet nous en tenir aux indications fournies par Josèphe, l'auteur qui compare avec le plus de soin les mesures hébraïques avec les mesures en usage de son temps chez les Grecs et chez les Romains ; resterait à savoir si, à cette époque, les anciennes mesures étaient encore bien connues des Hébreux eux-mêmes, et si elles n'avaient pas été dénaturées ou oubliées pendant les jours de l'exil et de la captivité. On verra sous leurs différentes lettres les détails relatifs à chacune de ces mesures, nous ne faisons que les indiquer ici avec leurs valeurs relatives, et leur réduction approximative en mesures françaises décimales. Ajoutons seulement que les Hébreux, peuple agricole, aimaient à compter ou à mesurer en partant de certaines données naturelles ; et comme les œufs de poule ont une grandeur assez régulièrement la même, ils l'avaient prise pour unité de mesure ; les figues et les olives étaient aussi des unités de mesure pour des quantités plus petites ; la fève du caroubier était l'unité de pesanteur (un gué-rah) ; v. Mishna Chelim, 17, 6. 7. sq. La loi de Moïse avait de même pris dans l'usage ordinaire, une main pleine, une poignée, comme unité pour la mesure des choses sèches, Lév. 2. 2. 5, 12. 16, 12. etc.

Mesures de capacité. — A. Pour les liquides. 1° Lebath, 1 Rois 7, 26., 35 litres. 2° Le hin, six fois plus petit, litres 5,83. 3° Le log, douze fois plus petit que le hin, litre 0,486.

B. Pour les choses sèches. 1 ° Le ho-mer valant dix baths, Ez. 45, 11., aussi appelé core, 350 litres. 2° Le léthek ou demi-core, 175 litres. 3° L'épha, égal au bath, 35 litres; dix faisaient un homer. 4° Le gomer ou homer (différent du premier), la dixième partie de l'épha, Ex. 16, 36., litres 3,30. S0 Le sat, 2 Rois 7, 1.; d'après les rabbins c'était le tiers de l'épha, litres 11,70. 6° Le cab, sixième partie du sat, d'après les rabbins, litre 1,94. Dans le Nouveau Testament, les évaluations sont faites quelquefois en mesures grecques; ainsi le chenix, Apoc. 6, 6., et les métrètes de Jean 2, 6.; cette dernière mesure qui répondait au bath des Hébreux et à l'amphore attique, était d'une grande capacité; Eisenschmidt a calculé qu'elle devait contenir environ 72 bouteilles.

Mesures de longueur. 1° Le doigt ou pouce (pris en largeur), Jér. 52, 21., mètres 0,0225. 2° La largeur de la main, 1 Rois 7, 26. 3° La paume ou palme valant 12 pouces, Ez. 43, 13, 0m,09. 4° La coudée, v. cet article. 5° La canne ou verge, Ez. 41, 8., de la longueur de six coudées. 6° Legomed de Jug. 3, 16. est, à ce qu'on suppose, un peu plus qu'une coudée, peut-être une aune.

Mesures de distance. Le pas était la plus petite, 2 Sam. 6, 13; il équivalait à environ 0m,54. On comptait aussi par journées et par nuits de voyage, 1 Rois 19, 8., mais cette mesure variait naturellement beaucoup et ne peut être déterminée ; il en est de même du kiberath haa-rets, Gen. 35, 16. 48, 7. 2 Rois 5, 19., qu'on doit traduire vaguement par mesure, petit espace de pays, station, etc.; la version syriaque et la version perse traduisent parasange, environ 1 lieue 1/2, 6 kilomètres. Les Septante l'entendent de l'espace qu'un cheval doit parcourir chaque jour pour conserver ses forces et son activité, c'est-à-dire au moins une lieue; d'autres pensent au chemin qu'un cheval peut faire à la course sans s'arrêter, environ 3 lieues, etc. — Les Juifs comptaient encore par chemin d'un sabbat, par milles romains, et par stades grecs, cf.

Mesures de pesanteur. 1° La plus petite était le guérah, que nos versions ont rendu par obole, cf., grammes 0,58 environ; c'était probablement le grain, la fève du caroubier. 2° Le békah, Gen. 24, 22. Ex. 38, 26., traduit dans nos versions

par demi-sicle (ou drachme), valait 10 guérahs, grammes 5,83. 3°Lesicle,ving! guérahs, grammes 11, 667. Ex. 30, 13. Lév. 27, 25. Ez. 4b, 12. 4° La mine, 1 Rois 10, 17., valait, d'après Winer, cent sicles (grammes 1,100), d'après la traduction vulgaire de Ez. 45, 42., 15 sicles (grammes 173), d'après une traduction préférable de ce même passage, v. Mine, suivie par Mackenzie, la mine valait cent sicles, environ une livre, ou grammes 583,333. S”Enfin le talent valait 30 mines, ou 3,000 sicles, 15 kilos ; cf. Ex. 38, 25. sq. — v. Sicles.

Pour tout cet article, on peut consulter l'appendice qui est à la fin du dictionnaire de Calmet; il contient la réduction des mesures juives aux anciennes mesures de France, mais peut-être avec une précision exagérée, qu'il n'est pas possible de justifier en tous points; il évalue la coudée juive à I pied, 8 pouces 1/2, et le stade à 125 pas géométriques, v. Mille 2°.

Miehaélis, (Mos. Recht § 226), fait remarquer que le tabernacle fournissait aux Hébreux un état exact et constant des poids et mesures ; en effet, dans la détermination législative des pièces qui entraient dans sa composition, l'on trouvait la valeur primitive et rigoureuse de toutes les mesures de longueur, de poids et de capacité en usage chez le peuple. Sans insister plus qu'il n'est juste sur cette observation, et sans attribuer, ni àMoïse, ni aux sacrificateurs l'idée que le tabernacle dût servir à déterminer de pareils détails, il faut avouer que le fait est intéressant, et que plusieurs fois peut-être le lieu Saint a pu conserver ainsi chez les Israélites les usages et les coutumes des temps anciens, gages de leur nationalité.

MÉTAUX. Les montagnes de la Palestine renfermaient diverses espèces de métaux et particulièrement du cuivre (l'airain était un mélange),Deu8,9.: cependantil ne paraît nulle part <;ue les Hébreux aient connu l'art d'une exploitation régulière des mines, et c'est des contrées voisines, de l'Asie et de l'Europe, d'Ophir ou d'Espagne, qu'ils faisaient venir les métaux dont ils avaient besoin, précieux ou communs, bruts, en lingots, en plaques, ou déjà travaillés en objets d'art, d'utilité ou d'agrément. — Il est parlé dans l'Ancien Testament, du fer, de l'acier, du cuivre ou de l'airain, de l'argent, de l'or, de l'étain et du plomb ; cf. Nomb. 31, 22. Ez. 22, 18. 27, 12., et les différents articles. Le commerce de ces métaux se trouvait principalement entre les mains des Phéniciens de Tyr, qui les tiraient soit de leurs colonies, et notamment de l'Espagne, soit de l'Arabie, soit des contrées voisines du Caucase, Ez. 27, 12. 13. 19. Jér. 10, 9. Ils paraissent n'avoir pas ignoré l'art de fondre ensemble et de combiner plusieurs espèces de métaux, et l'on a cru voir des compositions de ce genre dans l'airain brillant d'Apoc. 1, 15., dans le Hasmal d'Ez. 1,4. et dans dans le Pouk de Jér. 4, 30. (?. Airain et Antimoine), comme, dans l'aurichalque des Romains ; le cuivre resplendissant (Muts'hab) d'Esd. 8, 27. appartenait probablement aussi à cette classe.

On est surpris de voir avec quelle profusion l'or et l'argent se trouvaient répandus aux jours de Salcmon, non seulement pour les ornements du temple et du palais royal, mais par tout le pays, au pas « que l'argent n'était rien estimé, que l'or et l'argent n'étaient pas plus prisés dans Jérusalem que les pierres, tant il y en avait, » 1 Rois 10, 21. 2 Chr. 1, 15. cf. 1 Chr. 22, 14. 29, 4. La même richesse en métaux précieux se remarquait aussi dans les anciennes cours de l'Orient, particulièrement en Perse où les vases et les ornements d'or et d'argent abondaient et frappaient la vue partout où elle s'arrêtait; mais aucun ustensile d'argent ne se trouvait dans la maison de Salomon, tout y était or, l'argent trop commun servait au luxe des petits. C'étaient l'Afrique et l'Inde qui pourvoyaient aux délices des rois, l'argent venait d'Espagne et du nord de l'Asie pour l'usage des peuples.

On travailla de bonne heure les métaux, et nous voyons dans l'Ancien Testament le fer employé pour la confection de haches, de scies, de poêlons, de plaques, de chaînes, verroux, couteaux, charriots, etc.; le cuivre, d'une exploitation plus facile, parce que la terre le livre en masses plus considérables, et d'un travail de fabrication plus simple, parce qu'il a besoin d'une moins grande chaleur que le fer pour devenir ductile et malléable, était aussi d'un usage plus répandu ; on en taisait des casques, des boucliers, des lances, des harnais, des chaînes, des armes, des miroirs, des vases de toute espèce ; lorsque la grandeur de l'objet que l'on voulait faire, ne permettait pas le travail au marteau, on opérait par la fonte; c'est ainsi que la grande cuve et les colonnes du temple de Salomon sortirent du creuset, I Rois 7 ; toutefois l'art de mouler n'était encore, aux jours de Salomon, qu'une im-portation de la Phénicie, un art étranger aux Hébreux et qui ne se naturalisa que plus tard, au service de l'idolâtrie,Es. 44, 10., etc. Les Grecs et le monde d'Homère se servaient comme les Hébreux, d'armes de fer et de cuivre, Hésiod. Trav. et Jours, 134. Lucret. o, 1285.— L'or et l'argent servaient principalement à la fabrication des objets de luxe, boucles, bagues, bracelets, etc.; on en faisait cependant aussi des vases, des coupes et d'autres ustensiles à l'usage des grands; c'est ainsi que tous les vaisseaux du temple étaient faits de ces précieux métaux, Esd.”>, 14., et qu'ils tentèrent d'autant plus l'avidité des conquérants. L'idolâtrie se fit des dieux d'or et d'argent, Ex. 20, 23. Es. 2, 20. Dan. 3, 1. Act 17, 29., ou d'autres reliques précieuses, Act 19,24., et se borna souvent aussi à plaquer d'or ses amulettes lorsqu'elle ne pouvait suffire à les faire d'or massif. — Quant au plomb, moins conuu et moins estimé, il servait comme matière inerte et pesante ; on en faisait des poids et on les suspendait aux fils à plomb, Zach. o, 8. Am. 7, 7. cf. Zach. 4. 10. Il paraîtrait, d'après Job. 19, 24. qu'on s'en servait aussi comme de tablettes pour y écrire, môme des ouvrages entiers, cf. Pausan 9, 31. Plin. 13, 21.; cependant Jarchi, Rosen-muller et Umbreit pensent qu'il ne s'agit là que d'inscriptions faites dans les ro-chers et reproduites au moyen de plomb fondu que l'on y versait.

Les instruments nommés comme servant au travail des métaux, sont l'enclume, le marteau, les tenailles, le soufflet, le creuset et le fourneau, Es. 41, 7. 44, 12. Jér. 6, 29. Ez. 22, 18. Prov. 17, 3. La fusion et le travail au marteau étaient, les procédés les plus ordinaires pour la manipulation des métaux. La fusion n'avait pas seulement pour but la mise en œuvre et la production d'un objet d'art ; quelquefois elle ne se faisait que pour l'épuration des métaux nobles, pour séparer de l'or et de l'argent l'alliage qu'ils pouvaient renfermer, l'écume et l'étain, Es. 1, 2i>. Ez. 22, 18. 20.; il paraît que pour faciliter et accélérer cette séparation, l'on se servait d'ingrédiens particuliers que l'on ajoutait dans la masse fondue, comme ayant avec l'alliage plus d'affinité qu'avec l'or ou l'argent, ainsi du plomb, Jér. 6, 29., du savon, Es. 1, 25. (ce passage doit se traduire « je refondrai ton écume comme avec du savon, et j'ôterai, » etc.). Il n'est jamais question de la fonte proprement dite qu'en parlant de l'or, de l'argent ou du cuivre, jamais du fer, Ex. 25, 12. 26, 37. Es. 40, 19. Quant au martelage, ou battage en feuilles, il en est parlé, Nomb. 16, 38. cf. Es. 44,12, Jér. 10,4.: de soudure, Es. 41, 7., de polissage, I Rois 7, 4b., de placage en airain, or ou argent, Ex. 25, 11. 24. 1 Rois 6, 20. sq. 2 Chr. 3, S. cf. Es. 40, 19.; enfin de l'épreuve des métaux par le feu ou la pierre de touche, Prov. 17, 3. 1 Pierre 1, 7. Différents corps de métiers s'étaient déjà distingués en Israël longtemps avant les jours de l'exil : ceux qui travaillaient le fer, Es. 44,12., ceux qui étaient habiles dans les ouvrages d'airain, 1 Rois 7, 14., et les orfèvres qui ne s'occupaient que des mé-taux nobles, Jug. 17, 4. Mal. 3, 2. Le travail des métaux utiles remonte d'ailleurs aux plus anciens jours du monde, et nous voyons, Gen. 4, 22.,Tubalcaïn s'en occuper et forger des instruments de toute espèce. La construction du tabernacle dans le désert, et plus tard celle du temple de Salomon, prouvent que les Israélites ne se laissèrent ni devancer, ni surpasser ; aussi leurs vainqueurs surent-ils toujours apprécier leurs connaissances en ce genre, et nous voyons les serruriers, les maréchaux et les armuriers, emmenés en captivité chez les ennemis d'Israël, et obligés de mettre au service

des conquérants leurs talents et leurs forces, 2 Rois 24, U. 16. Jér. 24,1. 29,2. cf. 1 Sam. 13,19. Es. 3, 3.

MÉTHUSÉLAH. Gen. 5,21. 1 Chr.1,3. Luc 3, 37., fils d'Enoch et père de Lémec ; c'est de tous les patriarches dont l'âge nous est rapporté, celui qui a vécu le plus longtemps, ayant atteint l'âge de neuf cent soixante-neuf ans, A. M. 687-1636. D'après la chronologie ordinaire il serait mort l'année même du déluge. 11 vécut deux cent quarante-trois ans avec Adam et six cents ans avec Noé, et fut ainsi contemporain de toutes les générations depuis la création du monde jusqu'à sa première destruction par les eaux.

MÉTIERS. C'est en Egypte probablement que les Hébreux, jusqu'alors nomades et pasteurs, apprirent à connaître les arts mécaniques et les différents métiers; plus tard, le voisinage des Phéniciens leur fut également utile sous ce rapport, et leur fil faire des progrès ; mais, sauf le cas tout à fait exceptionnel et miraculeux rapporté Ex. 31, 2. 6., il ne faut pas croire qu'avant la fin de la période des juges, les arts aient atteint un degré de perfectionnement bien avancé, cf. 1 Sam. 13, 20. La division du travail était peu connue et peu pratiquée ; le père de famille devait savoir faire un peu de tout, même les ouvrages les plus grossiers, et ceux qui de nos jours seraient le moins estimés, cf. Odyss. 5, 243.; les femmes étaient cependant spécialement chargées de l'ordonnance intérieure de la maison ; à elles le pain, le fil, la toile et les vêtements, même les habits d'hommes, Ex. 35, 25.1 Sam. 2, 19. 2 Sam. 13, 8. Prov. 31, 21. 24. Act 9, 39. etc. Cependant peu à peu, et à mesure que le besoin d'artisans spéciaux se lit sentir, surtout pour les travaux d'une exécution difficile et qui demandaient un exercice habituel et constant, les industries s'établirent, et non seulement des esclaves, mais des hommes libres devinrent artisans et se livrèrent au travail des différents métiers. (v. aussi Iliad. 4,110.485.18, 601. Odyss. 3, 425. 432.) Il est parlé dans les livres saints, du fondeur, Jug. 17, 4. Es. 40, 19. Jér. 10,14., et ailleurs, de l'ouvrier en or et en argent, spécialement affecté au travail, placage ou fabrication d'idoles, Act 19, 24.; du parfumeur, Ex. 30, 35. ; de l'artisan ou de l'ouvrier en général, Ex. 35, 35. Deu 27,15.1 Sam. 13. 19.: ce mot comprend l'ouvrier en fer, Es. 44,12. 2 Rois 24,14.1 Sam. 13, 19., celui qui travaille l'airain, 1 Rois 7,14.cf. 2 Tim. 4, 14., le charpentier et les ouvriers sur bois, 2 Sam. 5,11. Es. 44,13. cf. Mat 13, 55. Marc 6, 3., les maçons et plâtriers, 1 Chr. 14,1., et les tailleurs de pierre, 2 Rois 12, 12. Le potier est aussi indiqué comme exerçant une profession spéciale, Es. 29, 16. cf. Mat 27, 7.10.; de même le serrurier, Jér. 24, 1., le foulon, 2 Rois 18, 17. cf. Marc 9, 3., le tisserand et le tapissier, Ex. 28, 32., le fabricant de coton, 1 Chr. 4, 21., et même dans les grandes villes, mais là seulement, le boulanger, Os. 7, 4. Jér. 37, 21. cf. Luc 11, 5.; plus tard encore on voit le barbier oriental s'établir aussi comme industriel dans la terre sainte, Ez. 5,1. (On trouvera sous leurs lettres plus de détails sur quelques-uns de ces métiers.) Cependant comme une seule personne exerçait souvent plusieurs de ces professions à la fois, Ex. 31, 3.2 Chr. î, 14., on ne peut pas croire que les Hébreux soient jamais arrivés à une bien grande habileté dans tous ces différents travaux, et nous voyons que David et Sa-lomon recherchèrent pour les grands ouvrages qu'ils firent exécuter au temple et dans leurs pajais, des ouvriers étrangers, et notamment des Phéniciens de Sidon, I.Rois o, 6. 1 Chr. 14,1.2 Chr. 2, 7.14.

Après l'exil, les arts et les métiers furent beaucoup plus considérés qu'ils ne l'étaient auparavant ; des grands et même des savants se firent artisans, et prirent souvent des noms destinés à rappeler le métier qu'ils exerçaient, ?. Paul ; et ceux qui ne donnaient pas à leurs enfants une profession, passaient pour les mal élever ; c'est, dit un Targum, comme s'ils leur apprenaient le métier de voleur.

On trouve encore dans le Nouveau Testament des corroyeurs et des faiseurs de tentes, Act 9, 43.10,6. 32.18, 3., et dans les livres apocryphes ainsi que dans Josèphe, des fromagers, des cordonniers, des tailleurs, des fraters sachant pratiquer la saignée, des orfèvres, des cré-pisseurs, et des orfèvres bijoutiers; toutefois ces métiers étaient rangés au nombre de ceux qui rendaient inhabiles ceux qui les exerçaient à pouvoir jamais devenir sacrificateurs.

Les ateliers, boutiques ou magasins, étaient, dans les grandes villes, réunis sur les places publiques ou dans des rues très fréquentées, Jér. 37, 21.: il y avait aussi des boucheries, un marché aux viandes, et une vallée où se réunissaient les fabricants de fromages, et qui en a reçu le nom grec de vallon des Tyropéuns.

MEULE (mouture). Dans les premiers temps, lorsque l'agriculture était encore dans l'enfance, comme l'humanité elle-même, on rôtissait les grains, puis on les pilait dans un mortier, cf. î\omb. 11,8. et Serv. ad. /En. 1,4 84. AudiredeBurck-hardt, le même usage subsiste encore chez les Arabes de nos jours, et dans les petits ménages de l'Orient. Cependant les moulins à bras, sous leur forme la plus simple, ont été connus de très bonne heure ; les Hébreux eux-mêmes en avaient déjà connaissance pendant le séjour de l'Egypte, Nomb. 11, 8., et ils continuèrent de tout temps à s'en servir comme s'en servent encore aujourd'hui les Orientaux. Ces moulins consistaient en deux meules posées l'une sur l'autre, la supérieure étant mobile et appelée en conséquence le char ou le coureur, Deu 24,6.2 Sam. 11,21. Jug. 9,53.; l'inférieure immobile, Job 41,15., était la borne, on l'appelait aussi quelquefois l'âne, c'est-à-dire le porteur. Dans les familles pauvres et peu nombreuses, c'étaient les femmes qui devaient moudre ; dans de grandes familles où ce travail devenait considérable et pénible, il était remis à des esclaves, soit hommes, soit plus ordinairement femmes, Mat 24, 41. Luc 17, 35., et en général aux plus méprisés et à ceux qui n'étaient pas capables d'un travail plus délicat, Ex. 11,5. Es. 47.2. Jug. 16, 21. Eccl. 12. 5. C'était surtout comme punition, comme peine corporelle, quon infligeait à des hommes cette occupation, et lorsqu'ils étaient dangereux on les chargeait de

chaînes, même on les aveuglait, ce qui avait le double eflet de paralyser des forces qu'ils auraient pu mal employer en les portant plus loin, et d'empêcher le vertige que le mouvement de la meule produit naturellement, Jug. 10, 21. Lam. 5. 13. On trouve, Jér. 25, 10., une allusion au bruit que la meule fait en tournant, bruit agréable par ses souvenirs, agréable comme espérance et par liaison d'idées, agréable, parce qu'il promet du pain à la famille, et parce qu'il rappelle la paix et la tranquillité du chez soi ; on peut comparer à l'impression produite par ce bruit, celle que fait le bruit du moulin à café : ce bruit cessera comme tant d'autres jouissances, lorsque s'accompliront les menaces de l'Eternel. Les meules étant regardées comme objets de première nécessité, ne pouvaient être prises en gage, Deu 24, 6.

Il est parlé plus tard, dans le Talmud et dans le Nouveau Testament, v. Mat 18, 6., de meules d'ânes, c'est-à-dire de meules pour la mise en mouvement desquelles l'homme étant trop faible, on se servait d'ânes (asini molarii); les Grecs, les Romains avaient des meules de ce genre, et les Orientaux de nos jours s'en servent encore, et les font mouvoir par des ânes ou des mulets, quelquefois par plusieurs esclaves réunis, Ovid. Fast. 6, 318. v. Burckhardt, et ailleurs. Sur la coutume d'attacher une meule d'âne au cou de certains criminels, et de les préci-piter dans l'eau pour les noyer, v. Peines.

MEURTRE, meurtrier. Le droit criminel des Israélites reconnaissait comme l'ont fait toutes les législations, la distinction entre le meurtre proprement dit et l'homicide involontaire, quoiqu'elle se servît du même nom pour désigner l'un et l'autre, cf. jNomb. 35, 25. sq. Le meurtre entraînait toujours après lui la peine de mort sans possibilité de commutation, Lév. 24,17. : la loi n'était ainsi que l'écho de la première institution de cette peine, lorsque Dieu dit à Noé au sortir de l'arche, « quiconque aura répandu le sang de l'homme, son sang sera aussi répandu, » Gen. 9, 5. 6. L'homicide involontaire pouvait aussi quelquefois amener la mort pour le meurtrier, en vertu de

l'ancienne coutume qui abandonnait aux | membres de la famille du mort le droit de la vengeance du sang; le coupable était innocent devant la loi, mais, à cause du sang et de la terre qui en était souillée, les parents pouvaient poursuivre le meurtrier; la justice refusait de sévir, mais laissait libre cours aux ressentiments privés; l'institution des villes de refuge était la seule garantie que la loi donnât dans ce cas à l'homicide innocent, Nomb. 35, %'à. Deu 19, 5. Quand le meurtre avait été commis par un animal, par un bœuf, par exemple, l'animal était mis à mort, et son propriétaire, rendu responsable par la loi, devait une indemnité à la famille du défunt, et si la famille du défunt ne se contentait pas de cette réparation, elle avait le droit de vengeance comme dans le cas de l'homicide involontaire, cf. Ex. 21, 28-30. Mais s'il y avait eu meurtre volontaire, ou même simplement intention de donner la mort, accompagnée de voies de fait et de violences sur la personne d'un homme libre, la peine capitale était inévitablement prononcée, Ex. 21, 12. Nomb. 3o, 16. Deu •19, M. Il pouvait même ne pas y avoir intention de donner la mort, mais coups portés par haine et suivis accidentellement de la mort par un faux mouvement de celui qui était menacé; la loi par sa sévérité pressentait dans ce cas cette belle maxime du Messie : « Celui qui hait est un meurtrier • • le coupable était considéré comme assassin. Le meurtre d'un voleur surpris pendant la nuit en flagrant délit n'était pas punissable ; mais si le soleil était levé, il était considéré comme un meurtre ordinaire, et puni comme tel, Ex. 22,2. ; pendant la nuit, en effet, deux circonstances pouvaient excuser l'homicide qui se trouvait dans ce cas : le soin de sa propre défense, à laquelle il doit pourvoir seul, puisque chacun dort autour de lui; puis l'incertitude de ses coups, qu'il ne peut pas diriger comme il le voudrait dans l'obscurité, et du funeste résultat desquels il ne saurait être justement rendu responsable. La mort d'une femme enceinte, lorsqu'elle était produite, involontairement sans doute, dans une rixe entre deux hommes, était cependant vengée par la mort, du meurtrier, parce que dans ce cas il y avait double meurtre, et que la cause de la mort n'était pas un accident, mais un esprit de querelle qui en lui-même déjà mérite un châtiment, et qui doit être responsable du mal dont il est la cause, Ex. 21, 23. II n'est pas sûr que la peine de mort fût prononcée contre le propriétaire d'une maison dont le toit, non garni d'une balustrade, aurait occasionné la chute et la mort d'une personne, Deu 22, 8. Mi-chaélis penche pour l'affirmative, Winer croit, au contraire, que le législateur se borne à mettre cette responsabilité sur la conscience du propriétaire. Lorsqu'un esclave frappé par son maître mourait sous les coups, le maître était puni ; rien n'indique de quelle nature était ce châtiment, mais on peut croire qu'il était sévère, puisque pour une dent ou pour un œil l'esclave était affranchi ; les rabbins pensent que le maître était puni de mort, mais ils ne s'appuient sur aucune raison suffisante : si cependant l'esclave survivait de quelques jours à ces mauvais trai-tements, la loi, tenant compte du droit de frapper, devenait impuissante, et la perte de l'esclave était considérée comme une peine assez forte pour qu'il ne fallût pas l'aggraver par une condamnation spéciale « c'est son argent. » Ex. 21, 20. Enfin, dans le cas d'un meurtre inconnu, Deu 21, 1-9., le lieu le plus voisin de l'endroit où le délit avait été commis était chargé de la responsabilité, et les anciens de la ville sacrifiaient en expiation, dans une vallée solitaire et abrupte, une jeune génisse à laquelle on coupait le cou comme on l'aurait fait au criminel, au lieu de la mettre à mort suivant l'usage ordinaire.

La constatation d'un meurtre ne pouvait avoir lieu que sur la déposition d'au moins deux témoins, Nomb. 35, 30.; le faux témoignage en pareille matière était puni de mort par la loi du talion, Deu 19,16-20. Les témoins, dans le cas de lapidation, devaient les premiers jeter la pierre au condamné ; lorsqu'il y avait décapitation, c'était, semble-t-il, au vengeur du sang de remplir l'office de bourreau, Nomb. 35, 19. 21. On peut voir, 2 Sam. 41 4, l'exemple d'un cas où les rois d'Israël se sont arrogé le droit de grâce à l'égard de meurtriers reconnus; mais on ne peut pas généraliser la conclusion tirée de ce cas particulier.

La loi ne renferme aucune disposition relative à l'infanticide, et ce crime paraît avoir été inconnu des Israélites, les causes qui l'amènent dans nos sociétés modernes n'existant pas chez eux, où tout tendait à le prévenir. Il n'est rien dit non plus du parricide. Les Juifs postérieurs ont appliqué à l'empoisonneuse ce qui est dit de la sorcière, Ex. 22, 18., et ils punissaient de mort ceux qui préparaient des poisons, alors même qu'on ne s'en était pas servi.

Enfin, il n'y a rien dans la loi qui soit relatif au suicide ; Josèphe le condamne dans une digression théologique, et l'on trouve des exemples de cas de ce genre, 1 Sam. 31, 4., où Saiil se perce de son épée ainsi que son écuyer; 2 Sam. 17,23., où Achitophel s'étrangle, et Aet. 1, 18., où le traître se fait justice à lui-même ; cf. aussi 2 Macc. 14, 41.

V. encore les articles spéciaux. MICA ou Michée (Jug. 17 et 18), Israélite de la tribu d'Ephraïm, vivait probablement pendant l'époque qui s'écoula entre la mort de .losuè et l'institution îles juges, vola à sa mère 1,100 pièces d'argent qu'il ne tarda cependant pas à lui rendre ; une partie de cette somme fut consacrée à l'achat de deux images, le reste dut subvenir aux frais de ce culte idolâtre. Mica fit lui-même un éphod et des théraphims, et consacra l'un de ses fils pour prêtre à l'Eternel, mêlant ainsi dans sa conduite le paganisme et la religion révélée, et paraissant ne pas s'apercevoir de toutes ses inconséquences. Bientôt un lévite passe, et Mica l'engage comme prêtre au service de sa maison, dans l'espoir que l'Eternel lui fera du bien pour ce singulier acte de fidélité ; mais cette espérance est vaine, son lévite le trahit, quelques espions danites envoyés à la découverte deviennent maîtres de ses secrets, et les livrent avec ses trésors à la troupe armée qui les accompagne. Il réclame, il poursuit, mais ses paroles comme ses démarches sont inutiles, on refuse de l'entendre, et il rentre chez lui, désolé d'avoir perdu des dieux qui n'avaient pourtant pas su le défendre, et dont au contraire la possession avait été pour lui une cause de ruine, en attirant l'attention et la convoitise des soldats pillards. L'histoire de Mica, épisode peu intéressant d'une époque où il n'y avait en Israël ni état ni gouvernement, reste comme un exemple de l'aveuglement où l'idolâtrie jette ceux qui abandonnent la droite voie, et du malheur qui s'attache à ceux qui veulent suivre à la fois Dieu et le monde, les ténèbres et la lumière. Ce pauvre Juif a été peut-être plein de bonnes intentions par devers lui, mais un zèle sans connaissance n'a pas de prix aux yeux de l'Eternel, lorsque c'est par sa faute que le pécheur manque des connaissances qu'il devrait avoir dans la doctrine de la vérité.

MICAEL (qui est comme Dieu?), un des grands anges ou archanges dont l'existence et le nom nous sont révélés par l'Ecriture. Micaël, appelé Michel en grec, Jud. 9., était regardé comme le représentant du peuple juif devant Dieu, et en quelque sorte sa personnification. Les rabbins l'opposent souvent à Sam-maël, le prince des ténèbres. C'est comme protecteur d'Israël qu'il apparaît Daniel 10, 13. 21. 12,1., et saiut Jean nous le montre remportant aux derniers jours la victoire sur Satan et ses anges, Apoc. 12, 7. Ces différents passages n'ont pas besoin d'explication, mais le combat rapporté Jud. 9., entre l'archange et le démon, présente de graves difficultés. On a cru t rouver dans ce passage une allusion à Zach. 3,1.2.(BèzeetVitringa), mais pour appuyer cette opinion, il faut changer le texte et lire (au lieu de Michel) Jésus, Jo-sué, ou Jéhosuah, trois noms qui n'en sont qu'un dans l'original avec de légères modifications ; cette variante n'étant qu'une hypothèse sans fondement doit être abandonnée, d'autant plus qu'il faudrait encore, en l'admettant, prendre Micaël pour Jéhovah, et le corps pour la personne. D'autres théologiens, partageant la même opinion sans accepter les variantes, pensent que le corps de Moïse représente le judaïsme personniûé dans le grj'iirt sacrificateur Jéhosuah (Wolff, Witsius). —Une seconde classe de commentateurs, et non seulement les rationalistes, mais aussi quelques théologiens orthodoxes, par exemple Litghfoot, supposent que Jude a cité ici des traditions apocryphes, comme Paul quelquefois allègue des poètes païens ; il ne veut ni confirmer, ni réfuter, il se borne à employer cet argument contre ceux auxquels il s'adresse, parce qu'ils ajoutent foi à de pareils récits, tout en faisant parade de leur prétendue sagesse; il se sert contre eux d'un argument qu'ils accepteront, bien qu'il ne l'accepte pas lui -même. Mais quand Paul fait des citations de ce genre, c'est avec plus de précautions, et il est probable que si Jude eût voulu citer une fable, il se serait exprimé autrement qu'il n'a fait. Troisièmement enfin, et c'est depuis Calvin l'opinion le plus ordinaire-ment reçue par les commentateurs chrétiens, il se peut bien que cette tradition se trouvât dans les livres apocryphes, mais ce n'est pas là que Jude l'a puisée : l'apôtre nous transmet une tradition qui s'était conservée parmi les Juifs, et dont il connaissait l'authenticité par une révélation de l'esprit de Dieu qui était en lui. C'est ainsi qu'on peut trouver, dans des légendes, ou racontés par des prêtres, beaucoup de faits qui n'en sont pas moins des vérités pour avoir passé par ces intermédiaires, en général peu dignes de confiance. Jude a fait ici ce que Paul a fait 2 Tim. 3, 8., en citant les noms de Jaunes et de Mambrès ; il a suivi la tradition dans un cas où il savait qu'il pouvait le faire. Bèze s'est joint à cette manière de faire, ainsi que Buddé, Schœttgen, Witsius, etc.

On prend-ordinairement comme motif de cette dispute l'intention de Satan de pousser les Juifs à l'idolâtrie en leur présentant le corps de Moïse ; mais il vaut mieux avouer son ignorance que d'avancer des choses sans fondement. S'il y a dans l'Eglise chrétienne une idolâtrie relativement aux corps des saints, cette idolâtrie n'existait pas, et ne pouvait même pas exister pour l'Orient où les corps morts souillent les vivants ; on évite de les approcher, et les Juifs devaient se purifier s'ils n'avaient pu éviter de toucher un cadavre. D'autres ont modifié cette explication en disant qu'il est question de nécromancie dans ce passage ; mais dans ce but le corps mort de celui auquel on s'adressait n'était pas nécessaire, cl. 1 Sam. 28, et 23, 1. — Il paraît bien que la circonstance que Moïse a été enseveli par le Seigneur lui-même, a donné occasion à cette dispute, Deu 34, 6., mais nous n'en savons pas davantage, et lé seul cas un peu analogue que nous trouvions dans l'Ecriture est celui de Zach. 3, 2. L'opinion qui entend par le corps de Moïse son corps de doctrine, n'est pas soutenable. — Les noms de plusieurs autres Micaël se trouvent Nomb. 13, 14. 4. Chr. 3, 13. 7,3. 12, 20. 2 Chr. 21, 2.

MICAJA, v. Mahaca 2”.

MICAL, fille cadette de Saiil et d'Ahi-noham, I Sam. 14, 49. Elle aima David et devint son épouse après que Mérab son aînée, d'abord fiancée au fils d'Isaï, eut été donné à un autre, 18, 20. Saiil se réjouit de cet amour, espérant faire tomber David entre les mains des Philistins en lui demandant une dot sanglante ; mais le jeune berger, trop heureux de mériter par son courage une épouse qu'il aimait, revint triomphant et déjoua, sans le savoir, des plans qu'il avait ignorés. La haine de Saiil ayant éclaté, Mical fut attentive à veiller sur les jours de son mari, et le tint autant que possible au courant des mesures que Saui prenait contre lui; la maison de David ayant été cernée, Mical le fit évader par une fenêtre, et mit un simulacre avec une hure de poil de chèvre dans son lit, pour retarder les recherches, en faisant croire aux guerriers de Saiil que David était malade. La ruse ne pouvait rester longtemps cachée, mais il fallait retourner auprès du roi pour l'interroger sur ce qu'il y avait à faire dans cette circon-stance, et pendant ce temps David put gagner du terrain et s'échapper. Mical s'excusa auprès de son père en disant que David l'avait menacée de la tuer si elle essayait de le retenir. C'est probablement pendant cette absence de David que Mical fut donnée par son perfide père à Palti, 23, 44., mais cette séparation, et ce second mariage auquel David n'avait pas consenti, furent nuls aux yeux de David, qui ne put appliquer à ce cas l'interdiction prononcée par la loi, Deu 24, 4., et qui reprit son épouse aussitôt qu'il le put, 2 Sam. 3, 13. Le dernier trait de la vie de Mical n'est pas à sa louange ; elle aimait son époux, elle n'aimait pas le roi théocratique et prophète : lorsque l'arche fut transportée de la maison d'Hobed-Edom à Jérusalem, David, plus joyeux des bénédictions divines que soigneux du décorum et de l'étiquette, David qui n'avait pas pris des leçons de royauté à la cour de Saiil, s'abandonnait à toute l'allégresse dont son àme était pleine ; Mical le vit sautant de toute sa force devant l'Eternel, et elle le méprisa dans son cœur : puis à son retour elle l'accueillit avec des paroles ironiques, qui lui valurent une réponse pleine d'a-mertume, et qui amenèrent entre ces deux époux qui se comprenaient pour les choses de la terre, mais qui ne se comprenaient plus lorsqu'il était question des choses du ciel, un refroidissement qui dura jusqu'à la mort de Mical (6, 16. sq. ! Chr. 15, 29.). Le récit sacré finit en disant qu'elle n'eut pas d'enfants jusqu'au jour de sa mort, ce qui emporte tout à la fois l'idée d'un châliment de Dieu sur la fille de Saiil, et de la cessation des rapports entre David et son épouse. La sagesse de Dieu est souvent folie devant les hommes ; le chrétien fidèle peut être un objet de ridicule pour les bien pensants de ce siècle et pour les Phari-risiens du bon ton.

MICHÉE. 1° Prophète, fils de Jimla, 397 av. C, fut, à la demande deJosa-phat, consulté par Achab sur l'issue de la campagne qu'il se proposait d'entreprendre contre la Syrie, 1 Rois 22, % Chr. 18. Achab le haïssait à cause de plusieurs oracles qu'il avait déjà prononcés contre lui, et peut-être ce prophète est-il le même que celui dont il est parlé 1 Rois 20, 28. 41. Mandé auprès du monarque, il est averti en chemin que tous les autres prophètes, au nombre de 400, ayant annoncé l'heureux succès de la guerre, il ait à en faire autant ; mais, prophète de l'Eternel, vrai prophète, il ne dira que ce que Dieu lui dira. Il connaît les mauvaises dispositions d'Achab, il ne craint pas de les irriter encore par l'ironique amertume de son début. Achab voit que ses promesses de bonheur ne sont que dérisoires, et, lorsque le prophète, changeant de langage, lui annonce, d'une voix solennelle, la confusion de ses armées, la dispersion du peuple, sa mort à lui-même, il voit murmurer le monarque et ses faux prophètes; il continue alors, il instruit le procès de chacun, il frappe le roi, il frappe les messagers de mensonge, il raconte une vision divine, le conseil de Dieu et de ses anges, l'esprit d'étourdissement envoyé sur Achab, de mensonge sur ses prophètes-courtisans. En vain l'orgueilleux et violent Tsidkija donne un soufflet à Miellée ; en vain Achab fait jeter le prophète en prison, l'oracle ne saurait être changé, la vérité demeure, les prédictions s'accomplissent, Israël est vaincu, Achab est tué. — L'Histoire sainte s'arrête ici, sans donner aucun détail ultérieur sur la vie et l'activité de ce prophète; mais, dans ce peu de détails, on reconnaît partout l'homme ferme, juste, fidèle à son maître comme à la vérité : rien ne l'émeut, rien ne l'abat, rien ne l'irrite. Il était contemporain d'Elie, et rappelle, à quelques égards, ce grand caractère plein de feu, d'énergie, et parfois d'ironie, un se demande pourquoi Josaphat, désirant entendre un prophète du vrai Dieu, fait chercher Michée plutôt qu'Elie. C'est peut-être qu'on ignorait où se tenait ce dernier ; peut-être aussi parce que la haine d'Achab contre le grand prophète était trop implacable ; plus probablement et plus simplement enfin parce que Michée était là, et qu'il avait aussi l'esprit du Seigneur comme luie.

2° Michée, le sixième des petits prophètes (758-699). Nous n'avons sur sa personne et sur sa famille d'autres indices que ceux qu'il nous donne lui-même, 1,1. Il était de Morésetli, et fut contemporain des rois Jotham, Achaz et Ezéchias, contemporain, par conséquent, du prophète Esaïe, d'Osée et d'A-mos, et de deux siècles postérieur au fils de Jimla, dont il a été parlé ci-dessus.

Les royaumes de Juda et d'Epliraïm, ce dernier surtout, étaient dans ces jours de crise qui préparaient leur ruine : Salma-nassar se levait contre Ephraïm, Sanehé-rib contre Juda, et, malgré quelques délivrances momentanées et miraculeuses, le temps était à l'orage. Cependant le peuple n'y prenait pas garde, et cette fatale sécurité, qui précède les grandes catastrophes, régnait sur les habitants des deux royaumes et les endormait. Les prophètes seuls veillaient. Michée déclare tour à tour à Jérusalem et à Samarie, à Juda et à Ephraïm, les châtiments qui les attendent, et les invite à la repentance et au salut ; mais il sait bien qu'on ne l'é-coutera pas ; il le dit lui-même : « Un esprit d'erreur, un prophète de mensonge qui prêcherait le vin et la cervoise, voilà qui serait un prophète pour ce peuple » (2, 41). Son nom et l'amertume de ses prédictions contribuèrent, cent ans plus tard, à sauver les jours èe Jérémie (26, 18. cf. Micli. 3, 12.). que les principaux de Jérusalem voulaient mettre à mort, parce qu'il avait censuré leur mauvais train, et annoncé la ruine de la ville sainte. — Le style de Michée est vif, chaleureux, animé, pittoresque ; il abonde en figures, et revêt, par moments, la forme du dialogue. Son livre se divise en trois parties : 1° les chapitres 1-3, qui renferment la description de l'état moral du peuple, et les châtiments qui l'attendent; 2° les chapitres 4 et ? sont une prophétie messianique, un coup d'oeil dans l'avenir, la perspective de jours meilleurs; 3° retour à la première partie, 6 et 7. On peut aussi le diviser historiquement en trois parties, dont la première (1-2, 10.) renferme les oracles prononcés sous Jo-tham, roi de Juda, et sous son contemporain, Pékah d'Israël ; la seconde (2, 10.-4, 8.) a été prononcée sous Achaz et sous Ezéchias, qui fut associé à son trône pendant les dernières années de sa vie, ainsi que pendant la fin du règne de Pékah en Israël ; la troisième enfin appartient au règne d'Ezéchias, dont les six premières années coïncident avec la plus grande partie du règne d'Osée, le dernier roi d'Israël (4,9.-7,). C'est dans cette dernière portion de son livre que se trouve cet oracle si clair et si connu des Juifs, de la naissance du Messie en Bethléem de Juda. — Esaïe, 2, 2-4., a copié presque littéralement Mich. 4, 1-3; du moins l'opinion inverse qui suppose que c'est Michée qui a copié Esaïe se justifie moins bien, de même que celle qui veut que tous les deux aient emprunté ces versets à un troisième prophète plus ancien. — v. Preiswerk, Morgenl. 1839, p. 129. sq.

3° FilsdeGuémaria, Jér. 36,11. Ayant entendu lire dans la salle de son père les oracles de Jérémie contre Jéhojakim, et peut-être ayant vu l'impression que ces paroles avaient faites sur le peuple, il trouva la chose assez importante, et courut avertir les princes. Il ne paraît pas qu'il se proposât de nuire au prophète, et l'on aurait tort de voir en lui un délateur; il a voulu servir les intérêts de ses maîtres, et n'a pas cru pouvoir mieux les servir qu'en leur faisant connaître la parole de l'Eternel ; il était assez naïf pour croire que les grands et les chefs des nations désirent d'être éclairés. Si le roi s'est irrité, si la vie du prophète a été en danger, la faute n'en est pas à lui, mais aux mauvaises dispositions de Jéhojakim et à son inimitié contre la vérité.

MICHEL, v. Micaël.

MICHMÉTHA, ville située sur les frontières d'Ephraïm et de Manassé, non loin de Sichem, vers l'est-nord-est, Jos. 16, 6. 17,7.

MICMAS, ville des Benjamites,Esd. 2, 27. Néh. 11,31. cf. 7, 31., au sud de Mi-gron, dans la direction de Jérusalem, Es. 10, 28., età l'est de Béthaven, I Sam. 13, 5. C'est dans le défilé de ce nom, situé à l'est de la vallée d'Ajalon, que Jonathan remporta, par la foi, la victoire sur les Philistins, après avoir jeté l'épouvante dans leur camp. La position de Micmas était importante sous le pas de vue militaire, à cause des deux rochers qui fermaient l'entrée du défilé, cf. Es. 10, 29. 1 Sam. 14, 4. et 1 Macc. 9, 73. Ses environs étaient extrêmement fertiles. On trouve encore quelqu< et même des cabanes habitées, placement de l'ancienne Mien faut les chercher plus loin moins à l'ouest de Jérusalem. j

M1CTAM. v. Psaumes.

MIDDIN, ville du désert de Juda, Jos. 18,61.

MIEL, substance bien connue, qui a été de tous temps, et qui est encore de nos jours, un des principaux régals des Orientaux, v. Gen. 43, 11.1 Sam. 14, 27. 2 Sam. 17, 29. Ps. 19, 10. (cf. Siraeh 39, 31.) Cant. 5,1. Prov. 24, 13. Ez. 16.13. Luc 24, 42. etc. Bochart a consacré vingt-huit pages à l'éclaircissement des passages bibliques où il est parlé du miel, et son travail doit être consulté.

Les païens avaient coutume d'offrir du miel en sacrifice à leurs divinités, et c'est peut-être pour éloigner toujours plus les Israélites des usages païens, que Dieu leur avait défendu de le faire sur ses autels; d'un autre côté, pour les rattacher cependant à la vie paisible de l'agriculture, il avait maintenu les prémices du miel avec toutes les autres offrandes en nature, comme devant être offertes aux prêtres pour servir à leur entretien ; cf. Lév. 2, 11.2 Chr. 31, 5. — Quelques auteurs pensent que dans plusieurs passages de l'Ancien Testament, et notamment Gen. 43,11. Ez. 27,17. Jér. 41,8., il ne s'agit pas du miel d'abeilles, mais d'une espèce de liqueur sucrée, de sirop, qui découle des dattes lorsqu'elle sont en pleine maturité (les docteurs juifs, Maïmonide, Josèphe ; Hitler, Celsius, Ged-des, etc.); ils s'appuient entre autres sur ce que le mot hébreu debash qui signifie miel, a en arabe le sens de dattes ; d'autres pensent qu'il faut l'entendre d'un miel de raisins, c'est-à-dire du jus de la vigne, cuit avec ou sans sucre, jusqu'à épaisseur de sirop (Rosenmuller) ; cette boisson se fait de nos jours encore en Syrie et en Palestine (Shaw, Russel, Burck-hardt). Trois quintaux de raisins donnent un quintal de cette liqueur, nommée encore debs (debash). On l'emploie au lieu de sucre, en la délayant d'eau ; pour les pauvres elle remplace aussi le beurre, et pour les malades le vin. Les Grecs et les Romains connaissaient aussi le miel du raisin, et ils s'en servaient non seulement avec le vin et le lait, mais aussi pour l'assaisonnement des fruits cuits (Virg., Ovid., Plin., etc.). On fait observer encore que le miel était si commun en Palestine qu'on a pu appeler cette terre un pays découlant de lait et de miel, Ex. 3, 8.13,5. Deu 32,13. Ps. 81,16. etc., et que par conséquent un présent de miel ne pouvait pas être quelque chose de bien rare pour le gouverneur de. l'Egypte, tandis que du miel de raisin était plus digne de lui êlre offert, et plus capable de le bien disposer, Gen. 43, 11.

Quoi qu'il en soit de cette question, les abeilles abondaient en Palestine, et les forêts pleines de leurs essaims, étaient chargées de rayons dont les cellules, se fondant à l'ardeur du soleil, laissaient échapper leur miel qui coulait le long des arbres et sur les rochers, pur de toute espèce d'alliage, de mélange de cire, plus délicat et plus recherché que le miel des abeilles de jardin : les Hébreux l'appelaient yaarah, mot que nos versions ont improprement traduit par rayon de miel, 1 Sam. 14, 27. Cant. 3, 1.,au lieu de : miel qui coule, ou de : ce qui distille des rayons de miel; v. aussi Mattn. 3,4. D'après Suidas, Kuhnol, Fritsehe, ce miel de forêts désignerait une espèce de manne qui découle des feuilles de certains arbres, soit naturellement, soit par suites des piqûres d'un insecte ; mais cette opinion ne se justifie que par des analogies éloignées. — Le mot nopheth employé Ps. 19,10. Prov. 5, 3.24,13.27, 7. Cant. 4,11., a paru à Harmer désigner le miel de dattes, mais il signifie étymo-logiquement ce qui distille, et le mot noub qui correspond en arabe à l'hébreu nouph ou nopheth, signifie encore miel sauvage, ce qui distille des rayoïu de miel (Forskal, Russel). Hasselquist, Maundrell et Shaw, ont trouvé dans les plaines émail-lées de Jérico des rayons de miel sauvage aussi gros et aussi soignés que s'ils eussent été dans des ruches.

Le beurre et le miel sont nommés dans l'Ecriture parmi les rafraîchissements les plus délicieux, 2 Sam. 17,29.Cant. 4,11. Job 20,17. Es. 7,15. Dans le passage 1 Sam. 14, 27. cf. 30.,l'effet produit par le miel sur les yeux de Jonathan, n'est autre chose que les forces et la clarté d'esprit que retrouve un homme fatigué et affamé lorsqu'il s'est un peu reposé et qu'il a pris quelque nourriture. Mais comme de violenls désirs ont de violentes fins, et que la voracité s'engloutit et se tue elle-même dans sa satisfaction, Sa-lomon a choisi l'exemple du miel pour recommander à l'homme la sobriété, Prov. 25, 16.

Les Hébreux appelaient bakbuk le vase destiné à contenir le miel coulé, 1 Rois 14, 3.: d'après Jér. 19, 1. lu., il paraît que c'étaient des vases de terre, et nos versions ont improprement traduit ce mot par bouteille, car il est évident que c'est de vaisseaux évasés et non de vases à longs cous que les Hébreux devaient se servir, pour y mettre une liqueur sirupeuse aussi facile à se candir que le miel.

MIGDAL. \°Migdal-El, ville de la tribu de Nephthali, Jos. 19, 38. L'endroit dont parle Eusèbe sous le nom de Mag-diel, tombe en dehors des limites de cette^tribu, et ne doit ainsi pas être confondu avec cette ville. — 2° Migdal-Gad, dans les plaines de Juda, Jos. 15, 37.

MIGDOL, ville d'Egypte située non loin du golfe arabique, à la fronlière septentrionale du pays, Ex. 14, 2. Nomb. 33, 7. Jér. 44, 1. 46,”14. Ez. (hébr.) 29. 10. 30. 6. La version d'Alexandrie, et Hérodote, la nomment Magdol, et dans la langue des Egyptiens elle s'appelait Meschtôl au dire de Champollion. Elle était entre Pelusium et Daphné, à environ 4 lieues 1 fè de Pelusium.

MIGRON, ville au sud-sud-ouest d'Aï, et au nord de Micmas, Es. 10, 28.1 Sam. 14, 2. D'après Rosenmuller il y aurait eu aussi un endroit de ce nom près de Guib-hath-Saûl, et c'est de cette place qu'il serait question dans le dernier passage; il s'appuie sur ce que Saiil étant à Guib-hath, 13,16., et les Philistins à Micmas, 13, 23., il ne pouvait avoir franchi IST-mée ennemie pour se rendre au-delà, à Migron ; mais comme le fait observer Winer, c'est une difficulté qu'une connaissance plus exacte des lieux et des défilés ferait peut-être disparaître ; il n'est d'ailleurs pas probable que si près de Migron, se trouvât un endroit du même nom sans désignation spéciale.

MILET, ville de l'Asie Mineure, peu éloignée d Ephèse ; d'abord appelée Le-îégeis elle a pris successivement les noms de Pityusa, d'Anactoiia et de Milet, et ses ruines portent maintenant le nom de Palat ou Palatsa : Chandler, dernier éditeur des marbre de Paros, paraît du moins avoir bien établi l'identité de ces deux endroits, car à Palat il a trouvé sur le côté du théâtre qui avoisine la mer, une inscription en gros caractères, grossièrement taillée, dans laquelle le nom de la ville de Milet est répété sept fois. — Célèbre par la finesse de ses laines et la beauté de ses étoffes, Milet, capitale de l'Ionie, avait ouvert quatre ports au commerce, et possédait un grand nombre de colonies : Thaïes, Anaximandre et Cad-mus étaient originaires de cette ville, qui possédait encore beaucoup d'autres citoyens illustres ; mais plus tard des habitudes de luxe et de volupté corrompirent les mœurs, et avec elles s'évanouit la bonne réputation de sagesse et d'intelligence qu'avaient longtemps méritée ses habitants. L'apôtre Paul y passa se rendant de Macédoine à Jérusalem, et il y eut une conférence avec les pasteurs d'Ephèse, qu'il avait fait venir ne pouvant se rendre auprès d'eux, Act 20, 13. 17. cf. aussi 2 Tim. 4,20.

MILLE. 1° Nombre qui se prend souvent dans l'Ecriture pour exprimer une quantité considérable, mais indéfinie, Deu 5,10.7, 9.Ps.84,10.105, 8. Apoc. 20, 2. 3. 4. C'est sur ce dernier passage que repose toute la doctrine du chiliasme ou du rèsne personnel de notre Sauveur sur la terre pendant mille ans, doctrine que nous ne pouvons examiner ici, qui a été crue des premiers pères comme elle l'était des Juifs, qui a été condamnée par l'Eglise à cause des aberrations de ses sectateurs, et qui, si elle doit être acceptée par le chrétien fidèle et humble, doit l'être simplement, et sans les additions et les développements d'une fausse sa-gesse ou d'une riche imagination, car il y a autant et plus de danger à la défigurer qu'à la rejeter; dans le premier cas on flatte la chair en matérialisant l'esprit, dans le second on se prive d'une espérance et d'un privilège.

2”Mille, Mat o, 41., mesure de distance qui varie beaucoup d'un pays à l'autre ; les Juifs ne connurent que depuis la domination romaine cette mesure qui leur fut donnée par les conquérants; le milliare ou milliarium comptait mille pas géométriques, soit 5,000 pieds, soit plus exactement encore 1,800 mètres, ou bien un tiers de lieue de 25 au degré; c'est le mille anglais, ou le tiers du mille géographique. Les talmudistes ont conservé à cette mesure le nom de mil, mais ils la réduisent à 7 1/2 au lieu de 8 stades. Les Romains établirent sur les grandes routes de la Palestine des pierres mil-liaires qui indiquaient les distances des villes les plus rapprochées ou les plus importantes, v. Villes.

MILLET, plante qui doit avoir reçu son nom de son abondante et facile reproduction, parce qu'elle rend beaucoup plus que toute autre, et qu'un épi peut porter sinon mille grains, au moins un nombre très considérable (Martin, Lexic. étym.). Il est encore, selon Niebuhr, très abondant en Egypte et dans l'Arabie Heureuse, où il forme la nourriture la plus ordinaire des pauvres, mais il est si désagréable au goût que ce voyageur lui préfère de beaucoup le pain d'orge ; on l'appelle durra. On a cru le reconnaître dans le dochan d'Ez. 4, 9., et dans le nisman d'Es. 28, 25. Il est probable, en effet, que par dochan il faut entendre une espèce de millet (holcus dochna L.) qui atteint une hauteur de 2 à 3 mètres, et dont les grains, à peu près semblables au riz, donnent une farine peu délicate; on en fait la moisson au commencement de novembre. Mais le passage d'Esaïe est moins facile à comprendre ; quelques auteurs ont voulu lire sésame au lieu de nisman, et l'on a fait plusieurs hypothèses de ce genre ; d'autres, prenant nisman pour un nom de plante, l'ont un peu au hasard traduit par millet, et lisent à la fin du verset : « ne sème-t-il pas dans sa terre du froment, de l'orge, du millet et de la vesce, chacun en sa place ; » nos versions sont meilleures, elles regardent nisman comme un adjectif pris adverbialement, et elles portent « l'orge en son lieu assigné. » Ce verset rappelle les soins minutieux que les Orientaux donnaient à l'agriculture; le laboureur met le blé en ligne, l'orge à sa place, et l'épeautre pour bordure.

MINES. G Bien que les montagnes de la Palestine fussent riches en divers métaux, il ne paraît pas que les Hébreux en aient jamais fait une exploitation régulière, et maintenant encore, on ne trouve aucune trace de mines, anciennes ou modernes dans ce pays. Les allusions faites à i'art des mines, Job 28, l.sq., prouvent que cet art a été connu fort anciennement, mais non qu'il ait été connu, et encore moins qu'il ait été pratiqué des Hébreux. Il est parlé I Macc, 8, :!. des mines d'or et d'argent qui se trouvaient en Espagne ; elles étaient célèbres dans l'antiquité et ont fait une partie de la fortune des Phéniciens, qui en écoulaient les produits par Tyr dans tous les marchés de l'Asie.

2° Mine, monnaie grecque-attique, évaluée à cent drachmes, un peu plus de 80 francs de notre monnaie, Luc 19,13. (dans le texte). La mine paraît avoir été d abord une mesure de poids, et c'est comme telle qu'on la trouve mentionnée 1 Macc. 14, 24. cf. 15, 18.; le bouclier d'or dont il s'agit dans ce passage, aurait pesé, d'après l'évaluation ordinaire de la mine, plus de 880 livres. — Les Hébreux avaient une mine différente de celle des Grecs, tout à la fois mesure de poids pour les vases d'or ou d'argent, 1 Rois 10, 17., et monnaie fictive pour l'appréciation de sommes d'argent considérables, Esd. 2, 69. Néh. 7, 71.; d'après 2 Chr. 9, 16. cf. 1 Rois 10, 17., elle pesait 100 sicles; Ezé-chiel, 45,12., parle d'une mine plus petite, du poids de 60 sicles ou même de 50 seulement, si l'on admet la correction plus* probable de cet obscur verset « Alors (dans le nouveau royaume d'Israël) le sicle vaudra 20 oboles, une pièce de S sicles vaudra 5 sicles, une pièce de 10 en vaudra 10, et la mine en vaudra 50 ; >< c'est-à-dire que les poids et les monnaies une fois fixés, ne seront pas exposés à perdre de leur valeur par des altérations ou des dépréciations.

MINNITH, ville située au-delà du Jourdain dans le pays des Hammonites, entre Hesbon et Rabbath-Ammon, dans une plaine riche en fourrages et en blés, Jug. 11, 33. Ez. 27,17. Saint Jérôme l'appelle Mannith, et Eusèbe Maanilh.

MIRAGE, phénomène des sables du désert, apparences trompeuses produites par l'évaporation forte et continue qui s'élève de la terre au matin, dans les pays chauds ou la rosée est plus abondante que chez nous ; son nom hébreu est sharab qui emporte une idée de chaleur; il en est parlé Es 35, 7., et l'on peut croire que Jér. 15, 18. y fait allusion, quoiqu'il soit possible aussi que le prophète ait en vue ces sources éphémères que le voyageur trouve sur sa route, mais qui ne tardent pas à sécher ou à disparaître sous des collines de sable, et qu'on ne peut plus retrouver quand on les cherche de nouveau. Voici comment en parlent MM. Keith, etc. (Les Juifs d'Eur. et de Pal., p. 35) : « Nous vîmes dansl'éloignement le phénomène bien connu du mirage auquel le prophète Esaïe fait probablement allusion, etc Nous vîmes d'abord ce qui nous semblait une rivière coulant paisiblement, et réfléchissant sur sa surface unie des arbres qui croissaient sur ses bords, tandis que quelque objet plus éloigné faisait l'effet d'une belle maison entourée d'arbres. Puis cette vue se transforma en châteaux entourés de palmiers, sur le bord d'un beau lac qui s'étendait de notre côté. Ce changement continuel d'aspect, ainsi que la vapeur répandue dans l'atmosphère, sert à faire reconnaître l'illusion du mirage. »

MIROIRS. Les miroirs de verre ne sont connus que depuis le treizième siècle; jusqu'à cette époque, les anciens ne se servaient, comme font maintenant encore presque tous les peuples de l'Orient, que de miroirs de métal poli, de cuivre, d'é-tain, d'argent ou d'un alliage d'étain avec l'un de ces deux autres métaux ; l'usage en était si commun déjà du temps de Pline, que les domestiques même avaient souvent des miroirs d'argent. Cet objet de luxe et de propreté était une invention des Sidoniens. Les Hébreux le connaissaient, Job 37,18., et il ressort de Ex. 38, 8., qu'il n'était pas rare du tout, et que les femmes hébreues en possédaient un fort grand nombre; c'étaient peut-être des miroirs portatifs retenus à la ceinture par des agrafes, ou fixés sur les bagues en guise de chaton. Ces petits miroirs avaient leur rôle dans quelques cérémonies païennes, et les femmes, en les présentant à leurs déesses, semblaient leur rendre hommage et se mettre dans leur dépendance ; on a voulu voir dans le passage cité de l'Exode une allusion à cette coutume, mais on ne l'a ni prouvé, ni même rendu probable (Gesenius). Une autre espèce de petits miroirs est nommée, Es. 3, 23., parmi les objets de luxe que le Seigneur détruira dans Juda en punition des péchés du peuple; v. encore Jacq. 1, 23. 1 Cor. 13, 12. L'idée de miroirs se retrouve aussi 2 Cor. 3, 18., qui serait mieux traduit peut-être : « Nous tous qui faisons rayonner (comme en un ¦miroir) la gloire du Seigneur, » etc.

On comprend que, pour pouvoir être, non seulement portés, mais achetés facilement, des miroirs de métal devaient être très petits ; leur forme était ordinairement ronde ou ovale. Cependant il paraît qu'avec le temps, on attacha beaucoup d'importance à ces objets de luxe, et Sénèque se plaint d'avoir vu des miroirs aussi grands que le corps humain. La dot offerte par le sénat aux filles de. Scipion n'aurait pas suffi, dit-il, à acheter un miroir à la fdle d'un affranchi de son temps. — Il y avait, chez les païens, une divination par le miroir, dont nous n'avons pas à nous occuper ici. v. Pausan. 7, 21.; d'Herbelot, Bibl. Orient., p. 392.

MISAEL. 1° Misaël et Eltsaphan, fils de Huziel, dernier fils de Kéhath, étaient ainsi cousins de Moïse et d'Aaron. Ils furent chargés de conduire le deuil de Nadab et d'Ahibu, frappés par la vengeance divine pour avoir profané le sanctuaire, et ils remplacèrent, dans cette triste cérémonie, Aaron et ses fils, qui auraient dû naturellement y présider, mais dont la présence, dans ce cas particulier, eût eu l'air de regrets, et presque d'une protestation contre le jugement de Dieu, Ex. 6, 22. Lév. lu, 4. Nomb. 3, 30. — 2° ?. Mésac.

MISÉAL, ville lévitique de la tribu d'Aser, Jos. 19, 26. 21, 30.; d'après Eusèbe, elle était sur les côtes de la Méditerranée, non loin du Carmel: c'est probablement la même que Masal, 1 Chr.6,74.

MITHKA, un des campements des Israélites dans le désert, entre Térah et Hasmonah, Nomb. 33, 28.; du reste, inconnu.

MITHRÉDAT. ?. Bislam.

MITSPA, nom de ville, qui signifie un signal, une tour d'observation, un lieu élevé, du haut duquel on surveille toute la contrée; plusieurs de ces villes portent ce nom. — 1° Jug. 11, 11. 34., la résidence de Jephthé, au-delà du Jourdain, différente probablement de Mitspé de Galaad, v. 29. — 2° Mitspa, appelée aussi Mitspé, Jos. 18, 26., la frontière militaire de Juda contre Ephraïm, située en Benjamin : c'était presque le pas central des tribus d'Israël. C'est là que les Israélites se rassemblèrent vers l'Eternel pour punir Benjamin, Jug. 20, 1.21, 1. Elle acquit sous Samuel une certaine importance : Samuel y juge et y sacrifie ; il en fait un lieu de prières, 1 Sam. 7, 5-17. cf. 1 Macc. 3, 46. Israël, à sa voix, y abandonne ses idoles et devient vainqueur des Philistins ; Saiil y est désigné roi par le sort, 1 Sam. 10. Plus tard, le roi de Juda, Asa, la fortifie et en fait le boulevard de ses états du côté d'Ephraïm, 1 Rois 15, 22. 2 Chr. 16, 6. Après la destruction de Jérusalem, le gouverneur Guédalia. établi par Nécabudnetsar sur la Judée, y fixe sa résidence, Jér. 40, 6. 41, 1 4. 2 Rois 25, 22-25. Au retour de l'exil, quelques Juifs s'y établirent de nouveau, Néh. 3, 7. 19.

MITSPÉ. 1”Ville des plaines de Juda, Jos. 15, 38. —2° Ville de Moab, 1 Sam. 22, 3. — 3° Vallée du Liban, Jos. 11,8.

4° et 5° v. Mitspa, et Ramoth.

MITYLÈNE, ville maritime de l'île de Lesbos, avec deux ports, plusieurs canaux, et des ponts de marbre blanc. C'était un séjour agréable et distingué par l'étude des lettres; Alcée, Eschine et Sapho y naquirent. Saint Paul y passa, se rendant d'Assos à Samos, Act 20, 14.

MNASON, Cyprien de nation, établi à Jérusalem, donna l'hospitalité à Paul, à Luc et à leurs compagnons de voyagé, soit qu'il ait fait le voyage de Césarée à Jérusalem avec l'apôtre, soit, comme on peut le traduire aussi, que les disciples aient conduit Paul chez lui. Son titre d'ancien disciple semble indiquer qu'il avait été converti déjà pendant la vie du Seigneur.

MOAB, Moabites. Moab était le fils de Lot et de sa fille aînée, Gen. 19, 37. Ses descendants, riches en troupeaux, occupèrent les contrées situées à l'orient de la mer Morte et du Jourdain, après qu'ils en eurent chassé la race géante des Emims, Deu 2, 10. Le nom de campagnes de Moab était plus spécialement affecté aux plaines qui se trouvaient en face de Jérico, Nomb. 22, I. Deu 34, 1. 8. Jos. 13, 32. L'Arnon, qui se. jette dans le Jourdain, les séparait de Gad et de Ruben. Les Moabites avaient aussi possédé d'abord la partie comprise entre l'Arnon et le Jabbok; mais ils en avaient été dépossédés par les Amorrhéens qui, à leur tour, durent se retirer devant Moïse, et céder leurs montagnes et leurs pacages aux troupeaux des Rubénites et desGadites, Jos. 13, ISomb. 21, 13. 26. Jug. 11,18. Pendant le voyage du désert, les Israélites respectèrent le territoire et les frontières de Moab, Deu 2, 9. Jug. 11, 15. 18. 2 Chr. 20, 10.; ils le devaient, mais ils allèrent plus loin qu'ils ne devaient, et se souillèrent aux fêtes de ces impurs idolâtres. Nomb. 25, 1. Sous les juges, les Moabites s'étaient rendu tributaires les Israélites, au moins la partie méridionale du pays et les tribus transjourdaines ; mais, au bout de quelque temps, ils furent vaincus à leur tour, et soumis par Ehud, Jug. 3, 12. 30. Le livre de Ruth semble indiquer une époque d'alliance, ou, tout au moins, de relations amicales entre les deux pays. Puis, sous Saiil, les hostilités recommencèrent, et David imposa aux Moabites un tribut en menu bétail (1 Sam. 14, 47. 2 Sam. 8,

2. 2 Rois 3, 4.), qu'ils payèrent dans la suite aux rois d'Israël, jusqu'au jour où ils trouvèrent le moyen de s'en affranchir, après la mort d'Achab, 1Rois, 1,1.

3. 4. sq. cf. Es. 16, 2. Le roi Joram leur fit la guerre pour les soumettre de nouveau : mais, quoiqu'il envahît leur pays après les avoir vaincus, on ne trouve plus aucune mention d'un tribut qu'ils auraient payé, 2 Rois 3, 4. 2 Chr. 20, 1. ; il paraît qu'ils se relevèrent sous Joas, mais que Jéroboam II les soumit de nouveau, 2 Rois 13, 20. 14, 28. Am. 6, 14. Après que les tribus transjourdaines eurent été emmenées en captivité par les Assyriens, les Moabites s'emparèrent peut-être de toute la contrée qu'elles avaient occupée, peut-être aussi furent-elles bientôt refoulées au-delà de l'Arnon par l'invasion de Tiglath-Pilézer, qui eut lieu peu de temps après, 1 Chr. 5, 26. C'est peut-être à cette époque que se rapporte l'oracle d'Esaïe (18 et 16), ainsi que celui de Jér. 48. Les Moabites, soumis par l'armée caldéenne, et rendus tributaires de Nébucadnetsar, conservèrent cependant leurs propres chefs, et mirent bientôt au service du conquérant des troupes auxiliaires qui agirent de concert avec lui contre Juda, 2 Rois 24, 2.; puis, lorsque l'armée caldéenne eut quitté la Palestine, les princes moabites, avec les chefs de quelques états voisins, cherchèrent à détourner Sédécias de la fidélité qu'il avait promise, comme vassal, à Nébucadnetsar, Jér. 27, 3. On ne connaît pas le résultat de cette démarche; mais on sait qu'après la ruine de Juda, sous son dernier roi, les Moabites firent éclater, sur les malheurs de ce royaume, une joie maligne que les prophètes leur reprochent amèrement, Soph. 2, 8. Ez. 25, 8., ce qui n'a pourtant pas empêché quelques Juifs, fuyant la guerre des Caldéens, de trouver un asile parmi eux, comme on le voit Jér. 40, 11. L'historien Josèphe (Ant. Jud. 10, 9, 7.) rapporte que, cinq ans après la destruction de Jérusalem, Nébucadnetsar fitla guerre aux Moabites, et qu'il les subjugua. Cependant la date de cette expédition n'est pas très sûre; il paraîtrait même qu'elle doit être placée encore onze ans plus tard, après la prise de Tyr, qui eut lieu seize ans après celle de Jérusalem. Quand les Juifs furent rentrés dans leur pays, au retour de la captivité, le pays de Moab était habité comme auparavant, mais la population était mé-langée; on voit même, Esd. 9, I. Néh. 13, 23., que beaucoup de Juifs avaient épousé des femmes moabites et hammo-nites. Dès lors, le nom de Moab se perd ; il n'en est plus guère fait mention que Dan. M, 41., et Jos. Ant. 13, 14, 2. 15. et 4. Guer. des Juifs 3, 3, 3., et il se confond probablement sous le nom plus général d'Arabes.

Le nom des Moabites apparaît souvent dans les oracles des prophètes, niais il est toujours accompagné de menaces et de malédictions qui se rattachent aux rapports politiques et religieux de Moab et d'Israël depuis les jours de Balaam, Es. 11,14.1 S, 16, 25. 10. Jér. 48, Am. 2, 1. Soph. 2, 8. cf. Ps. 60, 8. 83, 6., etc.

Le pays de Moab, une partie du Kérek de nos jours, était en général montagneux, mais coupé de riches vallées et de plateaux fertiles, arrosé par les eaux de l'Arnon, du Séred, et du torrent du désert, Am. 6, 14. Es. 15, 7. (mal traduit dans ce dernier passage ?a vallée des Arabes) : le blé, la vigne et les arbres fruitiers y étaient cultivés avec avantage, et le bétail y prospérait, Ruth 1,1.2 Rois 3, 4. Es”16, 8.

La capitale du pays était Har-Moab, ou Rabbath-Moab, (Aréopolis) située près del'Arnon,à6 lieues est de la mer Morte, et à 12 lieues sud-est de Calirrhoé : on remarquait encore la forteresse de Kir-Moab, et dans la partie méridionale du pays Tsohar et Luhith, Es. 15, 5.

Nous avons peu de données sur la constitution politique et religieuse des Moabiles ; ils paraissent avoir été régis monarchiquement, Nomb. 22, 4. Jug. 3, 12. 1 Sam . 22, 3. Jér. 27, 3., et avoir conservé leurs rois (vassaux) même sous la domination des Israélites, 2 Rois 3, 4.; mais à côté de ces rois se trouvaient, comme chez les nations voisines, les chefs de famille, anciens et seigneurs, espèce d'aristocratie dont les prérogatives modéraient ce qu'il y avait de trop absolu dans l'exercice de la royauté, Nomb. 22, 8. 1 i. 23, 6. La religion de Moab était un culte (voluptueux) de la nature, Nomb. 25, 1., de Rahal-Péhor, et de Kémos, Nomb. 21, 29. 25, 3.; des sacrifices humains sont aussi mentionnés 2 Rois 3, 27.

MOINEAU. Ce désagréable petit oiseau, mi-domestique, mi-sauvage, au nom duquel Buffon donne la même éty-mologie qu'au nom de moine, à cause de son caractère solitaire, et de son isolement habituel, est compris en grec sous le nom général de st?a?d??, puis désigné plus spécialement sous celui de t??-/).?tt,? : le premier seul apparaît dans l'Ecriture, Mat 10, 29. Luc 12, 6., mais peut signifier aussi l'hirondelle, cf. Tobie 2, 9.; il correspond à l'hébreu tsippor, qui s'applique aux oiseaux purs dont la chair n'était pas défendue par la loi, et peut désigner aussi quelquefois le passereau, le moineau ou l'hirondelle, quoiqu'il y ait pour ce dernier oiseau un nom particulier. On peut conclure des deux passages du Nouveau Testament cités plus haut, que la chair du moineau, qui est très abondante en Orient, servait parfois de nourriture aux pauvres gens.

MOIS. Les mois des Israélites étaient lunaires, et le nom même de mois était chez eux, comme dans plusieurs langues modernes, le même que celui de lune; on sait qu'en allemand les deux mots ont beaucoup de rapports, monat et mond, peut-être en anglais de même, moon et month. Le mois commençait avec la nouvelle lune, et toute l'organisation des fêtes mosaïques est basée sur une année lunaire. Pour marcher avec la lune, les mois durent être d'abord alternativement de 30 et de 29 jours ; on appela les premiers pleins, et les seconds vides : plus tard encore on s'aperçut qu'outre les 29 jours et 12 heures il y avait un surplus d'environ 3/4 d'heure, tellement qu'au bout de 32 lunaisons on se trouverait en retard d'un jour ; on ajouta donc ce jour à chaque troisième année qui compta ainsi 355 jours au lieu de 334, et qui fut appelée abondante ; mais comme cette quantité était un peu trop forte, on dut retrancher de temps en temps un jour à l'année qui ne lut ainsi que de 353 jours, et fut nommée déficiente (Heidegger).

Les Hébreux ne distinguèrent d'abord les mois que par leur rang dans l'année, le premier, le second, etc., v. Gen. 7, H. 8, 3. 4. 2 Rois 25, 27. Jér. 32, 31. Ez. 29, 1. On trouve cependant quelques mois désignés par leurs caractères : ainsi celui A'abib ou des épis, Ex. 13, 4. 23,

15. Deu 16,1.; c'est celui dans lequel tombait la Pàque, et qui fut plus tard le nisan ; le zif, ziv, ou mois de la floraison, 1 Rois 6, 1. 37.; le but, qui signifie peut-être le mois des pluies, 1 Rois 6, 38.; et Véthanim, ou mois des gros torrents, 1 Rois 8, 2. C'est surtout à l'époque de David et de Salomon que prirent naissance ces noms appellatifs ; nous ne connaissons que ces quatre appartenant à cette époque. Après le retour de la captivité les Juifs adoptèrent les noms en usage parmi les peuples chez lesquels ils avaient été esclaves, noms qui sont évidemment d'origine caldéenne, à l'exception de adar qui est syrien, 2 Macc. 15, 37. : ainsi on lit chez les auteurs postérieurs les noms de nisan, sivan, kisleu, tebeth, sebat, et elul, Est. 3,7.2,16.8,9. Zach.1,7.7,1.INéh. 6,15.; mais l'usage si naturel de désigner les mois par leur rang dans l'année ne fut pas abandonné entièrement, comme on peut le voir Agg. 1, 1. 2, 1. Néh. 8, 2. Dan. 10, 4. Esd. 3, 1. Est. 9, 1., etc. Les Quakers ont conservé ou adopté le même usage.

MOÏSE, chef et législateur des Juifs, descendant de Lévi, fils d'Hamram et de Jokébed, Ex. 6, 20. 2, 1. sq., naquit en Egypte pendant les jours de l'esclavage (1571 av. C.) ; il était divinement beau, dit l'apôtre, Hébr. Il, 23. Il fut adopté par une princesse égyptienne, qui lui donna, en souvenir de sa naissance et de sa délivrance, le nom qu'il a toujours porté depuis (en égyptien ma signifie l'eau, et ysès ou oudsché sauvé, d'après Jablonsky ; ou bien selon Renaudot, moou signifie l'eau, et si tiré). L'Histoire sainte se tait presque entièrement sur les quarante premières années de sa vie; elle raconte seulement qu'il fut instruit dans toute la science des Egyptiens, et le Pentateuque qu'il a écrit porte partout l'empreinte des profondes connaissances qu'il avait acquises; Moïse y apparaît comme un homme versé dans toutes les spécialités. Entouré de pompes et d'espérances, avec la perspective peut-être de monter sur le trône des Pharaons, il préféra le ciel à la terre, et l'opprobre de Christ à la gloire de ce monde : il quitta la cour et voulut devenir semblable à ses frères qui gémis-

saient sous l'ignominie et l'oppression ; il voulut les secourir, tua un Egyptien, essaya d'intervenir comme médiateur entre deux Hébreux, et comprit par la réponse qu'il reçut de l'un d'eux, que l'heure de la délivrance n'était pas encore arrivée. Menacé de mort, il s'enfuit en Ma-dian, et, allié d'un prince berger, il acheva de mûrir pendant quarante années de solitude, en gardant les troupeaux de son beau-père, les projets qu'il avait formés en faveur de son peuple ; l'indépendance de sa nation pouvait être différée, mais elle ne pouvait être perdue pour toujours; on peut croire aussi que vieillissant et s'affaiblissant, il en vint à ne plus former que de simples vœux, renonçant pour lui-même à l'honneur qu'il avait rêvé plus jeune, d'affranchir son peuple de tant de misères. Une \ision miraculeuse, accompagnée de grands prodiges et de paroles sublimes, vient dans sa quatre-vingtième année l'arracher aux travaux paisibles dont il avait pris l'habitude, et faire d'un conducteur de brebis uiî conducteur d'hommes vivants. Faible, craintif, irrésolu, se défiant de lui-même, et s'expri-mant avec peine, Moïse avait besoin de miracles pour se décider, et il les obtint : la puissance de Dieu se manifesta dans son infirmité, et le futur législateur, accompagné de son frère le futur pontife d'Israël, part et vient sans mystère déclarer au monarque polythéiste les desseins du seul vrai Dieu. Celui qui est. Les efforts réunis des deux frères, leurs menaces, leur parole accomplie, dix plaies qui frappent successivement l'Egypte en épargnant les Hébreux, ouvrent à ceux-ci le chemin de la liberté, Ex. 6-14. Moïse conduit au désert ce peuple d'esclaves, leur fait passer de pied sec la mer Rouge, leur donne la loi en Sinaï, les organise en nation, règle leur culte et leurs institutions religieuses et politiques, ne les entretient que de miracles, ne voit chez eux que murmures et incrédulité, révoltes et idolâtrie, Ex. 11-40, Nomb. 10-13. Désespérant enfin d'un peuple auquel il a tout donné, excepté le cœur et l'amour des grandes choses, il sème et perd au désert ces hommes qui préfèrent des oignons à la liberté, laisse éteindre cette lâche génération d'esclaves, forme aux combats et à la prière des hommes nouveaux et libres, leur promet à eux seuls et à leurs efforts la possession de la terre sainte, abîme les peuplades cananéennes situées en dehors des limites de la Palestine, et donne leur territoire à quelques tribus plus impatientes; puis, à l'âge de cent vingt ans, il dépose son autorité entre les mains du fidèle Josué, et meurt ou s'endort sur la montagne du haut de laquelle sa vue encore bonne a pu contempler la terre après laquelle il avait longtemps soupiré, dont un mouvement d'in-crédulité l'a banni lui-même, et où il n'est entré enfin que deux mille ans plus tard, lorsque Jésus le reçoit sur le mont ïabor, Matin. 17, 3.

La vie de Moïse embrasse les quatre derniers livres du Pentateuque, et c'est lui-même qui l'a écrite. Elle est trop connue pour qu'il soit nécessaire de la raconter ici en détail, et se rattache d'ailleurs à une quantité de noms et de faits qui tous ont leurs articles spéciaux, ?. Aaron, Balaam, Manne, Coré, Loi. Mer Rouge, etc., etc. Nous nous bornerons donc à éclaircir les points obscurs de son histoire qui ne touchent qu'à lui seul, sans entrer dans l'examen de questions qui sont résolues ailleurs.

1° On ne peut ni prouver ni commenter les miracles, et l'histoire de Moïse en est pleine : la foi seule les admet, l'incrédulité les rejette ou cherche à les expliquer d'une manièie naturelle. Quoiqu'il faille en général se méfier des explications, il faut cependant éviter aussi de tomber dans l'excès contraire, qui cherche à multiplier inutilement une intervention du Très-Haut dans les événements de la nature, lorsque rien dans l'Ecriture ne justifie l'idée d'un miracle proprement dit. C'est ainsi qu'on a voulu voir un miracle dans la délivrance du jeune Moïse sauvé des eaux par une princesse d'Egypte; â ce compte-là, toutes les préservations providentielles seraient des miracles, et si l'on veut en effet donner ce nom à toutes les dispensations divines, à la bonne heure; mais on doit se rappeler des faits tout semblables dans les histoires de Sémiramis, de Cyrus, de Romulus, et d'autres personnages historiques arrachés à la mort contre toute probabilité humaine, mais par des moyens et des secours tout humains : c'étaient des cas, si l'on veut, extraordinaires et inattendus, mais nullement miraculeux. La défaite des Amalécites appartient à la même classe d'événements ; ce fut une prière exaucée, mais la victoire d'armes terrestres. 11 y a dans la vie de Moïse un second ordre de faits, c'est celui de miracles réels produits par des causes naturelles; ainsi, le passage de la mer Rouge, cf. Ex. 14, 21.; ainsi, peut-être, quelques-unes des plaies de l'Egypte, le génie de Betsaléel et d'A-holiab, les cailles du désert et les maux qui s'y rattachèrent, la plaie de Sittim, etc. Enfin, l'on doit ranger dans une troisième classe la vision du buisson ardent, les pouvoirs donnés à iioïse, la plupart des plaies, la manne, la nuée du tabernacle, l'eau du rocher, l'entretien des vêtements pendant quarante ans, la mort soudaine de Nadab et d'Abihu, celle de Coré et de ses complices, le serpent d'airain, etc. Ces distinctions sont permises, mais elles ne sont justes qu'au pas de vue humain; elles sont claires lorsqu'on définit le miracle une perturbation momentanée des lois ordinaires de la nature ; elles sont inutiles quand on admet l'intervention constante de Dieu dans tous les phénomènes, ordinaires et extraordinaires, du monde physique, et qu'on se rappelle que pas un cheveu ne tombe en terre sans la permission de celui qui dirige les mondes dans leur cours.

2° On s'est étonné que Jobéked ait pu garder son fils pendant trois mois sans que rien l'ait trahie ; que la princesse ait pu élever le jeune Hébreu à la cour de celui qui avait porté l'édit de destruction ; et enfin que Moïse, malgré ses relations avec la cour, soit représenté plus tard comme y étant complètement inconnu et étranger. Mais la première observation montre bien peu de connaissance du cœur d'une mère, de ce cœur habile à tromper tous les ennemis, à déjouer toutes les ruses, à écarter tous les dangers; l'on sait d'ailleurs, par des faits qui se reproduisent continuellement de nos jours encore, et sous nos yeux, qu'il n'est pas de lois, si sévères qu'elles soient, et souvent même en proportion de leur sévérité, auxquelles bon nombre d'individus ne réussissent à se soustraire. La seconde observation prouverait également peu d'intelligence des rapports d'una tille avec son père; il n'est pas de loi qui n'ait ses exceptions naturelles, et la prière d'une fille, dans un cas surtout qui semblait présenter si peu d'importance politique, a dû décider sans peine le monarque absolu de l'Egypte. On pourrait ajouter aussi que Pharaon étant sans enfants mâles, et sa fille étant sans enfants, l'adoption du jeune Moïse aura été facilitée par cette circonstance, et qu'elle aura pu sourire au vieux roi. D'anciens interprètes ont, en effet, compris Ex. 2, 10., comme si Moïse avait été destiné au trône de l'Egypte, et, si cette opinion a été abandonnée, elle n'est cependant pas absolument sans vraisemblance. Quant à l'objection tirée de ce que Moïse, reparaissant à la cour, semble ne pas y être reconnu, elle rçe repose que sur le silence de l'Ecriture à cet égard, et non sur un texte quelconque. Rien ne dit que Moïse fut oublié ; comme aussi, à cause des rapports nouveaux de Moïse avec Dieu, rien ne nécessitait la mention de ses anciennes relations avec la cour : rappelons d'ailleurs qu'entre la fuite de Moïse en Madian et sa réapparition en Egypte, quarante ans s'étaient écoulés, et que le souvenir d'un homme avait pu s'effacer dans cet intervalle, plusieurs rois s'étant peut-être succédé sur le trône, et tout le personnel de la cour ayant pu être changé.

3° 11 est digne de remarque que Moïse ayantentrepris ladélivrance desHébreux, àlaquelle il étaitcependant destiné, échoua dans sa première tentative. C'est que son heure n'était pas encore venue; c'est aussi que, lorsque Dieu veut que l'homme accomplisse une œuvre, il ne suffit pas que l'homme l'entreprenne, il faut qu'il l'entreprenne au nom de Dieu, avec son secours, avec le Saint-Esprit pour guide, pour mobile, pour conseil et pour aide, non pas de lui-même et par lui-même, mais par celui qui l'a envoyé. Dieu, en se servant des homme pour l'accomplissement de ses desseins, veut toujours manifester sa force dans notre infirmité, et le jeune, le puissant, le savant Moïse a échoué, quand le vieillard affaibli, sans enthousiasme, sans courage, sans élan, sans forces, a réussi. L'Ecriture nous présente un grand nombre d'exemples de ce genre, et toutes les entreprises chrétiennes, individuelles ou générales, feront l'expérience de leur faiblesse, même dans le bien, quand elles voudront travailler en dehors des inspirations divines, de leur force, même dans l'infirmité, quand elles iront en avant par la foi.

4”L'enlèvement des vases d'or et d'argent que les Israélites empruntèrent aux Egyptiens, et qu'ils ne leur rendirent pas, Ex. 3, 22. 11,2. 12, 33. 36., a servi de thème aux déclamations de bien des incrédules. C'est un vol, ni plus, ni moins, dès qu'on veut faire abstraction de tout ce qui l'a accompagné ; ce n'en est plus un dès qu'on se rappelle (11, 2.) que les Hébreux empruntèrent de bonne foi et avec l'intention de rendre, et que les circonstances, la guerre étant survenue, ne le leur ont plus permis ; chez les anciens, une déclaration de guerre faisait considérer comme butin tout ce que l'on possédait appartenant à l'ennemi. Ce n'est plus un vol quand on se rappelle que les Israélites abandonnaient, entre les mains des Egyptiens, les cultures de Goscen, et beaucoup d'autres propriétés dont la valeur était de beaucoup supé-rieure à celle des vases qu'ils emportaient. Ce n'était plus un vol enfin, parce que cet enlèvement avait lieu sur l'ordre de celui à qui toutes choses appartiennent; de celui qui, après avoir prêté des richesses aux Egyptiens, jugeait à propos de les répartir autrement, de les don-ner à son peuple élu, de les faire passer en d'autres mains, afin que, plus tard encore, elles servissent à l'ornement de sa demeure. Les commandements que Dieu a donnés ne le lient pas lui-même : il peut commander à Abraham le meurtre de son fils; aux Hébreux, l'extermination des Cananéens ; à Osée, la fréquentation d'une femme de mauvaise vie.—?. Grand-pierre, Essais sur le Pentateuque.

5° La durée du séjour des Hébreux en Egypte a-t-elle é é de 430 années, comme il est dit Ex. 12, 40., ou bien ces 430 années doivent-elles être comptées depuis la promesse qui fut faite à Abraham, Gai. 3, 17.? Dans ce dernier cas, le séjour de l'Egypte n'aurait duré que 215 ans. C'est une question qu'il n'est pas possible de résoudre. A moins d'admettre une contradiction entre les historiens sacrés, il faut admettre une altération dans les chiffres qui nous ont été laissés. — v. Sardinoux, Comm. sur Gai. 3,17.

6° Le nombre des hommes de guerre à la sortie d'Egypte étant de 600,000, Ex. 12, 37., suppose une population totale d'au moins un million et demi de personnes de tout âge, chiffre imposant quand on se rappelle que c'était la postérité du seul Jacob, venu auprès de Pharaon avec ses soixante-dix enfants et petits enfants, mais dont l'exagération diminue et s'explique facilement, ainsi qu'on le verra à l'art. Nombres.

7° La grande émigration du peuple juif a été connue des Grecs, et mentionnée par leurs historiens, ainsi que par les historiens latins(Tacit. Hist. 3, 3. Justin 36, 2. Diod. de Sic. 40, 1. 34, 1.); mais ils la racontent, d'après des données égyptiennes, comme une expulsion des Hébreux par les Egyptiens, nécessitée par une maladie épidémique, peste ou lèpre, qui aurait régné dans les rangs des Israélites, et menacé la santé publique. v. Lèpre. D'après Lysimaque, le roi Boc-choris aurait fait noyer les malades, et chassé les autres dans le désert. Les plaies envoyées sur les Egyptiens (Ex. 9) peuvent avoir donné naissance à cette tradition malveillante, et l'on comprend que le peuple païen ait saisi avec empressement un moyen de dénaturer la vérité, et de rendre suspects les esclaves qui avaient secoué leur joug. Ce ne serait pas, dans l'histoire, le dernier exemple de ce genre.

8° On a essayé de comparer, à la disparition subite de Romulus, la mort de Moïse sur le mont Nébo; on a voulu la rapprocher aussi de l'enlèvement d'Enoch et de celui d'EIie. Le choix de ces deux derniers exemples aurait, en tout cas, plus de valeur que le premier ; mais tout ce qu'on a voulu voir de merveilleux dans la mort de Moïse, on a été obligé de l'y mettre. Le texte biblique nous dit clairement et simplement : « Moïse mourut là, selon le commandement de l'Eternel, et il l'ensevelit dans la vallée, » Deu 34, o. 6. Ce qui peut donner lieu à discussion, ce n'est donc pas le fait de sa mort, mais ce qui est dit, Jud. 9., de la dispute du démon avec l'archange Michel, au sujet de son corps, ?. ce qui a été dit à l'art. Michel.

9° Moïse, d'après la chronologie ordinaire, à vécu de 1571-1450 av. C, et nous nous contentons de cette date, faute d'une base chronologique plus sûre ; d'autres placent sa naissance à l'an 1726, d'autres en 1948. La détermination des dynasties égyptiennes dont le législateur des Hébreux a été contemporain, serait d'un grand secours pour la fixation des dates, si celte détermination même était possible, mais à cet égard aucun fait n'est acquis à la science : les uns placent la fuite des Hébreux sous le neuvième roi de la 18e dynastie, celle des Pharaons, dans la 16e ou 17e année de ce roi ; d'autres la mettent au commencement de la 19e dynastie ; d'autres enfin, mais c'est évidemment erroné, à l'époque de la 24e dynastie, qui doit avoir été contemporaine de Pékali, roi d'Israël.

10° On suppose que Moïse a employé les loisirs des quarante années qu'il passa en Madian, à la composition de la Genèse, et probablement du livre de Job ; il a écrit les quatre autres livres qui portent son nom, pendant le voyage des Hébreux dans le désert, à l'exception du dernier chapitre du Deutéronome, que l'on attribue à Esdras, ou plus probablement encore à Josué son successeur, v. Pentateuque. On croit aussi que c'est lui qui a composé le psaume 90. v. Psaumes.

11° Le nom de Moïse, le plus grand homme qui ait jamais existé, le chef de l'ancienne alliance, reparaît constamment dans les Ecritures ; tout repose sur lui dans l'Ancien Testament, tout achève son œuvre dans le Nouveau. Josué le rappelle à chaque page ; les Juges, les Rois et les Prophètes, se réclament de son nom et de son autorité en rendant témoignage à la gloire et à la grandeur de sa mission : v. Jos. 1, 1. 3, 7. 8, 3-1. A, 24. etc. 1 Sam. 12, 6. 1 Rois 8, 53. Néh. 9, 14. Ps. 77, 20. 103,7. 105,26.106,16. etc. Es. 63. 11. 12. Jér. 15,1. Dan. 9, 11. Midi. 6, 4. Mal. 4, 4. — Dans le Nouveau Testament plusieurs de ses prophéties sont rappelées, Jean 1, 43. Act 3,22.7, 37. Rom. 10, 19.: son nom sert à désigner non seulement ses ouvrages, mais tous ceux qui furent écrits dans l'esprit de son économie, Mat 8, 4. Marc 1, 44. Luc2, 22. 20,28.24, 27. Act 6, 11.13,39.15, I. Rom. 5, 14. 1 Cor. 9, 9. 10, 2. Hébr. 3, 2. 7,14. et ailleurs. Il serait trop long de citer tous ces passages ; notons au moins encore quelques expressions particulières, telles que celle de disciples de Moïse, opposée à celle de disciples de Christ, Jean 9, 28.; celle de chaire de Moïse, désignant la fonction de l'enseignement mosaïque, Mat 23, 2.; celle de cantique de Moïse, comme symbole des chants de triomphe des rachetés à leur entrée dans la gloire, Apoc. 15, 3. L'Epître aux Hébreux est une comparaison suivie des deux économies et de leurs chefs; d'autres comparaisons de détail se lisent Jean 6, 32. 1 Cor. 10, 2. 2 Cor. 3, 7. etc. v. enfin Jud. 9.

MOISSON. C'est ordinairement vers le milieu d'avril, ou d'abib, que tombait et que tombe encore en Palestine, la saison des moissons, Jean 4, 35., quoiqu'en plusieurs endroits aussi les épis commencent à mûrir déjà vers la fin de mars. La moisson était officiellement et solen-nellement ouverte le deuxième jour de Pâque, soit le quinzième de nisan, par l'offrande des prémices dans le sanctuaire de la nation, Lév. 23, 10., et durait depuis ce moment jusqu'à la Pentecôte, c'est-à-dire sept semaines, comprenant les travaux de tous genres, depuis la faucille jusqu'à l'aire et au van, Deu 16, 9. Ex. 23,16. Lév. 23, 10. sq.; puis on offrait derechef à l'Eternel un gâteau nouveau. On recueillait d'abord les orges, 2 Sam. 21, 9. Ruth 1, 22. 2,3., puis vers la fin d'avril ou même plus tard le blé, Gen. 30, 14. Jug. 15, 1. Ruth 2, 23. 1 Sam. 6,13. 12,17., et enfin l'épeautre.

Partoul on entendait les cris joyeux des moissonneurs, Es. 9, 2. Ps. 126, 6.; au milieu du jour ils se reposaient de leurs pénibles travaux, et se rafraîchissaient avec du pain trempé dans du vinaigre, Ruth 2, 14. La faucille était, comme elle l'est encore en beaucoup de lieux, l'in-strument du moissonneur, Deu 16,9. 23, 23. Le blé était ensuite lié en gerbes, que l'on amassait les unes sur les autres jusqu'à ce que la moisson fut finie, Ps. 129,7. Ruth 2, 16. 3, 7. Jug. 15, 5. Cant. 7, 2. Es. 17, 5. (?) : puis on foulait et on vannait le grain, souvent dans le champ même, Ruth 2,17. (v. cependant Néh. 13, 15.), et la récolte était ainsi portée dans des greniers ou granges, qui étaient le plus ordinairement des trous fabriqués en terre, des espèces de puits ou de creux, destinés à préserver le grain de la chaleur et du froid, des vers et des vo-leurs, Mat 3, 12. 13, 30. Luc 3, 17. Job 5, 26. v. Puits. Ces puits sont encore en usage dans les pays méridionaux ; on les nomme silos en Algérie, et plus d'une fois ils ont été vidés par les armées françaises. Les Juifs, surtout les riches, avaient cependant aussi quelquefois des bâtiments construits exprès pour recueillir le grain, cf. Luc 12,18. —La loi renfermait diverses prescriptions d'humanité, auxquelles les Juifs se sont presque toujours scrupuleusement soumis, et que leurs docteurs ont déterminées d'une manière plus exacte encore, afin de ne laisser aucun subterfuge ; Moïse voulait qu'on laissât quelques épis debout pour les pauvres, et les rabbins ont fixé pour cela au moins la soixantième partie de la moisson, mesure qu'ils étendaient aux fruits des arbres comme aux grains des champs ; en outre, les moissonneurs ne devaient pas faire trop attention aux épis qui pouvaient tomber des javelles, ni retourner dans les champs pour chercher une gerbe oubliée par mégarde, Lév. 19, 9. Deu 24,19. Ruth 2,2. De même, pendant que les blés déjà mûrs étaient encore sur pied, chaque passant pouvait pour son usage du moment en cueillir ce qu'il lui fallait, sans que les gardes établis pour protéger les champs contre les oiseaux, les bêtes sauvages et les voleurs, eussent le droit de s'y opposer, Jér. 4,17. Deu 23, 28. Mat 12,1.

MOLADA, ville située dans la partie méridionale de la tribu de Juda, sur la frontière d'Edom, Jos. 13,26. Elle avait d'abord appartenu à la tribu de Siméon, Jos. 19, 2. 1 Chr. 4, 28. Après l'exil on la retrouve encore, Néh. 11, 26. Josèphe parle d'une ville iduméenne nommée Ma-latha ; il est bien possible que ce soit la même, les limites de Juda ayant pu être resserrées, et une partie de son territoire conquis par les Iduméens.

MOLOC, ou Molec, Milcom, Malcam; les Septante traduisent ce nom hébreu en grec archonte ou roi. C'était une divinité des Hammonites, affreuse idole à laquelle on sacrifiait de petits enfants ; statue creuse, que l'on chauffait intérieurement, à forme humaine et à tête de bœuf, dont les bras étendus et brûlants recevaient les innocentes victimes qui étaient ainsi consumées, 1 Rois 11,5. 7. 33. 2 Rois 16, 3. 21, 6. 23,10.13. Lév. 18, 21. 20, 2-5. Jér. 2, 23. 7, 31. 19, 5. 32, 35. 49,1. 3. Salomon, séduit par les femmes de son sérail, introduisit le premier en Israël ce culte abominable, et il paraît que dès lors, en dépit de la loi qui punissait de mort une pareille idolâtrie, Lév. 20, 2., les Juifs continuèrent sans interruption de rendre à cette divinité, dans la vallée de Hinnom, le culte qu'elle était censée demander, jusqu'à ce que vint Josias qui en renversa de fond en comble les odieux sanctuaires. Quelques auteurs ont cru que l'expression « faire passer les enfants par le feu, » indiquait simplement leur consécration à Moloc, et ils pensent qu'on se bornait à faire sauter les enfants sur un feu, ou à les faire passer entre deux feux consacrés à cette idole ; mais des passages tels que Ps. 106, 38. Es. 57,5. Ez. 16, 21. 23, 39., ne peuvent laisser aucun doute sur la nature du culte de Moloc. v. Adrammélec. — Les Phéniciens, les Carthaginois et les Cretois sont, au rapport des historiens, les peuples qui dans l'antiquité se signalèrent le plus par leurs sacrifices humains, et même en Afrique cette coutume barbare ne fut entièrement abolie qu'au temps de Tibère. — D'après les caractères connus de l'astrolâtrie babylonnienne, syrienne, et phénicienne, on peut croire que Moloc était le nom donné par quelques-uns de ces peuples à la planète, réputée malfaisante, de Saturne, et c'était pour l'apaiser et se la rendre favorable, que tant de malheureux lui offrirent si longtemps le sacrifice de ce qu'ils avaient de plus cher. Le vrai Dieu ne demande pas de ses adorateurs un moindre esprit d'abnégation, un moindre renoncement à soi-même, mais il le demande autrement ; il refuse le sacrifice d'Isaac, et veut celui d'un cœur froissé. —D'autres ont cru que Moloc était le même que Baal, et que le soleil. — v. aussi Âct. 7, 43. cf. Am. 5, 26.

MONNAIE. Les Hébreux ne connurent que fort tard l'argent monnayé ; jusqu'aux jours de l'exil, on les voit peser l'argent et l'or, et ne faire entrer en ligne de compte dans les dons, les échanges ou les ventes que le poids des métaux, leur nature et leur plus ou moins bon aloi ; Abraham pèse 400 sicles pour le tombeau de Sara, Joseph est vendu pour 20 pièces d'argent, Elihéser donne à Rébecca des bracelets pesant 10 sicles et des boucles d'oreilles de 2 sicles ; Moïse mesure en sicles les doses des divers objets qui doivent entrer dans la composition du parfum du tabernacle ; le poids des cheveux d'Absalon est de 200 sicles, et toujours l'unité de poids est prise pour l'évaluation de l'argent, cf. Gen. 23,16.24, 22. 37, 28. 43, 21. 2 Sam. 18, 12. Jér. 32, 9. v. Mines, Sicle, Talent, etc. Chez tous les peuples, les monnaies frappées au coin ne se sont introduites que fort tard, et les Chinois, à l'heure qu'il est, ne les possèdent pas encore, au dire des voyageurs. L'unité de poids chez les Hébreux, n'était cependant pas aussi incertaine et flottante qu'on pourrait le croire, parce que l'étalon en était conservé avec soin dans le sanctuaire, Ex. 30, 24, et qu'il devait servir à découvrir les fraudes et à maintenir immuablement l'unité une fois adoptée; cf. Lév. 27, 23. Ez. 43,12. Am. 8, S. Il paraît que les Arabes ont eu aussi fort anciennement des poids fixes destinés à la vérification des contrats ; de là cette expression : « un sicle ayant cours chez les marchands, » Gen. 23,16. etc. On s'en servait, sauf à les vérifier eux-mêmes, comme de nosjours encore, les marchands orientaux acceptent nos pièces monnayées, et ne les en pèsent pas moins. On se servait, comme chez nous, de bourses et de sacs pour porter l'argent ou pour l'expédier, 2 Rois 5, 23.12,10. Les Phéniciens, et selon d'autres, les Indiens encore avant eux, ont eu la première idée de donner une empreinte aux pièces en circulation. Après l'exil, on trouve d'abord des monnaies perses, les dariques, puis de l'argent gréco-syrien, des philïppes, des archers, des bœufs, etc., suivant que l'image du roi, d'un archer ou d'un bœuf se trouvait frappée sur le métal; enfin, après avoir été regardés comme nuls pendant la captivité babylonienne et sous la domination des Grecs, les Hébreux obtinrent sous Antiochus Sidétès la permission de frapper des sicles et des de-mi-sicles à l'image de leur prince Simon Maccabée ; c'est la première monnaie hébraïque connue. — La pièce d'argent mentionnée Gen. 33,19. Jos. 24, 32. Job 42, 11., sous le nom hébreu de kesitab, n'était qu'un poids déterminé d'or ou d'argent qui, par la comparaison de Gen. 33,19. avec 23,16., devait valoir4sicles environ ; les anciens traducteurs rendent ordinairement ce mot par mouton, brebis, mais rien ne justifie cette version, quoique Munter essaie de la maintenir en comparant une monnaie de Chypre qui avait l'empreinte d'un mouton. — un trouve encore dans plusieurs cabinets de médailles des sicles juifs à l'image de Simon, mais ils renferment un bon huitième d'alliage de plus que les monnaies grecques; on les connaît sous le nom de monnaies samaritaines ; la légende est en vieux caractères hébraïques. Il ne parait pas, du reste, que ces sicles maccabéens aient joui d'un grand crédit dans la circulation, et les princes juifs n'étaient pas bien placés pour battre monnaie avec avantage: l'argent grec n'a jamais été hors de cours chez les Hébreux, et du temps de Jésus on calculait souvent encore en drachmes, en didrachmes, et en patères. La pite, ou lepton, était la plus petite de ces monnaies, Marc 12, 42. Luc 12, 39.; elle valait environ 7 centimes.

Sous la domination romaine, les Juifs adoptèrent aussi le système monétaire de leurs vainqueurs, et même il paraît que du temps de Jésus c'était, sans exclusion des autres, celui qui avait le plus généralement cours ; on trouve mentionnés dans le Nouveau Testament : le denier, cf. (0,83 cent.); l'as, Mat 10, 29. Luc, ?2, 6., à l'effigie de l'empereur; il était de cuivre et valait d'abord 1/10, puis seulement 1 ?18 du denier ; enfin le quadrain de cuivre qui valait 1?4 d'as, Matlh. 5, 2fi. Marc 12, 42., selon d'autres 0,07 cent. — Pour se faire une idée, non pas exacte sans doute, mais approximative de la valeur relative de l'argent aux différentes époques de la vie juive, on peut comparer les chiffres suivants : en temps ordinaire le sat de fine farine valait un sicle, et pour le même prix on pouvait avoir deux sats d'orge, 2 Rois 7, 1. ; un cheval d'Egypte valait sous Salomon 150 sicles,

1 Rois 10, 29. ; le prix ordinaire d'un esclave était de 30 sicles, Ex. 21,32. cf. Gen. 37, 28. Mat 26, 15.; sous les juges un homme donna 10 sicles par an au sacrificateur de sa maison, Jug. 17, 10. ; un bon cep de vigne est évalué à un sicle, Es. 7, 23.; David achète pour 50 sicles une aire avec une paire de bœufs,

2 Sam. 24, 24.; une vigne doit rapporter à Salomon 1,000 sicles par an, Cant. 8, 11.; cf. encore Jug. 17, 4. 1 Sam. 9, 8. Néh. 5,15. Dans le Nouveau Testament, nous voyons la journée de travail payée un denier, Mat 20, 2., et les soins donnés à un malade dans un caravansérail pour plus d'une journée, rétribués deux deniers, Luc 10, 35. Plusieurs de ces chiffres laissent de l'incertitude dans l'esprit à cause de l'indétermination des poids et des mesures; il en ressort pourtant d'une manière générale que la vie n'était pas chère, et que les denrées nécessaires à la vie étaient bon marché aussi bien que la main d'œuvre.

MONTAGNES. La Palestine est une contrée fort montagneuse, partagée par le Jourdain du nord au sud en deux parties naturelles d'inégale grandeur, Deu 11,11. Ez. 34, 13. Ex. 13,17.1 Rois 20, 23. Les chaînes qui la traversent se rattachent toutes au mont Liban, et rejoignent au sud les hauteurs de l'Idumée et de l'Arabie Pétrée. Au delà du Jourdain l'Anti-Liban se termine par le Djebel Heisch qui s'abaisse par une pente douce et fertile vers l'orient, tandis que sa face occidentale se précipite en rochers basaltiques jusqu'au bord du lac de Génésa-reth. Le fleuve Hiéromax coupe un instant le terrain de l'est à l'ouest, puis un nouveau plateau s'élève, riche et varié, fertile, entrecoupé de vallées et de ruisseaux, de plaines et de grottes, jusqu'à l'Arnon, frontière de l'ancienne Canaan, et communique, au sud de ce fleuve dont les bords escarpés font la clef de la Palestine, avec les montagnes iduméennes : vers l'est les montagnes de ce plateau se perdent dans les plaines fécondes du Hau-ran, et dans les sables arabes ; à l'ouest elles se jettent en pentes rapides sur les rives du Jourdain. Dans la Palestine occidentale les chaînes du Liban et de l'Anti-Liban marchent parallèlement jusqu'au sud-ouest de la Galilée, et se terminent non loin de Ptolémaïs, en coteaux que le Kison sépare du mont Carmel ; mais elles s'élèvent à l'orient, forment le plateau de Jizréel, et s'abaissent en terrasses vers les bords du lac de Génésareth : c'est là que se trouve le cœur de la Palestine, ses plus fertiles districts, sa nature alpestre la plus bénie, tandis que le nord-nord-ouest ne présente guère que des rochers sauvages non susceptibles de culture, et que le sud offre plus de jolies vallées et de gras pâturages, que de montagnes à forte végétation, à plantations faciles, à fertiles vignobles. Au milieu de ce plateau s'élève presque isole, et comme frontière entre la haute et la basse Palestine, le puissant Mont-Tabor. Plus au sud, des montagnes terminent le plateau, et couvrent dans presque toutes les directions la plus grande partie de l'ancienne Samarie, escarpées et rocheuses, mais avec quelques plaines et quelques vallées : elles s'avancent dans la Judée un peu au nord de Jérusalem, et la couvrent aussi presque entièrement : au sud de la ville sainte le plateau s'élève davantage, les montagnes courent au sud-sud-est où leurs flancs escarpés donnent une ceinture à la mer Morte, ou bien se confondent dans la plaine haute d'El Tyh avec les rochers de l'Arabie Pétrée. A l'ouest les chaînes du centre et du midi de la Palestine n'arrivent pas au bord de la mer, mais s'abaissent par degrés, et se terminent par des plaines qui deviennent toujours plus larges à mesure qu'on avance vers le sud ; à l'est elles s'arrêtent brusquement aux rives du Jourdain, et ne laissent que près de Jérieo se former une petite plaine qu'elles entourent comme en amphithéâtre. La double chaîne, dans sa plus grande largeur, n'a nulle part plus de 45 à 20 milles allemands (env. 50 kil.), et l'on peut aisément, en trois journées de voyage, la franchir partout de l'est à l'ouest. — Ces montagnes sont presque toutes calcaires et de la même formation que le Jura : on y trouve aussi beaucoup de craies et de silex, surtout sur les hauteurs ; très peu de sommets ont des nei-ges éternelles, et leurs formes présentent beaucoup de variétés et d'irrégularités. Le nord-est offre dans une certaine étendue un terrain basaltique dont les couches et les ramiflcations s'avancent jusqu'aux bords du lac de Génésareth.

Les montagnes les plus célèbres dont il est parlé dans l'Ecriture, sont celles de 1 Idumée, le mont Horeb, le Hor, le Sinaï, le Guilboah, le Nébo, le Tabor, le Liban, les monts d'Hen-Guédi, le Calvaire, Hébal et Guérizim, les montagnes de Galaad, le mont d'Hamalec, Morija, l'Hermon, le Gahaz, le Paran, le Pisga, le mont des Oliviers, le Carmel, etc., les montagnes d'Ephraïm, de Juda, de Neph-thali, les monts Abarim, etc. La carte de la terre sainte est encore à faire pour ce qui concerne les montagnes, leur direction, leur hauteur et leurs ramiflcations. Les voyageurs n'en ont guère étudié et tracé que les sommets et les chaînes principales, et la carte de Grimm, la meilleure de toutes, laisse encore beaucoup à désirer : si quelque chose avait pu être fait avec les données actuelles, le génie actif, laborieux et facile, de Ritter l'aurait fait.

L'Ecriture nous apprend à regarder les montagnes comme aussi anciennes que le monde, Ps. 90, 2. 404, 6. 8. Prov. 8, 25.; en plusieurs endroits elles sont appelées coteaux d'éternité, ou montagnes éternelles, parce qu'elles datent des jours de la création, Gen. 49, 26. Deu 33, 15. Ailleurs cependant elles sont davantage mises en rapport avec les terribles phénomènes, avec les bouleversements qui leur ont donné naissance, Ps. 18,13-15. 104, 6. 8. 97, 5. 144, 5. Zach. 14, 4. 8., etc. Le nom de montagnes de ravage leur est donné Ps. 76, 4., parce qu'elles étaient souvent des retraites de voleurs. — On remarque le rôle important que les montagnes ont joué dans les grandes époques de la religion ; le sacrifice d'I-saac, la promulgation de la loi, la mort du Sauveur, ont lieu sur des hauteurs; c'est également sur des montagnes que vont se promener les pieds des prophètes, et Jésus-Christ s'y est souvent entretenu avec son père pendant la nuit ; c'est sur le Tabor qu'il a été transfiguré, c'est du mont des Oliviers qu'il s'est élevé vers les cieux.

La montagne d'assignation, Es. 14, 13., ne désigne pas la montagne sur laquelle était construit le temple à Jérusalem, comme on l'a cru quelquefois en comparant Es. 38, 20. Si l'on fait atten-tion à la personne qui parle, on verra que son idée ne pouvait rien avoir de théocratique : ses vœux et ses espérances lui sont reprochés; il est probable que le prophète introduit ici les idées babyloniennes sur une ancienne et sainte montagne située vers les confins du septentrion, et dans laquelle résidaient les sources de la vie; on peut comparer ici l'Ai Bordsch des Perses, les Kuen-lun des Chinois, le Mérou des Indiens, et l'Olympe des Grecs : le Nord était regardé comme le commencement du monde, son origine, son principe, et chaque peuple mettait ses dieux sur la montagne la plus septentrionale de son territoire.

Les Syriens, après avoir éié battus par les Israélites dans une rencontre, prétendirent que ceux-ci étaient protégés par les dieux des montagnes, 1 Rois 20, 23. On ne sait presque rien de ces espèces de dieux, si ce n'est qu'ils devaient protéger ceux qui se confiaient en eux, et qu'ils dirigeaient tout ce qui avait lieu sur leurs flancs : quelques-uns d'entre eux avaient des noms particuliers : Pau

appartenait d'une manière éloignée à cette catégorie. On se rappelle en tout cas le respect qu'avaient les païens pour les hauts lieux en général.

Le sermon de Jésus sur la montagne, admiré de tous ceux qui le lisent, comme un des plus beaux résumés de la morale chrétienne et de la sainteté évangélique, présente des difficultés de détail, et surtout des difficultés d'ensemble qu'aucun ouvrage théologique français n'a encore, ni résolues, ni même posées et constatées. L'ouvrage allemand de Tholuck (Bergpredigt), traduit en anglais, est le seul travail spécial que nous connaissions sur ce sujet, et il serait digne d'être reproduit dans notre langue.

MONTRES. L'Orient, et notamment la Babylonie, a connu de très bonne heure l'art de mesurer, de diviser et de calculer le temps au moyen d'horloges à soleil, de cadrans solaires, et par la longueur relative des ombres aux différentes heures de la journée. De bonne heure aussi, par suite des nombreux et fréquents rapports qui existaient entre la Babylonie et l'Asie occidentale, cette connaissance a pu être communiquée aux Hébreux, chez qui nous en trouvons des traces déjà avant l'exil, % Rois 20, 9. Es. 38, 8.; v. Cadran. Ces horloges primitives étaient tantôt une colonne qui projetait son ombre sur un escalier dont chaque degré marquait les heures, tantôt une colonne divisée en degrés, et qui recevait l'ombre d'un corps étranger. Les Romains inventèrent plus tard les horloges d'eau ou clepsydres (1S8 av. C.), au moyen desquelles on fixait aux orateurs la durée de leurs discours, aux hommes de garde le temps de leur faction, et les heures où les sentinelles devaient être relevées : on ne sait pas si les Juifs au temps de Jésus avaient adopté celte manière de mesurer le temps, mais il ressort de plusieurs passages qu'ils se servaient d'instruments de ce genre, gnomons, clepsydres ou autres ; les besoins de la vie civilisée, comme les progrès de la civilisation, en étaient venus chez eux au pas qu'une découverte de ce genre devait être pour eux une nécessité. On se sert de nos jours encore de clepsydres pour l'usage ordinaire, dans l'Inde et le royaume de Siam.

MOPH, Os. 9. 6., v. Memphis.

MORE, Gen. 12,6. Deu 11, 30.Jug. 7,1., colline située dans la vallée de Jiz-réhel, non loin de Sichem; elle tirait probablement son nom de son possesseur, qui était un Cananéen.

MORÉSETH-GATH, petite ville de la Palestine, apparemment voisine de Gath et d'Eleuthéropolis, patrie du prophète Michée, Mich. 1, 14. Jér. 26, 18. Quelques auteurs pensent que c'est la même que Marésa, ainsi le paraphraste caldéen ; d'autres, sans plus d'indication, disent que ce village était situé entre Jérusalem et la Méditerranée, et le distinguent de Marésa.

MORIJA (l'Eternel y pourvoira), colline de Jérusalem sur laquelle le temple fut bâti par Salomon, 2 Chr. 3, 1. Elle était située à l'est de Sion, et au sud-sud-est d'Akra, dont elle était séparée par une vallée large et peu profonde, qui fut rehaussée et presque comblée, sous Simon Maccabée, par les décombres d'une forteresse ennemie quelesSyriensavaient construite sur Akra. Le vallon des faiseurs de fromage séparait Morija de Sion, et un pont la mettait en communication directe avec la ville haute. Au dire des anciens auteurs, la colline de Morija, sous le temple, était pleine de réservoirs souterrains immenses, dont les entrées n'étaient connues que des prêtres. On a cru, à cause de la signification du nom de Morija, comparée avec les paroles d'Abraham, Gen. 22, 8., que c'était là que devait avoir eu lieu le sacrifice d'Isaac. Cependant, cette manière de voir présente de grandes difficultés : les Samaritains, au lieu de Morija, lisent More dans le passage de la Genèse, et prétendent que ce fut de ces plaines que partit le père des croyants, et qu'il conduisit son fils sur le mont Guérizim. — Le nom de Morija était peu usuel ; on ne le trouve pas 1 Rois 6, où on aurait pu l'attendre, et Josèphe qui parle beaucoup de Jérusalem et du temple, ne renferme qu'une seule fois le nom de Morija, Ant. 1, 13, 1., et encore est-ce en parlant de Gen.22.

MORT. v. les art. Meurtre, et Peines.

Conjurer les morts, v. Python. Mer Morte, v. Mer. Le nom de mort a, dans l'Ecriture, différentes significations que l'on ne doit pas confondre : d'abord le sens simple et matériel, la séparation du corps et de l'àme, la fin de la vie physique, la mort qui est entrée dans le monde avec le premier péché, comme un dérangement, un affaiblissement de la nature primitive qui avait été créée saine et immortelle. Cette mort n'est pas naturelle ; c'est, au contraire, un accident violent dont la nature a été troublée,mais qui a passé dans le cours ordinaire des choses comme le péché. Puis l'ensemble de la vie actuelle, négation permanente de la vie primitive, est également désigné dans l'Ecriture sous le nom de mort; l'homme ne vit pas : il est mort dans ses fautes et dans ses péchés, Eph. 2, 1. Cette mort est aussi appelée la colère de Dieu, et il faut en être délivré pour hériter le royaume du bonheur éternel, Eph. 2, 3. Si cette mort se consomme, elle est appelée la condamnation : c'est dans ce sens que la parole de Dieu, qui parle d'une nouvelle naissance, parle aussi de la conversion comme d'une résurrection, Col. 3, 1. Enfin, il faut distinguer le sens mystique du mot, la mort du chrétien au monde et à la vie extérieure, la mort des sens, dont la mort de Christ a été l'image sans préjudice à sa propre réalité ; elle est appelée une vie cachée avec Christ en Dieu, Col. 3, 3. Celui qui est mort au monde a cessé d'être sujet à la mort du péché ; le rétablissement de l'être a commencé, il n'at-tend plus que la résurrection du corps comme dernière délivrance. — La mort seconde désigne aussi la damnation éternelle, Apoc. 20,6. 14.

On trouve dans l'Ecriture plusieurs expressions poétiques et comparaisons particulières pour rendre l'idée de mort ; mais elles se comprennent facilement. La mort est appelée le roi des épouvante-ments, Job 18, 14.; les portes de la mort désignent le tombeau, Ps. 107, 18.; les instruments de mort sont des armes meurtrières ; un fils de la mort, c'est un homme condamné à mourir, ou qui a mérité la mort. L'amour est fort comme la mort, dit Salomon, Cant. 8. 6., c'est-à-dire que l'amour triomphe de tout, de même que rien ne peut résister à la mort. Les Hébreux avaient, pour les corps morts, un grand respect, autant par l'idée de la souillure légale qui résultait de leur contact, qu'à cause de leur croyance en la résurrection des corps ; ils regardaient comme un malheur réel la privation de sépulture, 1 Rois 14, 11.16, 4. 21, 24. Jér. 7, 33. 8, 2. 9, 22-, etc. Ez. 29, 5., etc. Ps. 79, 3., etc. cf. Sophocle, Ajax 1136. Le livre de Tobie 1,21.2,8., met au nombre des œuvres de charité la sépulture de cadavres abandonnés. C'était aux plus proches parents, aux fils, qu'était imposé le devoir d'enterrer leurs pères et leurs mères, Mat 8, 21. Si un corps restait exposé ou abandonné, il risquait de devenir promptement la proie de bandes de chiens affamés et sans maîtres, ou celle des oiseaux de l'air, 1 Rois 14, 11. 16, 4., etc. 2 Rois 9, 38. cf. Iliad. 22, 41.; mais ce cas était rare chez les Juifs, et n'arrivait presque qu'en temps de guerre, car les criminels eux-mêmes étaient ensevelis après leur exécution, Deu 21, 23. Mat 27, 88. Il n'en était pas toujours de même chez les Egyptiens, Gen. 40, 19. D'après le Tal-mud, il y aurait eu à Jérusalem des sé-pulcres spécialement destinés aux suppliciés. La sépulture, ou enterrement, a été chez les Juifs, dès les temps les plus anciens, la manière ordinaire de faire disparaître les cadavres, Gen. 23, 19. 25,9. 35, 8.19. Jug. 2, 9.1 Sam. 25, 1. Jean 11, 17., etc. L'usage grec de les brûler n'existait pas, et le seul exemple que nous en trouvions, 1 Sam. 31, 12., se présente avec des circonstances extraordinaires, qui ont pu justifier ou provoquer cette mesure également extraordinaire. Saiil était rejeté de Dieu : roi d'Israël, il s'était suicidé, et lesusages, comme les nécessités de la guerre, la mutilation, et peut-être la décomposition des corps, exigeaient qu'il en fût ainsi. On peut comparer encore Amos 6, 10., dont l'idée principale est que le malheur des temps voudra que les corps soient brûlés (et cela, par les plus proches parents, à défaut d'autres), comme le seul moyen de s'en défaire sans danger. Après l'exil, l'usage de brûler les corps n'entra pas davantage dans les mœurs judaïques : le Talmud en fait exclusivement une coutume païenne, et Tacite (H. S, o. 4.) dit aussi que les Juifs ne se défaisaient pas de leurs morts autrement que par l'inhumauon.

L'Ecriture ne donne pas beaucoup de détails sur les cérémonies funèbres et sur l'ensemble des funérailles ; on peut voir ce que nous avons dit aux articles Cadavre, Deuil, et Sépulcres. Le corps était ordinairement enveloppé de linges, Jean 19, 40. 11, 4i., et emporté les pieds devant. Comme on ne se servait pas toujours de bières, il n'était pas besoin d'un long temps entre la mort et la sépulture, on le voit par l'exemple d'Ananias et de Séphirali. Anciennement, des pleureuses à gages et des joueurs d'instruments accompagnaient le convoi, auquel devaient se joindre, par respect, tous ceux qui le rencontraient, usage auquel notre Sauveur semble faire allusion, Luc 7, 32., et saint Paul, Rom. 12, 45.

MOSEL,Ez. 27, 19., ?. Uzal.

MOUCHES, Moucherons, Moustiques. On trouve en Orient, et surtout dans les plaines marécageuses de l'Egypte, un nombre fort considérable d'insectes ailés, aussi incommodes par leur multitude que dangereux par leurs piqûres, et qui attaquent indistinctement les hommes et les bestiaux. L'existence d'un Dieu des mouches, ou Bahalzébub, ne pouvait ainsi manquer d'être inventée par des peuples qui divinisaient tout ce qu'ils craignaient, tout ce qu'ils haïssaient, v. Bahal. Trois expressions différentes sont employées dans la Bible pour désigner les insectes, mais l'exacte signification de chacune n'est pas bien déterminée :

4°Zé6u6,Eccl. io, 1. Es. 7, 18. C'est probablement le nom général de toute la classe des insectes ailés.

2° Ken (ou kinnim), Ex. 8, 17. cf. Ps. 105, 31. Nos versions l'ont traduit par poux ; mais cette signification est fort peu probable, et la plupart des voyageurs, comme la plupart des interprètes, la rejettent, sans s'accorder, du reste, sur l'espèce d'insecte qu'il faut entendre par là. Un simple nom d'animal ne peut être déterminé, après deux ou trois mille ans, lorsque rien d'ailleurs ne tend à le faire connaître. Les pères de l'Eglise, les Septante, Origène et saint Augustin, disent qu'il s'agit d'un insecte fort petit, presque invisible à l'œil nu, fort inquiétant, voltigeant toujours, et revenant à mesure qu'on le chasse. Hasselquist et Maillet parlent aussi de fort petits insectes dont ils ont été tourmentés en Egypte, et qui pourraient bien être les mêmes. D'un autre côté, le docteur Clarke pense que l'espèce de poux qui affligea l'ancienne Egypte est Yacarus sanguisugus, qui se trouve dans cette contrée, et jusque dans la Cafrerie (». Voyage d'Arbousset au nord du Cap, p. 138); il est plus gros que la mouche ordinaire, et d'une forme plate et presque ronde ; il tourmente singulièrement les hommes et les animaux.

Le moucheron de Mat 23, 24. est-il le même que le ken del'Egypte? C'est ce qu'on ignore, puisqu'on ne peut connaître celui-ci ; mais il paraît plutôt que ce doit être le culex vinarius, l'hôte imperceptible du vinaigre, et les raisons alléguées par Bochart semblent ne laisser aucun doute sur ce pas.

3° Harob. Nos versions le traduisent : un mélange d'insectes; c'étaitla quatrième plaie de l'Egypte, Ex. 8, 21. cf. Ps. 78, 45.105,31. Selon quelques auteurs, c'est le tabanus ou taon. Ruppel pense à de petits insectes qui naissent, pendant les grandes chaleurs, du limon déposé dans la vallée du Nil. Us se précipitent avec fureur sur les hommes et sur les animaux, pénètrent dans les narines et dans les oreilles, et causent aux yeux des douleurs infinies ; mais ce voyageur n'ayant pas décrit l'insecte dont il parle, on ne sait à quelle famille il appartient. Oed-mann croit qu'il s'agit de la blatta orien-talis à,e Linnée, connue chez nous sous le nom de teigne, animal qui s'attache aux vêtements comme aux hommes ; cette manière de voir souffre aussi de grandes difficultés. D'autres enfin ont traduit ce mot par loups, mais sans raison.— Harob dérive, selon les uns, d'un mot arabe qui signifie manger; selon les autres, du mot hébreu liarab, mêler, et c'est de cette dernière élyniologie que sont partis les traussi bien que les chevaux, conliès aux soins d'un inspecteur en chef, 1 Rois 18, 5. Les mulets étaient employés comme montures en temps de guerre, 2 Sam. 18, 9. cf. Zachar. 14, 1S., et en Perse, les courriers du gouvernement s'en servaient comme de chevaux et de dromadaires, Est. 8,40.14. Le transport de fardeaux se fai-sait aussi â dos de mulet, 2 Rois 5,17. cf. Es. 66, 20. 1 Chr. 12, 40. Esd. 2, 66., et la force, comme la marche sûre et ferme de cet animal, le faisait généralement préférer au cheval et à l'âne, dont il réunissait en lui-même les différentes qualités. On voit, 1 Rois 10,25., que parmi les tributs que les peuples voisins payaient annuellement à Salomon, se trouvent des mulets : la contrée de Tho-garma (Arménie), était surtout renommée pour ses beaux produits en ce genre, Ez. 27, 14., qui sont encore admirés de nos jours ; un mulet de Syrie se paie de 750 à 8S0ou 900 francs(Burckhardt).—Le nom hébreu est péred ou pirdah ; quelques anciens interprètes ont cru que les jemim de Gen. 36, 24., signifiaient aussi des mulets, et ils attribuent à Hana l'honneur d'avoir découvert le mélange du cheval et de l'âne, mais v. Hana. MURIER, Luc 17, 6., v. Svcomore. MUSETTE, v. Musique. MUSIQUE. Cet art, presque aussi ancien que le monde, et qui doit survivre au monde, cet art magique dont la puissance se fait sentir pour le mal comme pour le bien, qui élève les âmes vers l'Eternel, et qui souvent divinise la matière et favorise tant de désordres, qui souffle la guerre, qui inspire la volupté, qui, tour à tour, calme les douleurs ou arrache des larmes aux cœurs joyeux, puissant dans le Ranz des vaches, puissant dans la Marseillaise, puissant dans les Te Deum, bienfaisant et malfaisant, reli-gieux ou impie, cet art, connu des anciens Hébreux, et maintenant encore cultivé avec tant de succès par leurs descen-dants, depuis Asapb jusqu'à Mendelsohn, a été connu dès avant les jours du déluge, et peut-être que le premier homme a entendu déjà les chants meurtriers des enfants de Gain. C'est à cette famille, en effet, que l'Ecriture sainte attribue l'inducteurs français, Luther, etc. C'est, dans l'incertitude, la traduction la plus sûre et la moins compromettante.

Luther a traduit de même le mot tse-latsal, Deu 28, 42., où nos versions portent hanneton. Il est plus probable, étymologiquement, qu'il faut entendre par là le grillon, gryllus stridulus de Linnée. ». Sauterelles.

Toutes les mouches étaient déclarées impures parla loi, Lév. 11, 42.

MOUT. v. Vin.

MOUTARDE, Mat 13, 31. 17,20. Marc 4, 31. Luc 13, 19. 17, 6. La famille du sénevé compte treize espèces, dont cinq étaient particulières à l'Egypte. C'est un arbrisseau à siliques qui vient souvent sans culture, mais dont plusieurs espèces, et notamment la sinapi nigra, et l'alba, sont aussi cultivées avec soin, comme épices et assaisonnement, soit en Orient, soit même dans l'Europe méridionale. Les Juifs en cultivaient dans leurs jardins. Les grains de moutarde, employés déjà par les anciens comme un piquant assaisonnement, désignaient proverbialement une chose extrêmement petite, Matthieu 13, 32. II paraît aussi, d'après ce passage, que, dans les pays chauds, le sénevé devenait un arbre véritable, et atteignait une certaine hauteur, non pas seulement par extraordinaire, mais I assez habituellement ; en Europe, il ne s'élève guère qu'à 70 centimètres de terre. MOUTON, v. Brebis. MUGUET, ?. Lys.

MULET, produit stérile de l'âne et du cheval; participe toujours plus des qualités de son père que de celles de sa mère ; l'espèce inférieure, produit de l'âne et de la jument, est cependant la plus répandue. On peut croire, à cause de la défense indiquée Lév. 49,19., que les Hébreux ne firent pas naître de mulets, mais il ne leur était pas défendu d'en acheter et de s'en servir; nous voyons en effet, surtout depuis les jours de David, que les mules et les mulets étaient assez communs parmi eux ; ils servaient même de monture aux rois, 4 Rois, 1, 33. 38. 44., aux princes, 2 Sam. 18, 9.13, 29., etc., et dans les écuries royales ils étaient,

vention des instruments de musique; Jubal, dont le nom rappelle la joie et les jubilations, fut le premier qui découvrit ou qui inventa les sons éclatants des instruments de cuivre, Gen. 4, 21. En rapportant cette triste origine, l'Ecriture ne paraît pas vouloir jeter de la défaveur sur l'art lui-même, non plus que sur les bergers en général, sur les nomades comme tels ou sur les ouvriers en fer ou en airain, dont les premiers furent aussi Caï-nites ; elle ne paraît pas blâmer ces découvertes en elles-mêmes, et cependant la mention qu'elle en fait n'est pas absolument indifférente non plus. L'homme était destiné primitivemont à l'agriculture; c'était le genre de vie le plus facile, le plus agréable, le plus en rapport avec son organisation, celui aussi qui exigeait le moins de soucis, qui élait le moins de nature à détourner sa pensée des choses de Dieu ; mais la famille de Gain s'étant détachée de celui qui a la vie éternelle, et ne vivant plus que pour ce monde, elle a pu diriger toutes les pensées vers les beaux-arts et vers les arts utiles à l'homme ; elle a été mise en mesure de bien mériter de la race humaine, d'autant plus que sa direction était devenue toute humaine; terrestre, et vivant pour la terre, la famille de Caïn a dû chercher à orner le séjour qu'elle habitait, et moins elle faisait de progrès dans la connaissance des mystères divins, plus elle devait en faire dans la connaissance des arts et des sciences de la terre. Lémec, père de Jubal, chantait sans doute ses crimes, Gen. 4, 23., et l'on regrette que les plus anciens souvenirs du chant et de la musique se rattachent à des meurtres et à une famille proscrite de Dieu.

Il est assez probable, que le monde ayant fait invasion dans l'Eglise, et la famille de Caïn dans celle de Seth, les arts passèrent d'une famille dans l'autre, et que c'est ainsi qu'ils survécurent au déluge, à la race détruite de Caïn. La Bible ne dit pas que la musique ait été une seconde fois inventée, et l'on peut croire que Noé et ses fils, avertis du sort réservé à la terre, profitèrent du terme de 120 ans qui leur était donné, pour recueillir tout ce qui pouvait être conservé d'utile et d'agréable de l'ancien monde. Quoi qu'il en soit, nous voyons la musique généralement en usage aux jours de Laban, Gen. 31, 27.; nous la retrouvons aux jours de Moïse après l'esclavage d'Egypte, Ex. 15, 1-22. Nomb. 10, 2. David organise de nombreux chœurs de chantres et de musiciens pour le service du temple, et les choisit parmi les Lévites dont les occupations ont diminué depuis l'érection du tabernacle, 1 Chr. 25, 1. cf. 2 Chr. 29, 23. 30, 21. 35,15. ?. Chantres. — Il paraît que les rois avaient aussi leur musique particulière, comme on peut le conclure de 1 Chr. 25, 2. 2 Sam. 19, 35. Eccl. 2, 8. Chez les Hébreux, la musique était souvent accompagnée de danses.

Quant à sa nature il est difficile d'en rien dire, car elle est perdue, et les conjectures nombreuses que l'on a faites prouvent mieux que tout le reste, qu'on ne doit pas songer à la retrouver. Il est probable cependant qu'elle était simple et sérieuse, peut-être même sans con-naissance de l'harmonie, qui est un perfectionnement, ou selon quelques-uns, une détérioration du goût naturel, une corruption, dans tous les cas la civilisation transportée dans la musique, par conséquent l'art dans le sens ordinaire de ce mot. Ils chantaient, à ce qu'on pense, unisono, chacun suivant la force et la portée de sa voix, et l'on sait que J.-J. Rousseau regardait ce chant comme le plus pur et le plus beau, tandis que la musique composée n'était, selon lui, qu'une volupté artificielle réellement inférieure. C'est une affaire de goût sur laquelle on ne peut disputer, mais il est sûr que de grandes masses chantant à l'unisson peuvent produire de grands effets, et que plusieurs airs perdent plutôt qu'ils ne gagnent à un accompagnement. En tout cas, on doit croire que la musique vocale et instrumentale sur laquelle devaient se chanter de si beaux psaumes, était elle-même belle, excellente et parfaite. Qu'on se rappelle l'impression pro-duite par la harpe de David sur la sombre mélancolie de Saûl, 1 Sam 16, 23., l'impression produite par les prophètes de Samuel sur les hommes envoyés par Saul pour prendre David, et sur Saûl lui-même, 1 Sam. 19, 23. 24. cf. 10, 5.,1a manière dont le prophète Elisée calma l'émotion qui l'agitait, et se disposa à recevoir les impressions du Saint-Esprit, 2 Rois 3,15., et l'on comprendra la puissance mystérieuse de cette musique sacrée, simple, sans recherche, mais profonde.

A côté des chants religieux nous voyons mentionner aussi la musique des festins qui assaisonne la joie des amis, mais nulle part elle n'est rappelée comme innocente, Es. S, 42. 14, 11. 24, 8. Am. 6, S. Lam. 5,14.: il paraît que les Israélites pieux se contentaient pour leur intérieur, du chant des saints cantiques, et que les Psaumes fournissaient à leurs joies do-mestiques tous les textes qu'ils pouvaient penser et désirer. La joie publique se manifestait aussi au son des instruments, 1 Rois 1, 40., mais rien ne laisse supposer qu'il s'agisse dans ce passage d'une musique étrangère à la joie théocratique : en voyant couronner son roi légitime, le peuple pouvait célébrer son avènement par des chants religieux qui répondaient à ses besoins intérieurs, et faisaient ressortir le bonheur d'une nation gouvernée par un roi choisi de Dieu.

Un assez grand nombre d'instruments sont nommés dans l'Ecriture, d'où l'on peut conclure que l'orchestration était connue des Israélites, mais on ne peut rien affirmer de positif sur leur forme et leur importance : c'est même là une des parties les plus obscures de l'archéologie des Israélites. On divise ordinairement ces instruments en trois classes, et nous rapportons ici les suppositions les plus généralement adoptées.

1° Espèces de tambours ou tambourins, a) Le thoph ou tambourin, cercle de bois ou de métal, recouvert d'une peau tendue, de 8 pouces de diamètre : on le frappait avec le doigt, et il servait surtout à marquer la mesure : avec l'accompagnement de la cymbale ou des cas-tagnettes il produisait un effet qui n'était pas désagréable. C'étaient ordinairement les femmes qui battaient le tambourin en Orient, Ex. 15,20. Jug. 11,34. Ps. 68, 23. Jèr. 31, 4., et c'était dans les réjouissances publiques qu'on en faisait usage, ?. aussi Job 21, 12. 2 Sam. 6, S. Es. 5,12. 24, 8. 6) Les tseltselim ou cymbales, cf. c)Les mnahanehim, 2 Sam. 6, 5., traduits sistres dans nos versions, d'après la Vulgate et les interprètes juifs; instrument composé de deux verges qui se coupent à angle droit, et dont les deux autres extrémités, se rejoignant, dessinent une figure ovale, ou allongée, en forme de baudrier : des anneaux de métal attachés à cet instrument produisent, lorsqu'il est secoué, un bruit qui rappelle de loin les tintements du chapeau chinois. Le sistre était autrefois fort commun en Egypte, où l'on s'en servait surtout pour le culte d'Isis. d) Shalishim, 1 Sam. 18, 6., probablement, comme l'indique son étymologie, l'instrument encore connu sous le nom de triangle, soit qu'on en frappe les trois côtés avec une baguette de fer, soit que ces côtés portent des anneaux métalliques qui rendent, lorsqu'ils sont agités, le même son aigu que les anneaux du sistre. Le triangle est, d'après Athénée, une invention syrienne.

2° Instruments à vent, a) Le hougab, que nos versions traduisent orgues, Gen. 4,21. Job 21, 12., et qui d'après saint Jérôme, appuyé des interprètes juifs et cal-déens, doit plutôt s'entendre de la cornemuse. 6) La soumphonia, Dan. 3, 5. 10. 18., que nos versions rendent par symphonie. C'est apparemment le même instrument que le hougab, du moins les interprètes juifs le traduisent ainsi : la cornemuse s'appelle maintenant encore en italien sambuja, et c'est la langue des traditions musicales. La cornemuse est une espèce de flûte dont les deux moitiés sont séparées par une grande vessie, ou sac de cuir, qui reçoit le souffle du joueur, se gonfle, et communique par la pression l'air au tuyau inférieur: ce dernier tuyau est percé de trous comme une flûte ordinaire, et rend des sons suivant le jeu des doigts ; cet instrument a plutôt des tons criards, nasillards, et peu harmonieux. Quelques auteurs, dont Calmet, croient cependant que le hougab désigne la flûte de Pan, ou chalumeau, composé de roseaux d'inégale longueur. c) Le mashrokhita, Dan. 3, 5., serait d'àprès Winer la flûte de Pan : les bergers de l'Orient s'en servent de nos jours encore, comme ceux de la Suisse et de l'Italie ; c'est le mot que nos versions ont traduit par clairon, d) Hhalil ou nehhil, Ps. 5,1. etc. On est généralement d'accord à penser qu'il s'agit ici de la flûte. Cet instrument qui servait à célébrer la joie comme le deuil, 1 Rois 1, 40. Es. 5,

12. 30, 29. Matlh. 9, 23., était fait de diverses matières ; il y en avait de roseaux, de bois, de corne, et d'os, et l'on en comptait chez les Israélites, comme chez les Grecs et les itomains, différentes espèces, suivant le nombre de trous qu'elles portaient; elles étaient loin toutefois de pouvoir être mises en comparaison avec nos flûtes modernes, si compliquées et si parfaites, e) La hhatsotserah, que nos versions ont traduit par trompette, Nomb. 10, 2. cf. 31,0.2 Rois 11, 14. 12,

13. Os. 5, 8. Moïse avait ordonné que deux de ces instruments, d'argent massif, fussent employés au service du tabernacle, pour convoquer les chefs ou le peuple, et pour annoncer le moment du départ. La forme de ces trompettes, telles du moins qu'elles existaient dans le se-cond temple, a été conservée avec celle de tous les vases du sanctuaire, sur l'arc de triomphe de Titus : elle rappelle singulièrement celle des Alpenhœrner : c'est une espèce de long tube qui va en s'évasant vers son extrémité inférieure, et qui paraît avoir dû rendre un son éclatant, mais un seul : aussi Moïse, en marquant les divers signaux qui devaient être donnés par ces trompettes, n'indique pas qu'elles fussent susceptibles d'aucune modulation : leur usage devait être celui des cloches; suivant que l'on sonnait une ou deux fois, suivant que les trompettes sonnaient ensemble ou séparément, l'assemblée devait être avertie, soit de se réunir, soit de prier, soit de partir, f) Le sho-phar, traduit par trompette, Lév. 25, 9. Job 39, 28., par cor, Jér. 4, 5. 6, 1. Ez. 33,6. Es. 58, I.Ex. 19, 16. 19. Os. 5,8. Jos. 6, 4., peut en effet se traduire des deux manières, en réservant l'incertitude où l'on est sur sa signification véritable. On s'en servait pour annoncer l'année du jubilé ; on s'en servait à la guerre, les sentinelles et les gardes s'en servaient pour donner des signaux. Le shophar avait un son fort étendu, auquel Moïse compare le son du tonnerre, lors de la promulgation de la loi sur le Sinaï. Ce qu'il est permis de supposer sur la forme de cet instrument d'après ce qui est dit Jos. 6, 4., c'est que c'était peut-être une corne d'animal, comme les patres des Alpes s'en servent souvent encore, ou bien que c'était un instrument qui affectait cette forme, et qui par conséquent ne pouvait, non plus que le précédent, donner qu'un seul son, mais clair et bruyant. C'est apparemment le même mot qui se rend en caldéen par kharna, Dan. 3, 5. et que Martin a traduit par cor. g) Le susan ou sosannim-hédulh, Ps. 45, 60, 69, et 80. Heidegger en fait un instrument à (six) cordes : c'était plutôt un instrument à vent, semblable à notre trompette ou à la clarinette ; son nom de susan (lys) fait croire qu'il avait quelque ressemblance avec cette fleur. Susan héduth signifierait la trompette du témoignage, ou la trompette destinée aux chants (lyriques).

3° Instruments à cordes. Leur nom général était neguinoth. a) Kinnor et 6) Nebel, v. Harpe. C'était probablement une espèce de lyre ou de guitare plus ou moins grande, c) Le sabeka, Dan. 3, 5., traduit saquebute; instrument triangulaire semblable à la harpe, avec quatre cordes ou même davantage, qui se pinçaient avec les doigts et rendaient des sons aigus; les bayadères de l'Orient voyageaient avec la saquebute, et Tite-Live, 39, 6., raconte qu'il en vint jusqu'à Rome (psaltrise sambuçistriaeque). d) Le psanther, Dan. 3, 5., traduit psaltérion, était également une espèce de harpe, mais d'une forme qu'on ne peut déterminer, e) Le kithros, Dan. 3, 5., v. Harpe.

Les Hébreux connaissaient-ils une manière quelconque de noter la musique ? C'est fort peu probable ; la simplicité de leur musique non composée ne leur faisait pas sentir le besoin de compositions écrites, et la supposition que les accents ou la ponctuatiou des Psaumes servaient en même temps de notes, est dénuée de fondement ; les accents ne remontent pas aux beaux jours de l'antiquité israélitique, et même si cela était, ils n'auraient pu fournir qu'une notation très incomplète. L'Occident n'a connu les notes de musique qu'au onzième siècle, et l'Orient moderne ne fait pas remonter les siennes au-delà du dix-septième. Qu'il y ait eu quelques expressions destinées à indiquer soit la mesure, soit des changements de ton, c'est possible, mais il ne faut pas en demander davantage. ». les articles Psaumes, Sélah, Séminith, Hala-molh, Guittith, etc. — Quant au chant des psaumee, il ne faut pas le juger par la monotone et souvent nasillarde eantii-lation qu'on entend dans les synagogues modernes; ce devait être un chant proprement dit, c'est-dire de la musique; mais si l'on se rappelle que le chant des Grecs même n'a pu être encore déterminé, on comprendra que pour celui des Juifs il ne soit guère possible non plus de

Mvutre chose que des généralités. MIRA, ville maritime de la Lycie, Act 27, 5.; elle était située, d'après Strabon, 3 Mvm'IIeS de 'a mer' sur une col,ine-MYRRHE, parfum végétal qui découle en gomme d'un arbrisseau commun en Arabie. On la mélangeait quelquefois à a autres parfums, surtout pour le service du sanctuaire, Ex. 30, 23. Cant. 3, 6; ou bien on l'employait pour parfumer les vêtements, et les lits, pour embaumer les morts, et pour oindre les personnes qu'on aimait ou qu'on honorait, Est. 2, 12. Ps. 45, 9. Prov. 7,17. Jean 19, 39. Cant. 5, o. Un peut conclure de Mat 2,11., que la myrrhe ne croissait pas naturellement en Palestine, quoiqu'elle ait pu être cultivée dans quelques jardins et sur quelques coteaux, Cant. 4, 6. Dans tous ces passages”est question de cette myrrhe si recherchée de l'ancien monde, qui a été vantée par Pline (13, 2. 21, 18.), par Dioscoride (1,73.), par Athénée(3,101.), parEuripide (Troad. 1064.), et par tant d'autres. Al'état liquide ou à l'état solide, gomme ou huile, elle était l'ingrédient principal dont on composait les encens ou les parfums les plus précieux ; on la mêlait aussi au vin, non pour le rendre plus fort, mais pour lui donner un goût plus fin, quelque chose de plus recherché (comme on fait infuser de l'angéliquedansdel'eau-de-vie); peut-être aussi ce mélange communiquait-il au vin une vertu étourdissante, et l'employait-on à cause de cela pour amortir chez les suppliciés le sentiment trop vif de la douleur, Marc 15, 23. —La myrrhe découlait, soit naturellement, soit par des incisions artificielles, de l'écorce d'un arbre ou arbrisseau de l'Arabie et de l'Ethiopie, que les anciens, qui ne ne le connaissaient que par ouï-dire, n'ont pas décrit d'une manière exacte et suffisante. Les naturalistes modernes eux-mêmes n'ont, pendant longtemps, pu déterminer non plus d'une manière précise l'arbre de la myrrhe, et l'on s'est contenté de voir et d'apprécier dans le commerce ces morceaux te parfum, durs, opaques, en forme de larmes, que les marchands orientaux venaient échanger contre nos produits. Ehrenberg, en 1829, est le premier qui ait décrit l'arbre auquel on donne maintenant le nom de balsamodendron myr-rha ; l'écorce en est unie et d'une couleur gris cendré, le bois est d'un jaune blanchâtre, les feuilles fort nombreuses reposent soit isolées, soit réunies en fais-ceaux, sur des pétioles courts et unis; elles se composent de trois folioles ovées d'inégale grandeur ; les fruits reposent également sur des pétioles; ils sont ovés et se terminent en pointe, leur peau est brune. La résine d'abord huileuse, puis de la consistance du beurre, est d'un blanc jaunâtre ; elle passe ensuite au jaune doré et devient rougeâtre en se durcissant. 11 est probable que d'autres arbrisseaux donnent cependant aussi de la myrrhe, et Belon dit avoir trouvé en Palestine près de Rama, un buisson qui distillait cet encens. — Ce qui est appelé de la myrrhe franche, Ex. 30, 23. Cant. 5, 5., ou plutôt de la myrrhe libre, c'est celle qui coule d'elle-même et sans incisions, c'est l'essence de la résine de l'arbre; elle est encore connue et recherchée de nos jours sous le nom de myrrha electa.

MYRTE, arbuste de l'Asie qui s'élève quelquefois à une hauteur de 6 à 7 mètres. Il a l'écorce rougeâtre, des rameaux forts et flexibles, des feuilles unies, ovées et toujours vertes; des fleurs blanches, tirant parfois sur le rouge, et entourées

d'un calice à trois sépales. Elles apparaissent au mois de mai, et donnent naissance à des baies ovales, pleines de pépins blancs et d'un goût très fort; ces baies deviennent noires en mûrissant. Les feuilles, comme les fleurs, répandent une odeur agréable ( Virg., Egl. 2, 34.), et ont un goût épicé avec une vertu légèrement astringente. Le myrte choisit de préférence les vallées et le bord des ruisseaux (amantes littora myrti, dit Virgile), cf. Zach. 1,8. Virg., Géorg. 4, 124. On en trouve cependant aussi sur les hauteurs, Néh. 8, 15. Plin. 16, 30. Les anciens faisaient du myrte un des plus beaux ornements de leurs jardins, soit à cause de son feuillage toujours vert, soit à cause de son parfum ; ils en connaissaient et en cultivaient plusieurs espèces. Le myrte d'Egypte passait pour le plus odoriférant. Dans toutes les solennités, dans toutes les fêtes publiques ou domestiques, on ne manquait jamais de décorer les maisons et les appartements avec des branches de myrte; des couronnes étaient tressées pour ceindre la chevelure des jeunes gens et des jeunes filles, et le front chauve des vieillards, Plin. 18, 36. Théophr. Plant. 4, 6. Les Hébreux ont aussi cultivé le myrte, comme on peut le conclure de Es. 41,19.35,13. Cependant, il est possible aussi qu'ils n'aient connu cet arbuste que dans son état sauvage, le mvrtus sylvestris.

MYSIE, Act 16, 7., province de l'Asie Mineure, voisine de la Bithynie, au nord de la ïroade. Lors du voyage de Paul, ce district appartenait tout entier à la province romaine de l'Asie, cf., et le nom de Mysie ne servait plus que comme ancienne dénomination, facile à comprendre et d'un usage commode, comme celui des anciennes divisions, de même qu'en France on se sert encore plus volontiers de la division par provinces que de celle par départements. On disait la Mysie comme on dit le Languedoc, la Bourgogne; mais les géographes étaient d'autant plus embarrassés pour donner des limites exactes à ce district, que les Mysiens et les Phrygiens avaient maintes fois, par suite de diverses circonstances, occupé une portion du territoire les uns des autres. La Mysie était, en tout cas, un petit district ; sous les empereurs, il touchait à l'HelIespont et à la Propontide, et comprenait les embouchures de l'Mso-pus et du Granique. On comptait peut-être encore dans l'origine, comme appartenant à la Mysie, le district occidental qui longeait la mer Egée jusqu'au fleuve Caïcus, et qui prit le nom d'jEoli-de depuis que les ./Eoliens s'en furent emparés, ?. Strabon 12, 564. ?